Le loueur américain de vidéos sur internet Netflix, qui a annoncé lundi qu'il avait perdu plus d'abonnés que prévu et qu'il prévoyait plusieurs trimestres de perte l'an prochain, dévissait en Bourse dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse.

L'action chutait de 26,07% à 87,86 dollars dans les échanges après la clôture de la Bourse de New York. Depuis un plus haut atteint en juillet, son cours a été divisé par presque 3,5.

Les mauvais résultats ont été mis sur le compte d'une hausse de prix mise en oeuvre aux États-Unis à l'été, et d'une «tempête de mauvaise publicité qui a submergé la marque».

Résultat: Netflix a perdu des abonnés aux États-Unis pour la première fois depuis 2007. Il y a eu une perte nette de 810 000 abonnés durant le troisième trimestre, pour arriver à un total de 23,79 millions d'abonnés américains au 30 septembre, au lieu des 24 millions sur lesquels il comptait encore au 15 septembre.

«Notre principal problème est que beaucoup de nos abonnés de longue date ont été choqués par le changement de prix, et qu'ils ont été plus nombreux à le faire savoir en annulant (leur abonnement) Netflix que nous ne l'avions anticipé», a expliqué le fondateur et patron, Reed Hastings, dans une lettre aux actionnaires co-signée par son directeur financier David Wells.

Autre mauvaise nouvelle, «pendant quelques trimestres à compter du premier trimestre», les coûts du lancement de Netflix en Irlande et au Royaume Uni, dans une formule tout en flux sur internet (diffusion en streaming, sans téléchargement) «nous pousseront dans le rouge au niveau mondial, c'est à dire que les bénéfices réalisés aux États-Unis ne suffiront pas à couvrir les investissements à l'international» et les autres coûts de fonctionnement, précise le courrier des dirigeants de Netflix.

Le fait que le bénéfice net du troisième trimestre ait grimpé de 64,5% à 62,46 millions de dollars n'a pas suffi à enrayer la panique des investisseurs. Rapporté au nombre d'actions, le bénéfice revient pourtant à 1,16 dollar, très au-delà des 95 cents qu'avaient attendu les analystes. Le chiffre d'affaires, en hausse de 49% à 821,8 millions de dollars, dépasse également les attentes (811,79 M USD).

Les malheurs de Netflix remontent à une nouvelle formule annoncée en juillet. Jusqu'alors, les abonnés à une formule de films et séries sur support DVD avaient également droit à des visionnages illimités en streaming, alors que désormais Netflix oblige à choisir entre soit une formule tout DVD, soit une formule tout streaming, soit payer pour les deux formules, moyennant une hausse de prix.

Par la suite, en septembre Netflix a expliqué que le découplage des offres allait déboucher sur deux services aux noms et facturations distinctes. Devant le tollé, le groupe a toutefois renoncé à ce nouveau changement.

Dans sa lettre, M. Hastings a précisé que, grâce au gain de nouveaux abonnés au service en streaming, le nombre total d'abonnés aux États-Unis serait «en légère hausse au quatrième trimestre».

En revanche le nombre d'abonnés au service sur support DVD va continuer de refluer, prévoit Netflix, qui s'interroge sur l'opportunité d'améliorer le service en ajoutant des jeux vidéos, comme le fait le concurrent Dish Network.

À l'international, Netflix a noté qu'il avait déjà une pénétration de 10% au Canada un an après le lancement, soit un million d'abonnés, et un bénéfice d'exploitation sur la période, probablement provisoire.

En Amérique latine, six semaines après le lancement, «nous servons des centaines de milliers de Latino-Américains, nous pouvons mesurer ce qui plaît beaucoup, ce qui ne plaît pas, et ajuster notre offre de programmes en fonction», a précisé M. Hastings.

En revanche, après les lancements britanniques et irlandais, «nous ferons une pause sur l'ouverture de nouveaux marchés internationaux jusqu'à ce que nous redevenions rentables», ont assuré MM. Hastings et Wells.