Un des pionniers de l'internet, le Britannique Tim Berners-Lee, a critiqué mardi toute volonté du gouvernement britannique de briser l'encryptage des services de messagerie sécurisée dans le but d'arrêter des potentiels terroristes, jugeant que cela pouvait être contre-productif.

«Ce que je sais c'est que si vous essayez d'attraper des terroristes, il est très tentant de demander à pouvoir briser l'encryptage mais si vous faites cela alors devinez quoi, d'autres personnes le pourront aussi et devinez quoi, ils pourraient finir par le faire mieux que vous», a déclaré sur la BBC Tim Berners-Lee, qui a été le premier à développer l'idée d'un réseau mondial connecté, précurseur d'internet.

Après l'attentat de Londres fin mars qui a fait quatre morts, la ministre de l'Intérieur Amber Rudd avait jugé «totalement inacceptable» le fait que des communications entre suspects d'actes de terrorisme puissent échapper aux services de renseignement parce qu'elles sont encryptées.

«Nous devons nous assurer que les entreprises comme WhatsApp - et il y en a beaucoup d'autres comme celle-là - ne fournissent pas de cachette où les terroristes peuvent communiquer entre eux», avait dit la ministre.

Un porte-parole de WhatsApp avait alors assuré que l'entreprise «coopérait avec les autorités dans le cadre de leurs enquêtes».

Tim Berners-Lee a tenu ces propos à la BBC alors qu'il venait de remporter mardi le Prix Turing, souvent vu comme le prix Nobel de l'informatique. Il s'agit d'une récompense qui porte le nom du mathématicien britannique Alan Turing, célèbre pour avoir cassé les codes utilisés par les sous-marins allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est remise avec un prix d'un million de dollars financé par Google.

M. Berners-Lee a également critiqué les velléités de plusieurs pays, au premier rang desquels le Royaume-Uni et les États-Unis, de contraindre les fournisseurs d'accès à internet à espionner les usagers.

«L'idée que tous les fournisseurs d'accès à internet devraient espionner les citoyens et conserver les données pendant six mois est épouvantable», a-t-il dénoncé, craignant également que l'administration Trump et la Commission fédérale des communications (FCC) remettent en cause la neutralité d'internet.

«Si la FCC intervient pour réduire la neutralité d'internet, je vais combattre cela de toutes mes forces», a-t-il promis.

La semaine dernière, le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer a déclaré que Donald Trump travaillait à revoir les règles de neutralité du web mises en place par Barack Obama.