Les Montréalais devront attendre jusqu’en mai 2022 avant de voir leur franchise de la ligue canadienne élite de basketball (LCEB) rejoindre le circuit. Par contre, Annie Larouche, directrice des opérations, dévoilera le nom de l’équipe très prochainement.

« On est proche, a confirmé Mme Larouche, en visioconférence avec La Presse. C’est complexe, parce que les noms, il y en a beaucoup qui sont utilisés […], mais, on approche, je vais dire ça. »

Normalement, le fait de bâtir une nouvelle équipe se tient dans les coulisses, explique Annie Larouche, ancienne directrice exécutive des Alouettes de Montréal.

Mais son saut dans le monde du basketball en février et la forte médiatisation de sa nomination ont mis en lumière certains processus, explique-t-elle, dont la recherche du nom, du logo, et de la mascotte de l’équipe montréalaise. Rappelons que le 4 février le commissaire de la CEBL, Mike Morreale, a annoncé qu’une formation montréalaise fera partie du circuit canadien dès l’an prochain.

Semé d’épreuves, le parcours professionnel d’Annie Larouche ne témoigne que d’une partie de sa persévérance, de son courage et de ses ambitions. Après 25 ans chez les Alouettes, un passé de greffière et une formation universitaire diversifiée, elle considère que le fait de travailler à découvert est un atout.

« Les gens sont au courant de chaque étape. En même temps, c’est correct parce que les gens peuvent m’envoyer du feedback. »

Sur les réseaux sociaux, les Montréalais ont été nombreux à participer au sondage sur le futur nom et les couleurs de la nouvelle franchise, indique Annie Larouche. Quand on lui demande les réponses qu’elle a reçues, elle ne peut s’empêcher de sourire.

« On a eu les Poutines, les Cônes orange, tout ce qui représente Montréal… Mais […] les gens de la ligue ont réalisé à quel point ici, à Montréal ou au Québec, on est fiers. »

Si le nom s’imprègne de la fierté québécoise, il importe de mettre de l’avant un autre aspect. « Il faut que le nom soit bilingue. Ça peut être uniquement francophone, mais idéalement bilingue », a-t-elle précisé.

Ajout à l’équipe… et à la ligue

Annie Larouche envisage de former une équipe de 10 à 14 personnes, dont un directeur général et un entraîneur-chef d’ici l’automne. Les joueurs suivront. Mais elle insiste sur le fait qu’il reste du chemin à faire avant de franchir cette étape.

« J’essaie de parler à tout le monde pour avoir le pouls. J’ai reçu beaucoup de CV, et beaucoup d’offres, mais on n’est pas là », relativise-t-elle.

Consciente de la frénésie grandissante, Annie Larouche demeure à la fois reconnaissante de cette occasion qu’on lui a offerte, et motivée par le défi.

« Je flotte sur un nuage […] c’est un vent de fraîcheur », a-t-elle confié.

C’est Mike Morreale, ancien joueur des Argonauts de Toronto et commissaire de la LCEB, qui lui a offert le poste. Les deux se sont souvent croisés sur le terrain dans le passé et ont travaillé ensemble à plusieurs reprises.

PHOTO FOURNIE PAR MIKE MORREALE

Le commissaire de la Ligue canadienne élite de basketball, Mike Morreale

L’ajout d’une équipe à Montréal – où la demande est en pleine effervescence – l’anime au plus haut point. Selon M. Morreale, « il s’agit d’une meilleure représentation du pays ». Il vise aussi l’intégration de la ville de Québec d’ici 2023.

Notons qu’au cours des dernières années, six équipes de basketball montréalaises ont vu le jour, mais très brièvement. M. Morreale estime que cette fois-ci, ce sera différent.

Selon lui, la ligue a acquis l’expérience nécessaire pour surmonter les défis : « Intégrer des équipes, jouer pendant une pandémie […], expansion à Ottawa à notre deuxième année. Je pense qu’on a vu beaucoup de choses. »

« [Montréal] est une ville qui soutient le basketball professionnel. Elle abrite certains des meilleurs joueurs de basket, non seulement de ce pays, mais du monde entier », précise-t-il.

En ce qui concerne l’amphithéâtre, M. Morreale s’abstient de donner des détails, mais il avance que les négociations sont en cours et qu’ils sont prêts à passer à la prochaine étape.

« On essaie de trouver un endroit approprié pour tout. Je pense qu’on l’a trouvé », conclut-il.

L’exode du talent québécois

« Le basketball est très populaire, mais on perd nos jeunes après 17 ans », lance Annie Larouche.

Le basketball québécois est en pleine explosion depuis des années. Il suffit de remonter à la soirée historique dans la NBA, où trois Montréalais - Khem Birch, Chris Boucher et Luguentz Dort – ont fait leurs preuves durant le match entre les Raptors de Toronto et le Thunder d’Oklahoma City. Une première pour le Québec.

Durant le tournoi du championnat de la NCAA de basketball aux États-Unis cette année, sept Québécoises et Québécois y ont participé.

« Le basketball masculin est en [bonne] santé. Chez les filles, on est en train de vivre la même croissance », constate Daniel Grimard, directeur général de la Fédération de basketball du Québec. Il souligne qu’en 2019, le Québec a remporté les quatre championnats canadiens chez les 15 ans et moins ainsi que les 17 ans et moins, dans les deux catégories, gars et filles, « c’est du jamais vu ».

Par ailleurs, durant la saison 2015-2016, sa fédération a indiqué un recensement de 40 525 participants. En 2019-2020, Daniel Grimard a observé une croissance de plus de 30 %, avec 55 620 athlètes passionnés de basketball.

Il considère, tout comme Annie Larouche, que l’équipe montréalaise offrira de belles occasions pour les athlètes québécois de jouer chez eux, devant leurs fans.

Pour y arriver, il faudra travailler ensemble, explique Annie Larouche.

« C’est ça le basketball, c’est l’unité, c’est la communauté, puis c’est comme ça que j’ai envie de fonctionner », conclut-elle.