Louis Maltais vient de terminer son baccalauréat en pratique sage-femme, à l'Université du Québec à Trois-Rivières. Après quatre ans d'études, plus de 2200 heures de stage non rémunéré et après avoir participé à une centaine d'accouchements, il pratique comme sage-femme depuis le printemps dernier. Premier homme au Québec à avoir ce titre, il ne veut absolument pas changer cette appellation pour celle de sage-homme.

Dans son documentaire Un homme sage-femme, la réalisatrice et cinéaste Martine Asselin suit Louis Maltais, 31 ans, au fil de sa formation. On le voit passer par toute la gamme des émotions, du doute à la peur, du stress à la confiance. Mais toujours avec la même passion. «C'est un travail qui nous amène à vivre des choses incroyables, on travaille avec la vie. Chaque situation est grandiose. Il se passe de grandes émotions et c'est notre quotidien», explique-t-il en entrevue.

Ayant toujours eu une affinité avec les femmes, fasciné par les accouchements et proche des valeurs des sages-femmes, il a choisi en partie cette profession à cause de ce quotidien riche en expérience humaine.

Son moment le plus marquant? Le tout premier accouchement auquel il a assisté comme stagiaire. «Je tenais la jambe de la femme pendant qu'elle poussait et à un moment, je lui tenais la main. Je me sentais à ma place. J'en parle et j'ai encore des frissons. Ça fait trois ans et demi. C'était un wow que je ne m'imaginais pas!», lance-t-il.

La dernière scène du film, tournée à Rimouski, est particulièrement émouvante. «Même mon chum pleure chaque fois qu'il la voit. Il y a quelque chose de beau et d'universel», relate la réalisatrice Martine Asselin.

Mieux comprendre les sages-femmes

Si Martine Asselin résume son film comme «l'histoire d'un gars qui suit sa passion, surmonte les difficultés et réussit», on y dresse aussi un portrait des sages-femmes au Québec.

«Ce sont des gens hyper formés, compétents, prêts à réagir en situation d'urgence, c'est une formation hyper sérieuse. Et il serait temps de la réactualiser.»

«Moi-même, ça m'a surprise de voir à quel point c'était encadré, à quel point il y avait beaucoup de règles à suivre, comme les transferts vers les hôpitaux. Et à quel point les sages-femmes sont dévouées, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24», avance Martine Asselin.

Le stage de neuf mois à l'hôpital de Trois-Rivières a été un des moments les plus éprouvants pour Louis. «J'ai trouvé ça dur, mais c'était une expérience très riche. Et j'étais un peu comme un spécimen pour eux», indique-t-il. Les médecins lui posaient d'ailleurs régulièrement des questions. «sont curieux de voir comment on travaille, ils ont leur façon de voir, on a la nôtre. Des fois on s'entend, des fois moins.»

Mais à aucun moment dans le film, la parole n'est donnée à un médecin, que ce soit sur la profession de sage-femme ou sur Louis. «Ce n'était pas le sujet, ç'aurait été un autre sujet. Les deux professions se respectent, mais ne se comprennent pas encore. Je voulais qu'on voie tout le temps le point de vue de Louis», explique la réalisatrice.

Depuis deux semaines, Louis Maltais est installé au Saguenay, d'où il est natif et où sa famille habite. Il travaille avec quatre autres sages-femmes à la maison de naissance de Chicoutimi. «Les besoins en région sont criants», souligne-t-il.

Une réticence envers un homme?

Les femmes enceintes sont-elles réticentes à être suivies par un homme sage-femme? «Il y en a certaines qui ne voudront pas me rencontrer, mais c'est la minorité», confie Louis. Dans ces cas, il n'essaie pas de les convaincre.

«Il y a des femmes qui étaient plus fermées à l'idée au début, mais finalement, ça s'est avéré une expérience extrêmement positive pour elles.»

La réalisatrice et cinéaste Martine Asselin a pu constater que la force de Louis, c'est sa sensibilité. «C'est un professionnel posé qui est à l'écoute, il est dynamique, compétent et il a la flamme dans les yeux. Il est très compréhensif et adore la relation humaine. On m'a dit que dans les accouchements, il va au-devant des demandes. Par exemple, s'il voit que la femme a l'air de greloter, il va lui chercher une couverture avant qu'on le lui demande. Et il n'a pas de jugement, peu importe la personne devant lui.»

Par son parcours, Louis Maltais semble aussi avoir ouvert la porte aux hommes dans la profession. «Une dizaine de gars m'ont contacté pour avoir des informations», dit-il. Un homme qui pratiquait comme sage-femme en France suit actuellement le certificat personnalisé en pratique sage-femme à l'Université du Québec à Trois-Rivières, pour acquérir les compétences de l'exercice de la profession au Québec. S'il termine sa formation, il sera alors le deuxième homme sage-femme du Québec.

Sage-femme ou accompagnante à la naissance?

La sage-femme est une professionnelle de la santé, responsable des soins et services durant la grossesse, l'accouchement et la période postnatale. Si son état de santé le lui permet, une femme enceinte peut donc opter pour un suivi et un accouchement avec une sage-femme au lieu d'un médecin. À ne pas confondre avec une accompagnante à la naissance (ou doula), qui conseille les femmes enceintes et les guide pour une plus grande autonomie durant leur accouchement.

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Une projection aura lieu à la Cinémathèque québécoise le mercredi 7 novembre à 18h30 en présence de la réalisatrice.

http://www.cinematheque.qc.ca/fr/programmation/projections/film/un-homme-sage-femme-nouveaute?pid=29296

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Louis Maltais est le premier homme sage-femme au Québec.