Des sangles aux cuisses. Un harnais qui m’étreint la poitrine. Et sous mes pieds, un gouffre vertigineux vers lequel je dois me pencher jusqu’à me retrouver suspendue dans le vide.

« 5, 4, 3… » Mon pouls s’accélère.

« 2, 1, 0… » C’est parti. Le mécanisme qui me retenait se déclenche d’un coup sec.

Mon corps est propulsé vers l’avant à une vitesse folle sur une distance de 150 m. J’atteins le 100 km/h en 1,5 seconde. Je ne vois rien ; la force d’accélération frôle le 3G. Puis boom ! C’est la chute au bout de l’élastique qui s’étire et se rétracte, balançant mon corps comme un vulgaire fétu de paille pendant qu’autour, les montagnes tourbillonnent dans mon esprit pour le moins secoué. Et tandis qu’on me remonte doucement vers la plateforme d’où j’ai plongé, mon rire nerveux se fait entendre dans toute la vallée de Nevis…

Bienvenue dans la catapulte humaine, la nouvelle attraction pour amateurs de sensations fortes à Queenstown.

Paradis du sport extrême

Cette ville de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande est reconnue dans le monde entier comme le paradis du sport extrême : rafting, canyoning, deltaplane, motomarine… C’est aussi ici qu’en 1985, des accros à l’adrénaline ont imaginé une nouvelle façon de s’amuser : en se lançant dans le vide, un élastique accroché aux chevilles. Ils sont même allés tester leur trouvaille dans les hauteurs de la tour Eiffel, à Paris, ce qui a valu à l’un d’entre eux, AJ Hackett, un court séjour en prison…

Le bungee ou saut à l’élastique était né ! Pendant des années, des sites pour la pratique de l’activité ont essaimé aux quatre coins du monde.

Trente ans plus tard, l’engouement mondial pour le bungee n’est plus ce qu’il était, mais à Queenstown, l’activité reste immensément populaire.

Les touristes font littéralement la file pour pouvoir sauter du pont de la gorge de Kawarau – un saut de 43 m sur le lieu même où ont eu lieu, en 1988, les premiers sauts commerciaux de bungee au monde – ou encore depuis la plateforme de la vallée de Nevis, où la descente en chute libre se prolonge sur 134 m.

La demande est si forte qu’une entreprise, fondée par AJ Hackett lui-même, rivalise d’ingéniosité pour trouver de nouvelles activités à offrir. Au fil des années, on a ajouté une tyrolienne, puis une balançoire géante (appelée The Swing) pour des sauts en tandem. L’an dernier, la catapulte humaine s’est ajoutée…

Des années de recherche

Selon l’entreprise AJ Hackett Bungy, il a fallu des années de recherche pour arriver à la création de cette catapulte géante, la plus grande du genre au monde. Le système de treuil qui sert de mécanisme de lancée a été créé de toutes pièces par l’entreprise. Pendant neuf mois, des tests ont été menés avec des barils lestés, puis des mannequins, avant qu’un humain (on ignore qui s’est porté volontaire…) se fasse catapulter de part et d’autre de la vallée.

Selon les employés qui manœuvrent la catapulte (et qui connaissent bien les produits offerts par AJ Hackett), le bungee et la balançoire géante restent plus effrayants que la catapulte. 

La vitesse de propulsion de la catapulte y est sans doute pour quelque chose : on manque de temps pour avoir peur…

N’empêche, c’est les jambes un peu molles que j’ai retrouvé le solide plancher de la plateforme de départ. Le saut lui-même a peut-être duré en tout et pour tout cinq minutes, mais il m’a fallu plus de temps encore pour retrouver une pulsation cardiaque normale !

L’entreprise AJ Hackett propose ses sauts en catapulte dans la vallée de Nevis, accessible uniquement par navette à quatre roues motrices. On comprend pourquoi les voitures sont interdites en voyant l’étroite route de gravier qui grimpe sans garde-fou à flanc de montagne… Les départs se font des bureaux de l’entreprise, au cœur de Queenstown. Une dizaine de départs sont offerts chaque jour. L’âge minimum est de 13 ans.

Le prix pour un saut de catapulte est d’environ 230 $CAN par adulte. L’entreprise offre parfois de forts rabais directement à ses bureaux de Queenstown. Le jour de notre passage, le prix était réduit à 75 $ néo-zélandais, soit environ 66 $CAN.

https://www.ajhackett.com/ (en anglais)