Non, nous ne sommes pas en 2014. Rickie Fowler est en tête d’un tournoi majeur au terme des trois premières rondes et Rory McIlroy est son plus sérieux poursuivant. Nous sommes bel et bien en 2023 et l’Omnium des États-Unis commence finalement à ressembler à un vrai tournoi majeur.

62, 64, 65 et 67. Rickie Fowler, Wyndham Clark, Rory McIlroy et Scottie Scheffler avaient tous commencé leur tournoi en force.

Depuis une semaine, le Los Angeles Country Club fait craindre le pire aux golfeurs. L’herbe longue abondante, les fosses de sable costaudes et les verts aussi étendus que l’Écosse laissaient présager quatre jours de dur labeur.

Or, les deux premiers tours se sont déroulés sans trop de tracas. Le terrain, plutôt permissif, et les bonnes conditions météorologiques auront permis aux golfeurs de s’exprimer. Les tours sous la normale pleuvaient.

Si bien qu’on se demandait si le parcours, l’un des plus huppés d’Amérique, représentait un défi digne d’un Omnium américain.

La réponse arrivera ce dimanche soir, après le tour final. Toutefois, la journée de samedi a pu rassurer les amateurs qui doutaient que le troisième tournoi majeur de la saison constitue un vrai défi.

Fowler mène la charge

Fumant lors des deux premiers tours, Rickie Fowler a tenu le coup, samedi. Il pointe toujours en tête à - 10, à égalité avec Wyndham Clark. Ça faisait un bail que l’Américain à la casquette plate et aux lunettes fumées avait dû négocier avec autant de pression. Sa dernière victoire remonte à février 2019 et il n’a pas percé le top 5 d’un tournoi majeur depuis 2017.

La plus grande force de Fowler au cours de ce tour de transition vers celui de ce dimanche aura été sa capacité à en faire suffisamment pour bloquer toutes les menaces. Ses rivaux ont été offensifs, ils ont pris des risques. En revanche, Fowler, même dans l’embarras, a opté pour la simplicité. Une petite faute commise sur son avant-dernier roulé de la ronde, pourtant un coup de routine, l’a privé de la tête.

Le moustachu de 34 ans a tout de même prouvé son désir de gagner. Notamment au septième trou, grâce à un long roulé en serpentin, puis au 13e, avec un roulé encore plus long, 69 pieds précisément, pour prendre les devants par deux.

La journée de dimanche ne sera pas de tout repos, toutefois. Fowler devra davantage se méfier de Rory McIlroy (- 9), Scottie Scheffler (- 7), Dustin Johnson (- 5) et Xander Schauffele (- 5).

Tous des habitués du haut de tableau. C’est d’ailleurs ce qui fait la beauté de cette 123édition de l’Omnium américain. Les meilleurs sont les meilleurs et le futur champion ne l’aura pas volé.

Même s’il s’est accroché quelques fois, McIlroy a joué une autre ronde convaincante de 69. Le troisième joueur au classement mondial a démarré sa ronde sur les chapeaux de roue grâce à deux oiselets à ses trois premiers trous. Notamment avec une claque de 388 verges sur le premier tertre de départ et un roulé précis et délicat, tout en descente, au troisième trou.

Plutôt effacé et souvent dans l’embarras avec ses coups de départ, comme d’habitude, Scheffler est revenu par l’angle mort en fin de ronde. Son aigle au 17e depuis l’allée a fait bondir la foule discrète jusqu’à ce moment. Son oiselet au dernier trou lui a donné l’envol nécessaire pour certainement faire partie des prétendants lors de la ronde finale.

PHOTO MICHAEL MADRID, USA TODAY SPORTS

Scottie Scheffler au 10e trou

Un parcours qui fait jaser

Même si la maison de Lionel Ritchie et la Playboy Mansion bordent le terrain, ce dernier ne fait pas que des heureux.

Il est vrai que les allées du Los Angeles Country Club détonnent de celles des parcours habituellement utilisés pour jouer les tournois majeurs. Certains trous sont peu orthodoxes, comme des normales 3 de 81 et de 277 verges. Le sable utilisé, la coupe de l’herbe longue et la configuration de certains passages sont plutôt inhabituels.

Au moins, le terrain était un peu moins permissif au cours de la ronde de samedi. Les allées étaient plus fermes et l’emplacement des fanions représentait un défi plus important pour les golfeurs.

Si Brooks Koepka a avoué « ne pas aimer » le terrain vendredi soir, d’autres golfeurs ont critiqué le parcours, samedi.

PHOTO LINDSEY WASSON, ASSOCIATED PRESS

Rory McIlroy au 11e trou, qui offre une vue sur le centre-ville de Los Angeles

Viktor Hovland a avoué « ne pas être un grand fan de ce parcours ». En ajoutant qu’« il y a de beaux trous, mais [qu’il] n’y a pas de superbes trous ».

Le champion en titre du tournoi, Matthew Fitzpatrick, est resté sur sa faim concernant l’ambiance : « C’était très modeste. J’espère que ce ne sera pas pareil pour les Omniums des États-Unis à venir. »

La seule chose à redonner son prestige de l’évènement est la qualité du jeu des golfeurs. Avec le tableau des meneurs, il y a lieu d’être optimiste. En même temps, si le parcours parvient à répondre aux standards et aux attentes, les golfeurs pourraient s’en mordre les doigts. L’un ne va pas sans l’autre. Et c’est ce qui s’appelle un tournoi majeur.