(Paris) Deux ans après le traumatisme des Jeux de Tokyo, la reine de la gymnastique, l’Américaine Simone Biles, a signé un retour triomphal au sommet de son sport et peut désormais se tourner avec sérénité vers les Jeux olympiques de Paris.  

Sujette aux « twisties », ces pertes brutales et imprévisibles de tout repère dans l’espace, lors des JO au Japon, l’Américaine de 26 ans avait complètement coupé avec la compétition pendant près de deux ans pour prendre soin de sa santé mentale.  

Revenue aux affaires en août, elle s’est d’abord illustrée en remportant l’US Classic avant de décrocher un huitième titre record au concours général des Championnats des États-Unis.  

Mais c’est surtout aux Mondiaux d’Anvers début octobre que l’Américaine a impressionné. La quadruple championne olympique a démontré au cours de la compétition anversoise qu’elle restait la reine de son sport et a donné l’impression de reprendre le fil de sa carrière comme si de rien n’était.

Pour son grand retour sur la scène mondiale, Biles a ainsi illuminé le plateau de compétition de toute sa classe, marquant les esprits dès son entrée en scène en qualifications.  

« Biles II »

Au premier jour, elle a laissé les spectateurs du « Sportpaleis » d’Anvers sans voix, en réussissant un saut d’une difficulté extrême et inédit pour une femme, un Yurchenko double carpé, désormais connu dans le code de notation de la gym comme le « Biles II ».  

Puis grâce à quatre nouvelles médailles d’or et une en argent, elle a encore enrichi sa collection, qui s’élève désormais à 30 unités dont 23 du métal doré, un record évidemment.  

Interrogée par les médias du monde entier dans la foulée de ses performances, la superstar de la gym n’a toutefois pas souhaité mettre en avant ses résultats ou ses podiums.

« Je n’étais pas stressée à propos du nombre de médailles ou de leurs couleurs », a-t-elle assuré. « Sur cette compétition, je me suis même dit : “Tant que je suis là, que je fais de nouveau mes routines, c’est une victoire à mes yeux.” »

« Ce qui m’importe, c’est juste d’être de nouveau là, de retrouver la confiance dans la compétition, de ramener des bonnes notes pour l’équipe, et on verra bien. »

PHOTO EZRA SHAW, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Simone Biles, en août dernier.

La Téxane de 1,42 m s’est surtout réjouie de cette confiance retrouvée après des JO de Tokyo traumatisants à l’été 2021. Arrivée au Japon en tant que grande favorite, Biles avait craqué en pleine lumière, se retirant de la plupart des épreuves.

Elle avait expliqué lutter contre des « twisties », et ses déboires avaient contribué à mettre en avant le sujet de la santé mentale des sportifs, grandement tabou.

Une personne « normale »

A Anvers, elle a volontiers évoqué ses séances de thérapie, ses exercices de respiration ou de visualisation qui l’ont aidée à aborder la compétition. Elle a également raconté avoir profité de sa coupure pour redevenir une personne « normale », loin des tables de juges et des zones mixtes.

« La gymnastique est quelque chose que je fais, ce n’est pas ce que je suis en tant que personne… Il m’a fallu des années pour m’en rendre compte », a-t-elle témoigné.  

Ses sixièmes Championnats du monde derrière elle, Simone Biles peut désormais tourner son regard vers les JO-2024 de Paris, même si l’Américaine ne souhaite pas voir trop loin. « Je ne peux pas répondre aux questions concernant l’avenir, je vais juste vivre dans le moment présent », a-t-elle soufflé.

Interrogée en fin de compétition, son entraîneure, la Française Cécile Landi, en a dit toutefois un peu plus : « Elle ne veut pas en parler, car elle ne veut pas se mettre la pression, je comprends totalement. (Mais) je sais que pour nous, en tant qu’entraîneurs, c’est forcément l’objectif. On va la préparer pour ça, si elle en a envie. »

Dans une interview accordée avant les Mondiaux, Biles avait en tout cas confié à la chaîne américaine NBC qu’elle « adorerait » gagner d’autres titres olympiques. « C’est le chemin que j’aimerais suivre », avait-elle déclaré.