«Peux-tu me donner quelque chose pour que je me souvienne de toi?» me demande une fillette de 12 ans en me glissant au poignet son bracelet. Depuis qu'elle m'a abordée en me demandant mon nom, ses questions se bousculent. «As-tu des soeurs? Puis-je toucher tes cheveux? Est-ce que tu sais danser?»

Nous sommes dans l'archipel des Tuamotu, le plus grand archipel de la Polynésie française. Il comprend 76 atolls de tailles et de formes différentes, égrenés au milieu de l'océan Pacifique.

À la différence d'une île, l'atoll est une étroite bande de sol corallien émergeant de l'océan, une sorte de ruban autour d'un lagon. À quelques pieds seulement au-dessus du niveau de la mer, le sol est plat, sans aucun relief ni faune terrestre, et sa végétation est principalement constituée de cocotiers. C'est une situation très vulnérable, car en cas de cyclone ou de grandes marées, il n'y a absolument aucun endroit où se réfugier.

D'origine polynésienne, les Paumotu ont créé une culture bien à eux. Dans l'archipel, on parle une dizaine de dialectes, en plus du tahitien et du français qui permettent à tous de communiquer entre eux.

La création de la perle noire de Tahiti, vers la fin des années 50, a bien failli sortir les Tuamotu de leur isolement. La première ferme perlière de la Polynésie française a vu le jour dans l'atoll de Manihi, qui a connu ensuite une véritable ruée vers la perle. Une vingtaine d'années plus tard, pas moins de 60 fermes profitaient de la qualité exceptionnelle des eaux du lagon pour la perliculture. Hélas, depuis les années 2000, la surproduction a entraîné le déclin de cette industrie. Il ne reste plus qu'une dizaine de petites fermes familiales qui ont du mal à écouler leur production. Notons toutefois que la perle noire est toujours aussi chère pour les touristes.

J'ai passé trois jours dans l'atoll de Manihi (600 habitants), où a été construit un hôtel de luxe qui accueille principalement des plongeurs venus du monde entier. Les connaisseurs comparent la richesse de la faune marine des environs à celle de la mer Rouge. Au Manihi Pearl Beach Resort, on rencontre également quelques voyageurs à la recherche du dépaysement total. C'est exactement ce que je cherchais. Et je l'ai trouvé.

Le transport entre la piste d'atterrissage et l'hôtel (3km) est assuré par des voiturettes électriques sur une route déserte. Dans mon bungalow sur pilotis, j'ai passé une partie de la soirée à observer les poissons à travers la table en verre destinée à cette contemplation. Je me suis ensuite allongée sur la terrasse pour regarder le ciel étoilé. De toute ma vie, je n'avais jamais vu autant d'étoiles.

Le lendemain matin, je suis montée avec quelques autres touristes dans un bateau qui nous a amenés à une ferme perlière. Jean-Claude, le directeur, nous a accueillis sur le quai pour nous faire partager sa passion. Une visite d'autant plus intéressante qu'il n'avait absolument rien à vendre. Pendant plus de deux heures, il nous a expliqué, démonstration à l'appui, toutes les étapes de production d'une perle.

Vers 11h30, tous les jours, le bateau de l'hôtel mène employés et touristes qui le désirent au village de Paeua, de l'autre côté du lagon. On m'avait prévenue qu'il n'avait rien à y voir, mais ma curiosité m'a poussée à y aller. Il suffit de cinq minutes pour visiter le village: un bureau de poste, une infirmerie, un magasin général, une boulangerie, une école et cinq églises de confessions différentes, qui cohabitent en toute harmonie. Quand une fête ou une activité spéciale est organisée dans une église, c'est toute la communauté qui s'y rassemble, indépendamment des croyances de chacun.

Pendant l'après-midi, entre une séance d'observation des poissons et une autre de contemplation des magnifiques couleurs du lagon, j'ai reçu un massage aux perles noires, spécialité du Manea Spa de l'hôtel. Les perles roulées délicatement sur le corps procurent une profonde relaxation tout en donnant beaucoup d'énergie.

Après deux jours, c'est à regret que j'ai quitté les Tuamotu. Mais cette sensation d'être un grain de sable entre mer et océan ne me quitte plus.

Les frais de ce séjour ont été payés par Tahiti Tourisme. Transport assuré par Air Tahiti.