Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes) est en position de remporter le titre de champion du monde de Formule 1 dimanche au Grand Prix de Chine à Shanghai, au moment où le Britannique est de moins en moins apprécié dans le paddock.

Débarqué en F1 plein de fraîcheur et d'insouciance l'année dernière, Hamilton, le premier pilote noir de l'histoire, faisait l'unanimité. Il était une sorte de gendre idéal, poli, souriant et qui plus est très performant en piste.Les premiers nuages sont arrivés à partir du milieu de l'année passée, quand la lutte pour le titre s'est intensifiée avec son coéquipier d'alors, Fernando Alonso. Derrière le verni commençait à pointer un pilote sûr de lui, déterminé à l'extrême. Parfois trop.

Petit à petit, son assurance, sa confiance en lui qui confine parfois à l'aveuglement, ont commencé à troubler l'image du personnage. Quelques rancoeurs sont nées, renforcées par des manoeuvres en piste parfois très osées, voire inélégantes.

Le Britannique, qui reste toujours très accessible pour les fans, conservait quand même une belle cote de popularité. Mais cette saison, les choses ne se sont pas améliorées et un point d'orgue a été atteint ce week-end en Chine, où il arrive pour la deuxième fois en position de remporter le titre.

Il y a quelques semaines, dans la foulée du Grand Prix d'Italie à Monza, Robert Kubica (BMW Sauber) avait été le premier à souligner que le comportement de Hamilton en piste était parfois dangereux.

Grosse tête

Plusieurs autres pilotes partagent cet avis, et le sujet s'est retrouvé au centre des conversations à Shanghai. D'autant qu'Alonso, plus vraiment en bons termes avec le Britannique après tous les incidents de l'an dernier, ne s'est pas caché en affirmant qu'il serait heureux de voir Felipe Massa (Ferrari) remporter le titre.

«Je sais que certains ont fait des commentaires, mais cela ne me dérange pas. Tout le monde a le droit d'avoir une opinion, a réagi Hamilton. Mais si je suis arrivé jusque-là et que je suis en tête du championnat, c'est grâce à ma façon de piloter. Mais je ne fonce pas dans les autres voitures, ils ne devraient peut-être pas être si agressifs dans leurs commentaires.»

Ce n'est pas la première fois qu'un candidat au titre est critiqué, et le Britannique le sait. «Si j'étais dans une Force India, personne ne se soucierait de moi», relève-t-il.

En attendant, la plupart de ses adversaires estiment qu'Hamilton commence à avoir la grosse tête et il ne compte plus guère de soutien parmi les pilotes, où seuls Nico Rosberg (BMW Sauber) et Adrian Sutil (Force India) restent ses amis.

Même les journalistes britanniques, pourtant très prompts à le soutenir, commencent à être excédés par ses humeurs: «Quand tout va bien, il est disponible, mais après une mauvaise course, comme la semaine dernière à Fuji, il disparaît et ne parle pas», regrette un reporter anglais sous couvert d'anonymat.

Son principal rival pour le titre, Felipe Massa (Ferrari), conserve cependant «beaucoup de respect» pour son adversaire: «Tout le monde le connaît, c'est un excellent pilote, même s'il a parfois un peu trop confiance en lui».