Longtemps réservée aux nageurs, la piscine offre désormais de nombreuses possibilités. La dernière en liste? Un centre d'entraînement aquatique, avec bicyclettes et tapis roulants... dans l'eau! Il existe à peine trois gyms du genre dans le monde: un aux États-Unis, un en Europe et, depuis quelques jours, un autre au Centre sportif de l'Université du Québec à Montréal. La Presse en a fait l'essai.

Après avoir revêtu un maillot de bain et des chaussures antidérapantes, nous entrons dans l'eau froide. Dans la partie peu profonde de la piscine, une dizaine de tapis roulants sans moteur sont disposés en rangée. Des vélos stationnaires en acier inoxydable, d'abord ajustés hors de l'eau, sont immergés tout près. Leur présence détonne à côté des couloirs où s'exécutent quelques nageurs.

Ça y est, le groupe est en place, la période de réchauffement débute. Tout en écoutant les indications de l'entraîneur, nous pédalons doucement en apprivoisant la bête. Nous passons ensuite aux choses sérieuses: une courte séance d'aquaspinning avec sprints et changements de position au son d'une musique énergique. Si les sensations sont semblables à celles sur terrain sec, tout paraît plus facile, surtout mouliner debout en ballerine! Nous n'avons même pas chaud. Force-t-on vraiment?

«Souvent, quand on bouge dans l'eau, on sent moins l'effort et la fatigue. Même si on travaille aussi fort, on n'en a pas l'impression», affirme Andrée Dionne, kinésiologue et responsable des programmes d'entraînement à l'UQAM. Pourquoi? «Pour le même exercice, le coeur bat moins vite dans l'eau (10 battements par minute de moins) et on a moins chaud parce que l'eau refroidit efficacement le corps. L'acide lactique est également éliminé plus rapidement.»

Tapis roulant

Après le vélo, nous foulons le tapis roulant composé de rouleaux à billes. À l'extérieur de l'eau, l'entraîneur nous montre les exercices à faire: des mouvements de ski de fond, du jogging en position arrière et des squats de côté. Les possibilités sont nombreuses. Vous préférez courir? Optez plutôt pour l'aquajogging en eau profonde avec ceinture de flottaison. «Le tapis roulant est davantage utilisé en travail musculaire. On peut renforcer les quadriceps, les ischio-jambiers. C'est idéal pour compléter un programme d'entraînement dans l'eau», dit Andrée Dionne. Mais pas pour remplacer la course.

Après environ 30 minutes, nous laissons les tapis de côté et enfilons des accessoires aux pieds et aux mains qui triplent la résistance de l'eau. Place à la musculation dirigée, c'est la partie d'aquaforme. Et détrompez-vous, même les plus sportifs peuvent y trouver leur compte!

Déjà la fin? Pour clore la séance, nous exécutons quelques positions de tai-chi tout en relaxant. Pas trop longtemps tout de même, car, de retour au calme, la chair de poule s'installe rapidement. Nous quittons la piscine avec une belle sensation de détente et l'impression d'avoir fait le plein d'énergie. Des courbatures et de la fatigue? D'aucune façon.

En plus de l'entraînement aquatique en circuit, l'UQAM offre des séances complètes de tapis roulant (cardio-H2O), d'aquaspinning, d'aquakickboxe, du triathlon aquatique, etc. Les cours s'adressent avant tout à la clientèle de l'UQAM. Mais après la période d'inscription, les places restantes sont ouvertes à la clientèle extérieure. On peut aussi accompagner un abonné et payer 10$ la séance. Information: www.sports.uqam.ca

Aquathérapie

«L'entraînement aquatique est une activité de l'avenir. Il y a de plus en plus de gens âgés et malades qui veulent être actifs. L'eau, c'est la solution idéale. Les nouveaux équipements rendent la piscine accessible à tous. On n'a même pas besoin de se mouiller les cheveux! Des médecins dirigent vers nous des patients qui souffrent de douleur au dos et d'autres qui se remettent d'un remplacement de la hanche. La récupération est accélérée», dit Andrée Dionne. Elle étudie actuellement l'effet de l'entraînement aquatique sur différentes conditions cardiaques. Elle en est à l'analyse des données. «Ça semble montrer qu'il est préférable de s'entraîner lorsque l'eau est au niveau de la poitrine, et que tous en retirent des bénéfices.»

Les bienfaits en bref

«Les bienfaits de bouger dans l'eau sont multiples, indique Mme Dionne. Le coeur bat moins vite pour un travail similaire effectué en terrain sec, car le retour veineux est facilité par la pression hydrostatique et la flottabilité de l'eau. L'eau refroidit le corps, crée un effet de massage, diminue l'oedème, réduit les courbatures et les impacts sur les articulations des membres inférieurs. Pendant et après l'entraînement, la perception de fatigue est diminuée, car la flottabilité réduit les sollicitations musculaires qui agissent sur le système musculosquelettique. Cela permet une plus grande relaxation des muscles gravitationnels et la conservation de l'énergie. Même le temps de récupération de l'exercice est amélioré, car les déchets produits au cours de l'exercice sont éliminés plus rapidement.»

Idéal pour les athètes

Les équipes de basketball, de soccer et de ski alpin des Citadins de l'UQAM s'entraînent depuis peu en piscine. Les blessés comme les autres. «Les recherches démontrent que, dans l'eau, on peut améliorer la puissance musculaire autant que sur terrain sec, et ce, en amoindrissant les risques de blessures. Les capacités cardiovasculaires sont aussi améliorées. C'est donc idéal comme entraînement complémentaire pour les athlètes, indique Andrée Dionne. On le suggère aussi comme repos actif entre deux compétitions rapprochées. En raison du massage de l'eau, les athlètes sont moins courbaturés et plus prêts pour la performance.»