Les personnes âgées sont particulièrement susceptibles de partager de la désinformation (fake news) sur Facebook, selon une nouvelle étude. Ces résultats remettent en cause la pertinence des programmes visant à enseigner aux jeunes à discerner la fiabilité des sources médiatiques.

Vieux et vulnérables

« On met beaucoup l'accent sur l'éducation des jeunes à la détection de la désinformation [fake news] sur les réseaux sociaux, mais notre étude confirme de manière concluante que ce sont plutôt les personnes âgées qui consomment ce type de nouvelles », explique Andrew Guess, politologue à l'Université Princeton, qui est l'auteur principal de l'étude publiée hier dans la revue Science Advances. « Les plus de 65 ans sont sept fois plus susceptibles de relayer de la désinformation sur Facebook que les 18-29 ans. Il faut maintenant voir pourquoi afin de contrer ce phénomène. » Deux hypothèses sont possibles : « Des études ont montré que les personnes âgées sont plus aptes que les jeunes à déterminer la fiabilité d'une source. Il se peut alors que ce soit l'environnement numérique des médias sociaux qui les embrouille et les rend plus susceptibles de croire en une fausse information. Ou alors, il s'agit d'un sous-groupe de personnes âgées qui ont des problèmes cognitifs, plus de lenteur sur le plan de l'évaluation des sources. » L'analyse est basée sur 8,7 millions de réactions à des nouvelles légitimes et à de la désinformation durant les élections de novembre 2016.

Quel impact sur le vote ?

Dans une autre étude publiée il y a un an, M. Guess avait eu des résultats similaires pour ce qui est de la consommation de désinformation sur Facebook : les conservateurs et encore davantage les ultraconservateurs en étaient beaucoup plus friands que les modérés ou les progressistes (liberals). « Ça signifie qu'à tout le moins pour les élections de novembre 2016, il n'y a probablement pas eu d'impact important sur les indécis, explique le politologue de Princeton. Les gens qui lisaient et partageaient les fausses nouvelles votaient généralement républicain de toute façon. Et comme les plus vieux sont plus susceptibles d'aller voter, il n'y a pas non plus d'impact majeur à prévoir sur ce plan, pour faire "sortir le vote". » Il est toutefois possible qu'une sous-population importante dans certaines circonscriptions ait été affectée. « L'automne dernier, on a vu que des pubs anti-Clinton sur les réseaux sociaux ont visé les Afro-Américains pour les décourager d'aller voter, vraisemblablement pour les démocrates, dit M. Guess. Nos données ne permettent pas de voir si tel est le cas. »

Zone grise

Une autre hypothèse pourrait expliquer les résultats de M. Guess : il est possible que les gens âgés très actifs sur les réseaux sociaux consomment également moins de médias traditionnels par méfiance envers les journalistes et les points de vue progressistes ou modérés. « Plus de 80 % des moins de 50 ans aux États-Unis ont un compte Facebook, mais seulement 55 % des plus de 50 ans, dit le politologue du New Jersey. Il faudrait davantage d'études sur le profil des gens du troisième âge qui utilisent ou non les réseaux sociaux. Cela dit, d'une manière générale dans la population, plus une personne utilise un type de médias, plus elle utilise aussi d'autres types de médias. »

8,5 %

Proportion des utilisateurs de Facebook qui ont partagé une fausse nouvelle qu'ils avaient lue

7 fois 

Les personnes ayant plus de 65 ans sont 7 fois plus susceptibles de partager une fausse nouvelle sur Facebook que les personnes de 18-29 ans

7 fois 

Les personnes d'idéologie conservatrice sont 7 fois plus susceptibles de partager une fausse nouvelle sur Facebook que les personnes d'idéologie progressiste (liberal)

9,3 fois 

Les personnes d'idéologie très conservatrice sont 9,3 fois plus susceptibles de partager une fausse nouvelle sur Facebook que les personnes d'idéologie progressiste

Source : Science Advances