Une entente fédérale nouvellement rendue publique permet d'apprendre que l'agence canadienne d'espionnage a reçu le feu vert afin de rencontrer tout Canadien détenu à l'étranger avant que ne le fassent des responsables consulaires quand entrent en ligne de compte d'«urgentes considérations relatives à la sécurité nationale ou au terrorisme».

Le texte de l'entente, obtenu par La Presse Canadienne en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information, suggère également que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) intervienne et approche les autorités étrangères lorsqu'un gouvernement refuse à Ottawa un accès diplomatique à un détenu.

Le protocole d'entente de trois pages entre le SCRS et le ministère fédéral des Affaires étrangères, signé au début du mois de novembre dernier, vise à tenir compte des recommandations formulées au terme de l'enquête sur l'affaire Maher Arar, un ingénieur d'Ottawa ayant été torturé dans une prison syrienne après avoir été soupçonné à tort de liens avec les milieux terroristes.

Cette entente est rendue publique en plein coeur de la controverse entourant l'interrogatoire par le SCRS du Canadien Omar Khadr, alors qu'il était adolescent, détenu par les autorités américaines à la prison de Guantanamo, à Cuba. Une bande vidéo permet de voir un jeune homme terrifié, en pleurs, appelant sa mère.

Certains observateurs ont estimé mercredi que ce protocole pourrait ouvrir la porte à d'autres abus.

«Je ne crois pas que quelqu'un puisse sérieusement accepter avec confiance que (les gens du) SCRS soient ceux qui vont déterminer s'il y a ou non des preuves tangibles de torture», a affirmé Lorne Waldman, qui a fait partie de l'équipe d'avocats de M. Arar.

«En raison du passé, j'aurais tendance à croire que lorsque l'enquête est d'un fort intérêt à leurs yeux, ils vont procéder et ignorer ses implications en ce qui a trait aux droits de la personne. Et ils justifient cela au nom de la sécurité nationale», a-t-il ajouté.