Après avoir passé ses deux premières saisons dans la NCAA avec l’Orange de Syracuse, le Québécois Quincy Guerrier sera transféré aux Ducks de l’Oregon la saison prochaine. À moins qu’il ne fasse le saut chez les pros, alors que le produit de Team Thetford s’est déclaré admissible au repêchage de la NBA.

Jusqu’à tout récemment, les joueurs de basketball en NCAA devaient passer une saison sans jouer s’ils souhaitaient changer d’université. La règle a été modifiée cette année, accordant aux joueurs un premier transfert sans aucune restriction. Quincy Guerrier a donc annoncé en avril qu’il entrait dans le « portail des transferts » après deux saisons avec l’Université de Syracuse.

« Je n’ai pas vraiment eu la chance de montrer l’entièreté de mon potentiel, explique l’athlète à La Presse. J’avais beaucoup de restrictions par rapport à la façon dont on m’utilisait dans le système en attaque. Je savais que je pouvais faire beaucoup mieux et beaucoup plus que ça. »

PHOTO FOURNIE PAR TEAM THETFORD

Quincy Guerrier alors qu’il évoluait pour l’Académie de basketball de Thetford Mines

Son mentor et ancien entraîneur lors de ses quatre années et demie à l’Académie de basketball de Thetford Mines, Ibrahim Appiah, abonde dans le même sens.

« Il n’avait pas beaucoup de situations où on lui permettait de s’exprimer offensivement comme il a l’habitude de le faire », dit-il.

Fort de ses moyennes de 13,7 points et 8,4 rebonds par match cette saison, l’ailier de 6 pi 7 po n’a pas mis de temps à s’entendre avec une autre formation. Avec l’aide d’Ibrahim Appiah, Guerrier a fait ses devoirs et s’est entretenu avec la vingtaine d’équipes intéressées avant de faire son choix.

« Je regardais leur style de jeu, leur alignement de départ, qui était dans l’équipe, pour ne pas me mettre dans une situation où j’allais être dans une équipe où il y a déjà trois séniors. J’ai aussi étudié quelle serait la meilleure conférence. »

Il avait déjà une bonne relation avec Oregon, qui avait été la première à lui offrir une bourse quand il avait 16 ans. Il s’agit aussi de l’une des excellentes formations du circuit : elle a conclu la saison au premier rang de la division Pac-12. Le Québécois Chris Boucher y a d’ailleurs évolué.

Je connaissais déjà le système. J’avais déjà une bonne relation avec les coachs. Leur équipe est vraiment bonne et ma position est vraiment celle qu’il manquait pour qu’ils soient encore meilleurs.

Quincy Guerrier, au sujet des Ducks de l’Oregon

« Ils jouent plus rapidement et leurs meneurs de jeu sont meilleurs, donc ça va me mettre dans une bonne position pour avoir davantage le ballon dans les mains et tout ça », ajoute-t-il.

Années formatrices

Même si son utilisation n’était pas telle qu’il l’aurait souhaité, le joueur de 22 ans demeure satisfait de ses deux saisons à Syracuse.

« J’ai appris beaucoup sur la NCAA, mais aussi sur moi. Je ne savais pas que je pouvais prendre beaucoup de rebonds et être vraiment physique dans un niveau comme ça. Je garde beaucoup de positif de Syracuse. »

Le Montréalais a été l’un des meilleurs joueurs de la conférence de l’Atlantic Coast cette année. Il a terminé la campagne au 2rang pour les rebonds et au 15rang des pointeurs.

Ses deux dernières saisons étaient solides. J’étais fier de lui pour la façon dont il s’est adapté. Ce n’était pas tout le temps idéal, mais il trouvait une manière d’être sur le terrain et d’aider son équipe à gagner des matchs.

Ibrahim Appiah, mentor de Quincy Guerrier

Le protégé d’Appiah a d’ailleurs été nommé au sein de la troisième équipe d’étoiles All-ACC au terme de la saison.

« Pour un gars qui n’était pas celui qui touchait le ballon d’emblée, c’était très intéressant parce que, normalement, ce ne sont pas ces gars-là qui sont reconnus. Ce sont les gars qui ont souvent le ballon dans les mains. »

Repêchage

Le repêchage de la NBA aura lieu le 29 juillet. Guerrier s’est déclaré admissible, mais n’a pas été invité aux journées d’essais, qui réunissent les meilleurs espoirs, du 21 au 27 juin. Comme il n’a pas embauché d’agent, il a jusqu’au 19 juillet pour se désister s’il juge que ses chances de se faire repêcher sont moindres. L’avenue de retourner dans la NCAA ne le dérange pas outre mesure, même si l’objectif ultime est d’atteindre la NBA.

On ne sait jamais ce qui peut arriver, mais le but pour moi, en ce moment, c’est juste de m’améliorer, de m’entraîner chaque jour, d’apprendre plus sur la game.

Quincy Guerrier

« Ça ne sert vraiment à rien d’entrer dans la NBA sans être prêt. Il faut que tu sois prêt parce que c’est une business. Tout le monde est bon et peut faire quelque chose, donc tu dois être capable d’être assez bon pour rester et avoir un rôle dans une équipe. »

Dans le cas où il décide de retourner dans la NCAA, il aura un an de plus pour perfectionner certains aspects de son jeu afin de revenir plus fort pour le repêchage de 2022. Il entend notamment démontrer sa capacité à tirer de la ligne de trois points, à contrôler le ballon et à créer ses propres occasions de marquer.

PHOTO AJ MAST, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Quincy Guerrier (1) : « Je pense que j’ai encore beaucoup à montrer et que beaucoup de gens vont être surpris. »

« Je veux aussi devenir un peu plus intelligent, reconnaître les situations dans un jeu. Et continuer à prendre le rebond comme je faisais à Syracuse. Il faut gagner des matchs et se rendre loin dans le March Madness. »

« Défensivement, il va montrer qu’il est capable de défendre homme à homme, ajoute son mentor. Du côté de l’attaque, c’est de montrer qu’il est un ailier, comment il est fluide à l’extérieur. C’est juste de montrer qu’il est capable de marquer sur les trois plans. »

À en croire tout ce qui se dit à son sujet, Guerrier devrait parvenir à faire sa place dans la NBA éventuellement. Il s’inspire d’ailleurs de joueurs à position, comme Kevin Durant, pour améliorer sa prise de décision sur le terrain.

« Je pense que j’ai encore beaucoup à montrer et que beaucoup de gens vont être surpris », lance-t-il.

« Il va continuer à se développer. Il va atteindre son niveau et avoir un impact dans la NBA », ajoute Ibrahim Appiah.