Le nouvel entraîneur des Raptors de Toronto, Dwane Casey, a été embauché pour son style défensif, mais il n'aura guère le temps d'inculquer un système efficace à sa jeune formation avant le début de la saison de la NBA.

«Le lock-out a compliqué la vie de tout le monde», a expliqué l'entraîneur qui a fait ses classes au Minnesota, à Dallas et à Seattle, avant d'aller passer une saison en Europe. «Le plus dur est sûrement de ne jouer que deux matchs hors-concours avant d'entreprendre la saison.»

Pour accélérer les choses, Casey a imposé deux séances d'entraînement quotidiennes à ses joueurs. Mardi dernier, tout l'état-major de l'équipe était réuni près du court d'entraînement des Raptors, au troisième étage du Centre Air Canada. Et on ne parlait que de défense.

«Cette équipe n'a pas de difficulté à marquer des points, mais elle en donne encore plus, a rappelé Casey. Ç'a donc été facile de convaincre les joueurs de mes priorités et nous n'avons travaillé qu'en défense jusqu'ici...»

Avec plus de 105 points accordés par match la saison dernière, les Raptors avaient effectivement l'une des pires défenses de la NBA (5e). DeMar DeRozan et Andrea Bargnani, les deux vedettes de l'équipe, ne sont pas réputés pour leur habileté à arrêter leurs rivaux, bien au contraire. Casey estime toutefois que les deux joueurs ont déjà beaucoup progressé en quelques jours d'entraînement, en partie grâce à l'arrivée du vétéran canadien Jamaal Magloire.

Mardi, le robuste centre de 6'10 a projeté DeRozan au sol quand celui-ci a voulu tenter l'un de ses «dunks» spectaculaires. Et il a aussi forcé Barnagni à être plus alerte sous les paniers. «Jamaal joue toujours avec la même intensité et se concentre sur sa défense, a souligné Casey. Avec lui, il faut frapper le premier, sinon on risque de se faire «couper» la tête!»

DeRozan, en qui plusieurs voient une future supervedette, porte déjà, à 21 ans, tous les espoirs de l'équipe. «Cela ne me pose pas de problème, a-t-il assuré. Après deux saisons d'apprentissage, je crois être prêt à prendre plus de responsabilités.»

Avec une moyenne de plus de 20 points par match dans la deuxième moitié de la dernière saison, DeRozan a prouvé qu'il pouvait produire en attaque. Mais saura-t-il s'épanouir dans un style plus défensif?

«Il a le talent et l'intelligence pour le faire, a assuré Casey. Briller en défense part habituellement d'une bonne compréhension de ses limites. Cela ne sert à rien de jouer les machos et de dire: «Je vais m'occuper de Derrick Rose, laissez-moi Kobe Bryant». Ces gars-là peuvent vous battre de toutes les façons. Il faut d'abord essayer de limiter leurs poussées, avant de penser à les arrêter.»

«Dans deux ou trois ans, parmi les meilleures équipes»

DeRozan a avoué qu'il avait déjà beaucoup appris au contact de Magloire, en commençant par se relever sans se plaindre. «C'est comme si j'avais frappé un mur, a expliqué le garde. Jamaal ne s'est pas excusé pour son geste et il n'avait pas à le faire. Son intensité est contagieuse et c'est bon pour l'équipe.»

Magloire n'a visiblement pas été embauché simplement pour être le «Canadien» de service. Natif de Toronto, le vétéran de 33 ans a dû attendre sa 12e saison pour enfin avoir la chance de jouer «chez lui». Son expérience sera un atout important auprès des jeunes vedettes de l'équipe.

«Le potentiel des Raptors est exceptionnel, a analysé le joueur. Dans deux ou trois ans, ils seront parmi les meilleures équipes. DeMar a tous les outils pour devenir un joueur étoile et les autres jeunes de l'équipe sont excellents.

«Mais ils doivent encore apprendre le jeu, apprendre à jouer en défense, à jouer en équipe. J'espère pouvoir leur donner un coup de main. Déjà, ils posent de bonnes questions, écoutent les réponses et les mettent en pratique.»

Malgré les connaissances de Casey et l'expérience de Magloire, les Raptors sont encore à au moins une ou deux saisons d'inquiéter les meilleures formations de la NBA. L'équipe, qui n'a fait aucune acquisition onéreuse, restera largement sous le nouveau plafond salarial et la direction assure qu'elle se montrera patiente.

DeRozan s'est pourtant fixé des objectifs élevés. Quand on lui a demandé quelle serait la mesure de son succès cette saison, il a répondu, très sérieux: «Atteindre les séries éliminatoires! C'est la seule statistique qui importe à mes yeux.»