Ce n'était qu'une question de temps: Amazon n'allait pas se contenter de vendre des tablettes en noir et blanc et laisser Apple conquérir le marché grandissant des tablettes numériques tactiles.

Cette semaine, la multinationale de Seattle a lancé la Kindle Fire, petite tablette avec un écran de 17,7 cm de diagonale (contre 24,6 pour l'iPad 2). Vendue à 199$US, la Kindle Fire coûte moins de la moitié du prix de l'iPad 2, offert à partir de 499$US.

Pour moins de 200$, donc, les ingénieurs d'Amazon ont réussi à créer une tablette permettant de visionner des films, surfer sur le Net, écouter des MP3, accéder à la banque de quelque 890 000 livres électroniques et magazines d'Amazon, jouer à des jeux, etc.

Sur papier, le concept est difficile à battre. La réalité, toutefois, est plus nuancée.

La Kindle Fire a plusieurs défauts, et ils sautent malheureusement aux yeux dès les premières utilisations. À 0,4 kg (0,9 lb), la tablette est étonnamment lourde, surtout que sa taille compacte permet de la tenir d'une seule main.

Le système d'exploitation, mis au point par Amazon à partir de la plateforme Android, offre des performances inégales. Par exemple, il est très rapide dans l'application de la boutique Amazon ou pendant le visionnement d'un film. Pour naviguer sur l'internet ou tourner les pages d'un livre, toutefois, le système montre ses limites: les images bougent de façon saccadée. Le temps de réponse est parfois lent, et aucun indicateur ne nous dit d'attendre. On ne sait pas s'il faut toucher l'écran de nouveau ou laisser la tablette faire son travail.

La Kindle Fire est livrée avec une application permettant de consulter les courriels. Or, l'interface est limitée et semble avoir été montée à la hâte.

La tablette supporte la technologie Flash, ce qui est agréable pour consulter le Net. Fini les vidéos qui refusent de s'animer, un problème bien connu des propriétaires d'iPad.

La tablette n'a qu'un bouton, situé sur l'arête inférieure. On l'accroche facilement en déposant la tablette sur nos genoux, ce qui met le Kindle en mode veille. L'écran est très clair et agréable à consulter, mais il est trop lumineux, même au réglage le plus bas. Dans une pièce très sombre, la tablette gêne la lecture et fait pratiquement office de lampe de poche.

La batterie a une autonomie de huit heures, durée qui diminue si on est constamment connecté au Wi-Fi. De manière générale, la batterie se décharge un peu plus vite que celle de l'iPad 2, mais sans que ça ne pose problème.

Si on est habitué à l'iPad, la Kindle Fire donne l'impression d'un produit dessiné il y a quelques années, quand la technologie et le système d'exploitation des produits électroniques portables étaient limités.

En revanche, payer 200$ pour une tablette multimédia puissante, c'est implicitement accepter que tout ne sera pas parfait. Personne ne s'attend à ce qu'un appareil photo à 100$ offre le même résultat que ceux que trimballent les photographes de La Presse.

Personnellement, je trouve que le Kindle traditionnel à l'affichage monochrome, offert à 109$ au Canada, est plus agréable à utiliser et à transporter: son poids est de 0,17 kg, donc 80% plus léger que la Kindle Fire.

La Kindle Fire n'est pour le moment vendue qu'aux États-Unis. Achetée par un client canadien, la tablette ne pourrait qu'offrir les livres et magazines, et non le téléchargement de films ou des MP3, qui sont pour le moment limités au territoire américain.

La Kindle Fire aurait fait hurler de rage le perfectionniste qu'était Steve Jobs. Or, Amazon a lancé un produit satisfaisant, mais pas parfait, à un prix très raisonnable. L'entreprise va sans doute en vendre des millions, fidéliser sa clientèle et donner un bon coup de pied dans la porte de l'ère des tablettes numériques omniprésentes.