Les basketteuses québécoises Rosalie Mercille et Sarah Te-Biasu, membres de l’équipe championne de 3 contre 3 du Canada lors des Jeux du Commonwealth, reviennent chez elles grandies.

Plus jeunes que leurs rivales, moins expérimentées, vaincues lors des matchs amicaux… les Canadiennes sont revenues de loin pour s’emparer de l’or.

« C’était vraiment un grand feeling. » Au bout du fil, Sarah Te-Biasu se rappelle le moment où elle a réussi le tir gagnant du tournoi. Grâce un lay-up bien placé dans les derniers instants de la finale, la Montréalaise a permis aux Canadiennes de monter sur la plus haute marche du podium. Et elle l’a fait contre l’équipe hôte de l’Angleterre – à Birmingham.

Voyez la fin de la rencontre

« J’ai encore toutes les émotions… La foule n’était pas avec nous, ajoute sa coéquipière Rosalie Mercille. Mais on est vraiment restées en équipe. [Après le tir gagnant], j’ai regardé la coach dans les estrades avec des étoiles dans les yeux. On est parties de loin, mais elle a toujours cru en nous. […] C’était l’une des plus belles expériences de ma vie. »

Une histoire en trois temps

Respectivement âgées de 19 ans et 20 ans, Rosalie et Sarah faisaient partie d’une équipe significativement plus jeune que les autres dans le tournoi. En compagnie des Britanno-Colombiennes Tara Wallack (19 ans) et Taya Hanson (22 ans), elles affrontaient régulièrement des athlètes d’une décennie leurs aînées.

Leur expérience aux Jeux du Commonwealth s’est déroulée en trois temps. Une sorte de courte montagne russe.

D’abord, en préparation pour la compétition qui avait lieu entre le 30 juillet et le 2 août, les Canadiennes se sont entraînées à Toronto. Elles dominaient – mais contre des adversaires plus faibles qu’elles.

À leur arrivée en Europe, elles ont frappé un mur. « On a fait une petite entente avec l’Angleterre, la Nouvelle-Zélande et l’Australie dans laquelle on jouait des matchs amicaux pour s’habituer à l’environnement, raconte Mercille. On a tout perdu… et on s’est dit que ce ne serait pas facile comme au Canada. »

Lors de la phase de qualifications, le Canada s’est classé troisième sur quatre pays dans le groupe B, avec une fiche d’une seule victoire (îles Vierges britanniques) contre deux défaites (Nouvelle-Zélande, Angleterre). Ce résultat lui a tout de même permis de passer en phase éliminatoire.

On a donc regardé beaucoup de vidéos : on devait apprendre super rapidement ! On habitait ensemble et on passait notre temps à se demander pourquoi les autres étaient capables de nous battre.

Rosalie Mercille

Grâce à leurs séances vidéo entre colocataires, les quatre Canadiennes ont mis en application de nombreux changements techniques qui ont fait la différence sur le terrain. Elles communiquaient davantage, refusaient d’aller couvrir une autre joueuse si l’attaque adverse tentait de les forcer à échanger et misaient sur leur vitesse. « Regarder l’équipe des gars nous a aidées à mieux comprendre la game et capter des choses », note Sarah Te-Biasu.

Ainsi, grâce à une nouvelle formule de jeu, elles ont successivement éliminé l’Écosse en quarts de finale et la Nouvelle-Zélande en demi-finale. On connaît leur résultat contre l’Angleterre lors du match ultime.

Apprentissage

Il faut savoir que le 5 contre 5 (format habituel) et le 3 contre 3 sont bien différents.

« On n’avait jamais joué ce style de basket, remarque Te-Biasu. Ils [l’organisation des Jeux] nous ont envoyé un courriel une semaine avant le tournoi, c’est là qu’on a appris les règles. La différence, c’est probablement qu’on doit penser plus rapidement et savoir mieux jouer en un contre un. Le rebond est très important, et il faut parler avec tes coéquipiers. »

Le basketball 3 contre 3 se joue seulement sur une moitié de terrain, et le ballon peut être remis en jeu immédiatement après un panier. Il y a deux manières de gagner : atteindre un pointage cible de 21 ou encore mener la partie après 10 minutes de jeu.

« Tout au long du tournoi, c’était comme de réapprendre un nouveau jeu, confie Rosalie Mercille. Ma game a changé : plus jamais je ne vais jouer de la même manière. Tu dois toujours être en train de bouger ! Si tu ne bouges pas, tu n’aides pas ton équipe. Et si tu célèbres, tu risques de te faire prendre par une fille qui se tient à la ligne de 3 points. »

Dès l’automne, Sarah Te-Biasu amorcera sa troisième saison universitaire dans la NCAA, avec les Rams de VCU (Virginia Commonwealth University).

Élue au sein de la troisième équipe d’étoiles et championne dans la conférence Atlantic 10 l’an dernier, elle retourne aux États-Unis « avec beaucoup de confiance et le mindset de gagner un autre titre ».

Rosalie Mercille, pour sa part, ira disputer sa troisième et dernière saison avec les Géants du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, en première division du RSEQ.

Elle a deux buts : se faire remarquer par des équipes de la NCAA et « amener la culture du 3 contre 3 à la maison » pour en faire bénéficier son programme.