Les comparateurs de prix sur internet sont devenus incontournables, et pourtant ils manquent singulièrement de transparence, selon des professionnels réunis mardi par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

Comment sont rémunérés ces comparateurs? Quels sont leurs liens avec les entreprises dont ils évaluent les produits et les offres?

À ces questions, les consommateurs n'ont pas souvent de réponse claire, ont déploré les professionnels.

Pourtant, 30 millions de Français ont acheté sur internet en 2011 selon l'Autorité de la concurrence et l'offre s'est élargie: des biens de consommation simple du type billet d'avion aux produits complexes, comme les assurances ou les produits bancaires.

Dans ces conditions, «les comparateurs de prix sont devenus des acteurs du marché à part entière», a commenté Nathalie Homobono, directrice de la DGCCRF.

L'importance du secteur est d'ailleurs reconnue par les entreprises, puisqu'il est ainsi estimé par l'Autorité de la concurrence qu'entre 10 à 15% des dépenses marketing des sites marchands sont consacrées aux opérateurs.

Mais des questions se posent sur leur fonctionnement, souvent méconnu des consommateurs.

«Les comparateurs sont-ils rémunérés au clic ou à l'achat? Le mode de rémunération va modifier leur comportement», précise Laurent Flochel, analyste pour Charles River associates.

«Une plus grande transparence sur ce sujet serait bénéfique pour le consommateur».

Lorsque des comparateurs ont des partenariats avec les opérateurs et qu'ils ne proposent que les offres de leurs partenaires, «l'information du consommateur peut être biaisée», affirme-t-il.

«Ne pas sacrifier l'essentiel»

Autre risque évoqué, la tendance des assureurs à présenter des offres à bas prix pour se placer parmi les meilleures offres affichées par les moteurs de recherche des comparateurs.

«Il y a le risque de chercher un prix au détriment de la qualité. Or il faut faire attention à ne pas sacrifier l'essentiel», prévient ainsi Maxime Chipoy, chargé de mission banque-assurance pour l'UFC-Que Choisir.

Pour la DGCRFF, des efforts restent à faire dans l'information des clients, qui ignorent souvent que les comparateurs ne présentent qu'une petite partie des offres existant sur le marché.

«Des enquêtes ont fait apparaître un défaut d'information», souligne Nathalie Homobono.

Malgré les appels à la vigilance, les acteurs du secteur s'accordent néanmoins pour reconnaître l'utilité des comparateurs de prix.

«Il y a une masse d'informations sur le net, et ces comparateurs permettent de hiérarchiser les tarifs et de stimuler la concurrence", estime ainsi Maxime Chipoy, de l'UFC-Que Choisir.»

Les sites permettent en outre de réduire les coûts de distribution des opérateurs, avec à la clef des offres attractives pour les consommateurs.

«Dans notre cas nous arrivons à 42% d'économie à niveaux de garantie et de service équivalents sur l'assurance auto», affirme Jehan de Castet, le fondateur du site lesFurets.com, spécialisé dans la comparaison des offres d'assurances.

«La question de la transparence doit être approfondie. En réalité les consommateurs doivent consulter plusieurs sites de comparateurs», observe pour sa part Nathalie Homobono.