Goran Dragic a élevé la petite Slovénie, nation de deux millions d'habitants, sur le trône européen en réussissant une finale monumentale, dimanche à Istanbul, où la Serbie, battue 93 à 85, n'a pas pu lui résister.

Le meneur du Heat de Miami a marqué 35 points, dont 26 lors d'une époustouflante première mi-temps. Virevoltant, le vétéran, âgé de 31 ans, a rendu fou les défenseurs serbes avec ses démarrages fulgurants et sa patte gauche ultra précise. Il a terminé par un chef-d'oeuvre ce qui devrait être sa dernière compétition internationale... même si ces derniers temps, il s'est montré moins catégorique quant à sa volonté de raccrocher.

C'est qu'un autre talent exceptionnel, le tout jeune Luka Doncic, est venu peupler la solitude du capitaine. À 18 ans, ce joueur ultra polyvalent, formé par le Real Madrid et annoncé dans les premières places du prochain repêchage de la NBA, est devenu son lieutenant idéal. De quoi lorgner vers le Mondial-2019 et les Jeux de Tokyo.

Doncic a failli être le héros malheureux de la finale. Dans une salle enfin remplie par des milliers de Serbes, et surtout de Slovènes, accourus au dernier moment, il s'est blessé à la cheville au milieu du troisième quart et n'est plus revenu sur le terrain. Il en était à 8 points, 7 rebonds et 2 passes et les Slovènes menaient par huit points.

Dominés jusque-là par l'adresse et l'énergie de leurs adversaires, les Serbes sont revenus inexorablement, dans le sillage de Bogdan Bogdanovic (22 points), et sont même passés un bref instant devant d'un point. Mais les Slovènes ont jeté toutes leurs forces dans la bataille et ont tenu le choc, en se passant sur la fin de Dragic, sorti exténué à trois minutes de la sirène.

Un naturalisé controversé

La Slovénie, république issue de l'ex-Yougoslavie, est le plus petit pays couronné depuis la Lettonie... en 1935. Au tour précédent, elle avait réussi l'exploit d'éliminer l'Espagne, tenante du titre et 23 fois plus peuplée qu'elle.

Cette nation n'a pas découvert le basketball hier. Elle a déjà eu de grands joueurs, comme Radoslav Nesterovic, qui joua dans la NBA dès la fin des années 1990, ou avant lui Jure Zdovc, qui mena Limoges au titre de champion d'Europe des clubs en 1993. Mais avec son petit réservoir, elle s'était rarement approchée du podium (4e en 2009).

Son titre doit aussi pas mal à l'attribution d'un passeport slovène à l'intérieur américain Anthony Randolph au mois de juin. C'est un peu là que le bât blesse car cette pratique des naturalisations de complaisance, le joueur du Real Madrid n'ayant aucun lien avec le pays qu'il représente, fait grincer beaucoup de dents. La Slovénie aurait-elle été championne d'Europe sans son apport (11 points en finale, 15 en demie)?

Le nouveau champion a aussi été favorisé par la cascade de forfaits qui a touché presque toutes les équipes (mais pas lui). Aurait-il battu l'Espagne en demi-finale si le tenant du titre avait pu compter sur Sergio Llull, puis la Serbie si elle avait eu au moins quelques-uns des sept vice-champions olympiques de 2016 qui manquaient à l'appel, dont le meneur des Clippers de Los Angeles, Milos Teodosic?