Les paysages de la Nouvelle-Zélande sont parmi les plus spectaculaires de la planète. Pas étonnant que des dizaines de films y soient tournés chaque année, dont certains sont devenus cultes, à l’instar du Seigneur des anneaux. Aujourd’hui, des milliers de touristes cinéphiles visitent avec enthousiasme les hauts lieux du cinéma dans l’archipel. Aperçu de ce qu’on peut y voir…

Petite journée ordinaire à Hobbiton, le lieu de tournage le plus célèbre de la Nouvelle-Zélande.

Toutes les 10 minutes, un autocar plein à craquer traverse les champs pour mener les visiteurs aux portes cachées de la Comté, le village des Hobbits. Sur place, l’œil chagrin n’y verrait que de rondes portes colorées au milieu des arbres. Mais quiconque a vu les films du Seigneur des anneaux se retrouve illico transporté aux pays de Bilbon, Frodon et Sam.

PHOTO STÉPHANIE MORIN, LA PRESSE

Des touristes prennent la pose dans la Comté, village de Hobbits dans Le Seigneur des anneaux

Le lieu est enchanteur, il faut l’avouer ; chaque détail a été étudié, jusqu’à la fumée qui sort des cheminées. La magie du cinéma devient réalité pour les milliers de visiteurs, appareils photo en main, qui passent chaque année par ce site situé… au milieu de nulle part.

« Le Seigneur des anneaux nous a mis sur la carte. Avant, personne ne savait qu’on existait ! »

Guide touristique, Jono Hitchcox est catégorique : la trilogie de Peter Jackson a changé de façon draconienne l’image que le reste du monde avait de la Nouvelle-Zélande.

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Bienvenue au pays de Bilbon, Frodon et Sam...

Difficile de le contredire. Depuis 2001, année de sortie du premier volet du Seigneur des anneauxLa communauté de l’anneau, le nombre de touristes qui sont passés par l’archipel a explosé de façon exponentielle. Dans le lot, beaucoup sont des cinéphiles désireux de poser le pied en la « Terre du Milieu ». À preuve les attractions touristiques qui touchent de près ou de loin à l’univers de l’auteur J.R.R. Tolkien sont encore archipopulaires, même si les films ont été tournés il y a plus de deux décennies.

« L’attraction principale de la Nouvelle-Zélande a toujours été la beauté des paysages, et les films de Sir Peter Jackson ont présenté ces paysages à une échelle jamais vue auparavant. Il a montré tout ce que le pays avait à offrir. Toutefois, d’autres raisons expliquent la hausse du nombre de touristes, comme l’ajout de nouvelles liaisons aériennes et la diminution des coûts de l’essence », explique Rebecca Ingram, qui a travaillé de nombreuses années auprès de l’office de tourisme du pays et occupe aujourd’hui le poste de directrice générale aux relations gouvernementales de la Nouvelle-Zélande.

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La beauté des paysages de la Nouvelle-Zélande attire producteurs et réalisateurs depuis de nombreuses années.

Même l’aventure du Hobbit — qui a pourtant reçu un accueil mitigé à la sortie des trois volets, entre 2012 et 2014 — continue d’exercer un pouvoir d’attraction sur les touristes.

Dans un sondage fait en juillet dernier auprès de visiteurs étrangers, 19 % des répondants ont affirmé que le film Le Hobbit constituait l’une des raisons de leur voyage en Nouvelle-Zélande. Et 9 % ont répondu que le film était l’une des raisons principales de leur visite.

Rebecca Ingram, DG aux relations gouvernementales de la Nouvelle-Zélande

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Les lieux de tournage, même ceux qui semblent les plus reculés, se trouvent généralement à proximité des grandes villes.

Mieux encore, l’industrie cinématographique néo-zélandaise a le vent dans les voiles et, chaque année, maints réalisateurs de renom viennent y tourner une ou plusieurs scènes. Avec les films qui se multiplient, les voyageurs férus du septième art ont sans cesse de nouveaux lieux de tournages à visiter…

« Les films du Seigneur des anneaux et du Hobbit ont montré la crédibilité et la créativité des équipes de tournage ou de postproduction néo-zélandaises. Aujourd’hui, l’industrie cinématographique se porte très bien, pour les productions tant internationales que locales », indique Catherine Bates, responsable des tournages internationaux à la Commission du cinéma de la Nouvelle-Zélande.

« L’un de nos avantages reste la petite taille du pays. Les sites de tournage sont très accessibles et souvent peu éloignés. Beaucoup sont d’ailleurs concentrés autour de Queenstown, tandis que le travail de préproduction et de postproduction se fait surtout à Wellington. »

Ce n’est pas pour rien que la capitale du pays a reçu un nouveau surnom : la Hollywood du Sud…

Quatre activités pour cinéphiles

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Où se dressaient jadis de simples pâturages se trouve aujourd’hui l’un des sites touristiques les plus visités 
de Nouvelle-Zélande.

Hobbiton

De tous les décors de tournage du Seigneur des anneaux et du Hobbit, seule la Comté (The Shire) est toujours debout. Les portes colorées des trous de hobbit, les jardins, les allées verdoyantes, tout y est. Les arbres sont en fleurs ou chargés de fruits, le potager croule sous les (vrais) légumes, les (faux) vêtements sèchent sur des cordes à linge. Chaque jour, des centaines de personnes font la file pour participer aux visites guidées de ce décor ravissant et y prendre des trillions de photos.

Il faut pour cela remercier la famille Alexander, qui élevait son bétail sur un terrain vallonné près de Matamata, dans l’île du Nord, quand Peter Jackson a cogné à sa porte. C’est ici qu’il avait déniché toute la quiétude et la verdure nécessaires pour planter sa Comté.

Pour le tournage de films du Seigneur des anneaux, le décor a été construit de matériaux temporaires, comme de la mousse de polystyrène. Il n’a pas duré longtemps. Si bien que quand est venu le temps de tourner la trilogie du Hobbit, en 2011, la famille a convaincu la production d’utiliser des matériaux plus résistants. Résultat : Hobbiton est aujourd’hui encore l’une des attractions touristiques les plus visitées du pays.

Consultez le site de Hobbiton (en anglais)

Les studios Weta

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Les visiteurs aux studios Weta sont accueillis par un personnage peu amène : un troll des cavernes. 

Man of Steel, King Kong, Avatar, The Last Samourai, la série The Chronicles of Narnia… Situés en banlieue de Wellington, les studios Weta ont travaillé (et travaillent toujours) sur quantité de films à grand déploiement, notamment pour la fabrication d’accessoires et de costumes.

Une petite partie des studios peut se visiter, mais seulement en compagnie d’un guide. Maints visiteurs viennent ici pour voir de près des accessoires du tournage des films du Seigneur des anneaux et du Hobbit : des épées, des casques, des haches qu’on croirait en métal, mais qui sont en réalité conçus pour la plupart en plastique. Ces armes sont fabriquées à différentes échelles, pour sembler immenses dans la main d’un hobbit, comme Bilbon, ou toutes menues dans celles de Gandalf, explique le guide Jericho Rock-Archer.

La deuxième partie du tour s’attarde sur un projet plus récent de Weta : le tournage d’une série inspirée de Thunderbirds (Les sentinelles de l’air dans leur version québécoise), ces marionnettes créées en Angleterre en 1965 et qui sauvaient la planète à chaque épisode… Dans l’immense studio de Thunderbirds Are Go, c’est le génie de la modélisation qui est mis en valeur. Les techniciens de Weta ont conçu des décors miniatures de chaque plateau de tournage, à partir du matériel le plus usuel : éponges de cuisine, lecteur CD, pressoir à jus ou balle de ping-pong se transforment sous leurs mains en vaisseaux volants, en tour de contrôle, en édifices ultrasecrets… Ingénieux. Et spectaculaire.

Consultez le site de Weta (en anglais)

Visite guidée près de Queenstown

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C’est dans cette vallée que se dressait — virtuellement s’entend — Isengard, la tour du magicien Saruman dans Le Seigneur des anneaux

La ville de Queenstown, dans l’île du Sud, est reconnue pour son offre d’activités à haut indice d’adrénaline : parapente, bungee, canyoning… Les cinéphiles ne sont pas en reste pour autant, puisque les environs ont servi au tournage de nombreux films. Moult entreprises offrent des visites guidées pour accéder à ces lieux de tournage souvent cachés.

C’est le cas de Nomad Safaris, qui propose deux visites différentes qui permettent de pénétrer dans des décors familiers, du moins pour ceux qui ont vu les deux trilogies de Peter Jackson, mais aussi les films X-Men Origins : Wolverine, Vertical Limit, Willow… C’est le cas notamment du massif montagneux des Remarkables, qui ceinture Queenstown.

« Peter Jackson a utilisé une vingtaine de fois les Remarkables dans Le Seigneur des anneaux, notamment pour tourner la scène de l’attaque des ouargues, celle où Aragorn est projeté en bas d’une falaise. Les ouargues ont été faits par ordinateur, mais il a utilisé des chevaux bien réels, qui devaient faire une vraie chorégraphie », raconte notre guide Jono Hitchcox. « Dans X-Men Origins : Wolverine, le réalisateur Gavin Hood a transformé les Remarkables en Rocheuses canadiennes… Dans Mission : Impossible — Fallout, le massif représentait plutôt les montagnes du Pakistan. »

Pendant les 4 heures 15 minutes que durera la visite, le guide multipliera les anecdotes. À chaque lieu de tournage, il sortira de sa poche des photos de la scène telle que vue sur grand écran. Ici, Sam et Fredo ont fait face aux oliphants. Là se dressait Isengard. Plus loin, Boromir a rendu son dernier souffle, face au guerrier Uruk-hai Lurtz, « un géant maori, dont on voyait les vrais muscles à travers le costume ». Pour l’œil non averti, il s’agit simplement d’une clairière, d’une rivière, d’une forêt. Mais pour l’amateur de cinéma, ce sont des lieux chargés d’histoires, théâtre de scènes devenues mythiques…

Consultez le site de Nomad Safaris (en anglais)

Peter Jackson au musée

PHOTO MICHAEL HALL, FOURNIE PAR LE TE PAPA MUSEUM

L’exposition sur la bataille de Gallipoli, au musée Te Papa de Wellington, réunit plusieurs sculptures monumentales.

Peter Jackson est un fana d’histoire en général, et de la Première Guerre mondiale en particulier. Pour le musée national de la Nouvelle-Zélande, le Te Papa Tongarewa, il a conçu des statues géantes d’hommes et de femmes ayant participé à la bataille de Gallipoli, en Turquie, en 1915 et 1916. Près de 2700 Néo-Zélandais y ont perdu la vie, et Jackson a souhaité rendre hommage à ces hommes et à ces femmes en créant des personnages deux fois et demie plus grands que la taille humaine.

Le résultat est saisissant et très émouvant. Le souci du détail est tel qu’on croirait ces statues animées. Poils de barbe (qui sont en vérité des poils de yak), cheveux véritables, gouttes de sueur synthétique qui perlent sur des sourcils froncés. Plus de 24 000 heures de travail minutieux ont été requises pour faire naître ces géants, exposés à Te Papa jusqu’en avril 2022.

De quoi faire saliver en attendant que naisse, toujours à Wellington, le projet de musée du cinéma que Peter Jackson caresse depuis des années. Les obstacles ne cessent de se dresser devant le réalisateur, mais ce dernier espère toujours trouver un écrin pour exposer tous les décors, accessoires et costumes qui dorment à l’heure actuelle dans des entrepôts. Un dossier à suivre…

Consultez le site du Te Papa (en anglais)

Les frais de ce voyage ont été payés par l’Office du tourisme de la Nouvelle-Zélande, qui n’a eu aucun droit de regard sur le contenu du reportage.