Le 25 juin 2009, les Raptors choisissaient DeMar DeRozan au premier tour du repêchage. Deux semaines plus tard, DeRozan quittait l'Université Southern California pour signer un contrat professionnel. Une décision motivée à l'époque par sa volonté d'aider sa mère malade.

Le 28 octobre de la même année, il disputait son premier match dans l'uniforme des Raptors, avec huit points à la clé.

Avance rapide neuf ans plus tard jusqu'à la fin de la saison 2017-2018. DeRozan est devenu une vedette de la NBA. Il inscrit en moyenne plus de 20 points par match depuis cinq saisons. Surtout, ses Raptors viennent de battre un record de concession avec une campagne de 59 victoires.

Les Raptors, et DeRozan, en ont fait, du chemin, depuis la catastrophique saison 2010-2011 au cours de laquelle ils avaient remporté... 22 victoires.

«J'y pense sans arrêt, reconnaissait la charismatique vedette des Raptors, la semaine dernière. Quand tu as de la difficulté, tu veux faire partie de la solution. Quand tu as de la difficulté, tu finis par trouver ta fierté dans le travail acharné. Quand tu vois que ça se passe comme tu l'avais espéré, tu dois garder le cap, ne jamais te décourager. Mais quand tu gagnes, tu dois toujours te rappeler la saison de 22 victoires. Ça te garde les deux pieds sur terre.»

L'entraîneur Dwane Casey, lui, est arrivé l'année suivante. Pour lui souhaiter la bienvenue à Toronto, les Raptors ont gagné... 23 matchs. Mais Casey avait un objectif clair. D'année en année, il est passé à 34, puis 48, 49, 56 victoires, jusqu'à aboutir au sommet de l'Association de l'Est.

Comment expliquer ce qui s'est passé avec les Raptors? La croissance, l'amélioration personnelle, soutient le pilote. «On ressent de la gratification, mais pas de la satisfaction. Nous n'avons pas atteint notre objectif ultime. Mais il y a de la gratification, c'est vrai.»

«Il y a sept ans, nous étions au bas du classement, racontait-il. Nous étions au plus bas en attaque et en défense, et nous avons rebâti cette équipe. Vous l'avez tous vu dès le premier jour. Vous avez vu tous nos joueurs, DeMar DeRozan quand il était tout jeune, Kyle Lowry qui s'amène, on passe au travers de tous ces obstacles. Croyez-moi, ce n'est pas fini.»

Qu'est-ce qu'il y a dans l'eau?

C'est à se demander ce qu'on met dans l'eau à Toronto. Les Argonauts et le Toronto FC ont gagné leur championnat respectif l'an dernier. Cette année, les Maple Leafs et les Raptors ont connu des saisons records.

Les matchs de basket se déroulent dans une ambiance festive à Toronto, la musique rap accompagne l'action sur le terrain, il y a les meneuses de claques, les spectacles de percussion. La foule vibre au rythme des paniers réussis ou ratés. Pas question non plus d'être moins bruyant en fin de match.

Et qui est la première personne qui félicite les joueurs à leur sortie du terrain? Drake. Oui, oui, le vrai Drake, cet acteur devenu rappeur torontois qui a vendu des albums à coups de millions.

Le basketball «est devenu cool», explique Casey.

«Quand je suis arrivé, le basketball n'était pas spécial. Aujourd'hui, les jeunes à l'école de ma fille portent des vêtements des Raptors, des casquettes. C'est vrai que je leur en ai donné beaucoup. Tu vois de plus en plus de paniers dans les entrées de garage au lieu des filets. Toronto ne changera pas, c'est le royaume du hockey. Je respecte ça. Mais c'est devenu cool de jouer au basketball.»

Casey ajoute qu'il est ému de voir les jeunes jouer au basket dans les cours d'école, «même lorsqu'il fait sous zéro». Ça lui rappelle son enfance dans le Kentucky, où le basketball universitaire est élevé au rang de religion. Désormais, admet Casey, les amis de ses enfants disent qu'il est un moins que rien s'il perd.

«Heureusement qu'on ne perd pas trop», conclut-il en riant.

C'est la légèreté qui accompagne la victoire. Surtout, qui vient avec la confiance. En plus de DeRozan et Lowry, les Raptors comptent sur Serge Ibaka et Jonas Valanciunas. Sans oublier ce qu'on appelle le «bench», ces joueurs qui s'amènent en remplacement à différents moments du match.

Les Raptors rencontreront les Wizards de Washington demain pour le premier match de leur série de premier tour. Une victoire dans leur série et ils pourraient affronter les Cavaliers de LeBron James, contre qui ils ont perdu en demi-finale de l'Est l'année dernière et en finale de l'Est l'année précédente.

James vient de connaître l'une des meilleures campagnes de sa carrière. Mercredi, pour la 873e fois de suite, il obtenait 10 points dans un match. Il est sorti de la rencontre après 10 minutes de jeu, une fois ses 10 points obtenus, pour aller se reposer. Mais qui sait, cette saison sera peut-être celle où les Raptors sauront enfin comment vaincre l'un des plus grands de tous les temps.

«Notre chemin a été parsemé de hauts et de bas, a résumé DeRozan. Nous avons connu de bonnes et de mauvaises journées. Tant que tu gardes en tête que tu travailles pour quelque chose de plus grand que toi, tu accomplis des exploits plus grands que tu ne l'avais imaginé. Tu dois vivre l'échec pour comprendre ce que tu dois changer. Nous avons vécu des frustrations, mais nous avons appris et nous n'avons jamais brisé.»