Plus du quart des adolescents de 16 ans envoient par message texte des photos sur lesquelles ils posent nus, selon une étude texane. Lorsqu'ils atteignent l'âge adulte, la proportion grimpe à près de la moitié.

L'étude texane, publiée hier dans la revue Archives of Adolescent and Pediatrics Medicine, est la plus importante jusqu'à maintenant à traiter du phénomène du sextage (sexting, en anglais).

Et selon un pédiatre montréalais, les données et les résultats s'appliquent probablement à la population québécoise.

«Les caractéristiques de la population, notamment en matière d'activité sexuelle, sont semblables à celles qu'on trouve ici», a expliqué Richard Haber, directeur du centre de consultation de pédiatrie de l'Hôpital de Montréal pour enfants.

«L'échantillon a une bonne taille. C'est une étude très intéressante sur une question que les pédiatres et les autres médecins devraient mieux connaître.»

Jeff Temple, de l'Université du Texas, a eu l'idée de réaliser cette étude après la publication d'une autre étude qui concluait que seulement 1,3% des adolescents s'adonnaient au sextage.

«Ça me semblait très bas, a dit le psychologue texan. J'ai vu qu'il y avait une lacune énorme: les chercheurs n'avaient parlé qu'à des gens ayant une ligne téléphonique traditionnelle. Ça crée une distorsion en faveur de gens plus riches et plus vieux, dont les adolescents sont plus conventionnels. Depuis, une autre étude effectuée en Utah a obtenu des chiffres semblables aux nôtres.»

Conséquences

L'étude, qui comportait un échantillon de 948 adolescents, visait aussi à cerner les conséquences du sextage. «S'agit-il d'un rituel de séduction ou d'une version moderne de «montre-moi la tienne, je te montre la mienne»? s'est demandé M. Temple. Est-ce que le sextage encourage à avoir des comportements risqués, comme les relations avec plusieurs partenaires, sans protection ou sous l'influence de la drogue ou de l'alcool? Est-ce qu'il y a des séquelles psychologiques quand on se fait exposer sans le vouloir à des photos de personnes nues, ou qu'on s'en fait demander?»

Selon les résultats de l'étude, la proportion d'adolescents de 14 et 15 ans qui pratiquent le sextage s'établit à 20%; elle grimpe ensuite jusqu'à 45% chez les jeunes adultes de 19 ans.

Les Occidentaux sont deux fois plus susceptibles que les Asiatiques de s'y adonner, et les filles se font plus souvent demander une photo d'elles nues que les garçons. Elles sont aussi plus susceptibles d'avoir été «très gênées» par ce genre de demande.

«Notre but maintenant est de mieux comprendre la nature de cette gêne, dit M. Temple. Est-ce proche de l'humiliation? Il faut aussi mieux comprendre ce que les jeunes ont en tête quand ils disent qu'ils se photographient nus. Sont-ils en sous-vêtements ou complètement nus? Nos données continuent à s'accumuler, ce qui nous permettra de savoir si le fait de faire du sextage augmente la probabilité de perdre sa virginité et de se livrer à des pratiques sexuelles risquées.»