(Toronto) Il fut un temps où on se trouvait pas mal meilleurs qu’eux autres, là, à Toronto.

Nos artistes étaient meilleurs, nos expos universelles étaient meilleures, nos Expos étaient les seuls à jouer au baseball dans tout le pays, et le club de hockey gagnait tellement souvent que ça devenait presque lassant à la fin.

Comme les temps ont changé.

Cette réalité nous a frappés comme un double échec de Shea Weber en pleine face lors de cette fin de semaine dans la ville de Drake.

En arrivant ici vendredi, notre hôtel du centre-ville était bondé, comme tous les restos des environs. La raison ? Il y en avait deux, en fait : à notre gauche, un peu plus loin, il y avait 45 000 personnes pour assister au premier match de la saison des Blue Jays à Toronto, dans ce Rogers Centre qui est pourtant une version un peu moins laide que notre gros bol de béton bien à nous sur l’avenue Pierre-De Coubertin.

À quelques coins de rue de là, à l’aréna Scotiabank, ce sont 19 800 personnes qui étaient présentes pour assister à un match de basket de la NBA, entre les Raptors et les Rockets de Houston. Bien sûr, le même aréna allait être tout aussi plein samedi soir pour le match entre le Canadien et les Maple Leafs.

Pour le Montréalais un peu plus vieux (mais pas si vieux, là) qui a connu les Expos et Sugar Ray contre Duran au Stade et les rumeurs de l’arrivée imminente d’un club de la NFL (un nom avait même été prévu : les Olympiques), ce festival des sports dans la ville ennemie a de quoi rendre jaloux.

Pourquoi eux et pas nous ? Les raisons sont très nombreuses, et il faudrait un livre pour toutes les énumérer, mais en gros, il y a de toute évidence beaucoup d’argent provenant du milieu des affaires par ici, et ça fait en sorte qu’une ville peut se permettre trois clubs des ligues majeures, pendant qu’une autre essaie d’obtenir une garde partagée pour le retour du baseball, sans succès.

On aura évidemment compris qu’il y a des affaires pires que ça dans la vie. Mais l’avoir dans la face, comme ça, ça fait quand même un peu mal.