(Los Angeles) Le sort des Jeux olympiques de Tokyo divise au sommet du sport américain : le Comité olympique et paralympique (USOPC) estime qu’il faut plus de temps pour prendre une décision, quand la puissante Fédération de natation demande leur report face à la pandémie de coronavirus.

« Je pense que nous sommes d’accord avec le CIO pour dire que nous avons besoin de plus de conseils d’experts et d’informations que nous n’en avons aujourd’hui pour prendre une décision », a déclaré vendredi Susanne Lyons, présidente de l’USOPC, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.  

Le président du Comité olympique international, Thomas Bach, avait déclaré jeudi au New York Times que « différents scénarios » étaient à l’étude, soulignant néanmoins que toute décision de reporter les Jeux serait prématurée.

« Nos épreuves ne se dérouleront pas la semaine prochaine ou dans deux semaines. Elles sont prévues dans quatre mois. Or je pense que beaucoup de choses peuvent changer d’ici-là. Nous donnons donc au CIO la possibilité de recueillir ces informations et conseils avisés », a abondé vendredi Susanne Lyons.

Et de conclure : « A ce stade, nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire pour nous de les presser à prendre une décision ».

Mais peu de temps après, la Fédération américaine de natation s’est fendue d’une lettre à l’USOPC, l’exhortant à « plaider pour un report d’un an des Jeux prévus cet été » (24 juillet-9 août).

« Nous demandons à l’USOPC, en tant que leader au sein du Mouvement olympique, d’utiliser sa voix et de défendre les athlètes », a écrit le directeur général d’USA Swimming, Tim Hinchey.

« Au fur et à mesure que cette pandémie mondiale s’est développée, nous avons vu le monde des athlètes chamboulé et nous les avons vus lutter pour trouver des moyens de continuer à se préparer et à s’entraîner-beaucoup d’entre eux pour la plus grande compétition de leur vie », a ajouté Hinchey.

« Les athlètes plutôt que l’argent »

« Nos nageurs sont toujours prêts pour n’importe quelle course, n’importe quand et n’importe où. Cependant, aller de l’avant au milieu de la crise sanitaire mondiale cet été n’est pas la réponse. La chose juste et responsable à faire est de donner la priorité à la santé et à la sécurité de chacun », a-t-il estimé.

C’est la première fois qu’une fédération sportive américaine, qui plus est de ce poids-là (ses nageurs ont remporté 33 médailles, dont 16 en or, à Rio en 2016), prend une telle position, se faisant ainsi le relais de nombre d’athlètes et d’anciens athlètes appelant à un report des JO-2020.

L’ancienne coureuse de demi-fond américaine Kara Goucher a notamment accusé l’USOPC de placer les considérations financières au-dessus de la santé des athlètes. « Les athlètes sont des humains, ils tombent malades ! » a-t-elle twitté. « Reportez, pour qu’ils puissent rester confinés sans se soucier de perdre leur forme physique ! Les athlètes plutôt que l’argent, s’il vous plaît ! »

Vendredi après-midi, l’USOPC a répondu à USA Swimming, l’assurant de son « empathie totale pour la communauté des athlètes en proie au stress et à l’anxiété terribles causés par le manque de certitudes concernant les Jeux de Tokyo ».

« Des athlètes veulent aussi que l’USOPC s’assure que nous ne leur retirions pas prématurément la possibilité de participer aux Jeux tant qu’on n’y voit pas plus clair », a-t-elle néanmoins argué.

Evoquant la réunion de la commission exécutive du CIO mardi prochain, visant à un échange d’informations avec les représentants des athlètes, les Comités nationaux olympiques (CNO) et les fédérations internationales, l’USOPC s’est en outre engagée « à communiquer clairement les préoccupations » exprimées par USA Swimming.  

« L’USOPC sera la première à transmettre les suggestions et commentaires (des athlètes) et sera un défenseur infaillible de leurs intérêts, de leur sécurité, ainsi que de la nécessité d’un déroulement équitable des Jeux. Vous avez notre promesse », a-t-elle conclu.