Plusieurs concurrents de Google dans le domaine de la recherche en ligne ont dénoncé jeudi à Bruxelles les propositions du géant d'internet faites à la Commission européenne pour remédier aux accusations d'abus de position dominante à son encontre.

Les remèdes proposés «ne changent pas fondamentalement le fait que Google peut présenter ses résultats de recherche de telle manière que le choix du consommateur est faussé», a souligné Thomas Vinje, porte-parole en Europe de l'organisation FairSearch, qui regroupe une partie des plaignants.

Google se voit reprocher principalement de mettre en avant ses propres services au détriment des autres moteurs de recherche spécialisés, par exemple des comparateurs de prix comme Kelkoo ou des sites spécialisés dans les voyages comme Expedia ou lastminute.com.

Une étude réalisée par des universitaires américains pour le compte de FairSearch auprès de 2500 personnes a montré que même en changeant la présentation de ses pages de recherches, notamment en faisant apparaître ses concurrents dans des fenêtres, Google pouvait influencer le choix du consommateur. Celui-ci souvent ne s'aperçoit pas qu'il clique sur un lien publicitaire, et non sur le résultat d'une recherche algorithmique pure.

Les concurrents de Google lui reprochent en outre de les faire payer pour qu'ils apparaissent bien placés sur les pages de recherche, sous forme d'enchères à son profit et au détriment de leur chiffre d'affaires. Google considère qu'il est normal qu'ils paient à partir du moment où ils apparaissent, en toute connaissance de cause, dans des fenêtres publicitaires.

L'étude, présentée à la presse jeudi par FairSearch, «montre que les propositions de Google sont extraordinairement peu attrayantes», a estimé M. Vinje. «Nous espérons que la Commission va tirer les mêmes conclusions, et c'est ce que nous pensons car les preuves sont là», a-t-il ajouté.

En l'état actuel des propositions de Google, la Commission, gardienne de la concurrence en Europe, devrait «rapidement» passer au stade de la communication des griefs, ce qui ouvrirait la voie à des sanctions financières, selon lui.

Le géant d'internet a réagi dans un communiqué, rappelant que «comme la Commission l'a dit récemment, il s'agit de donner de la visibilité aux sites concurrents, pas de leur garantir un résultat».

L'enquête visant Google a été ouverte en novembre 2010 à la suite de plaintes dont une émanait du portail internet Ciao appartenant à Microsoft, qui s'est lui-même joint à la plainte en 2011.

Google a proposé des remèdes au printemps dernier, mais le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia, partisan d'un accord amiable, lui a demandé de revoir sa copie après des tests très négatifs sur le marché.

Google a proposé de nouveaux remèdes début octobre et un questionnaire a été adressé par la Commission à ses concurrents pour qu'ils donnent leur avis.

Une trentaine d'associations d'éditeurs de presse européens ont fait part mi-novembre de leur mécontentement face aux solutions proposées, qui «ne font que réduire encore plus la concurrence», selon elles.