Ils étaient venus pour voir LeBron James, et ils l'ont vu. Pas à peu près.

À son premier match à Cleveland depuis son départ pour Miami l'été dernier, le roi James s'est offert une grosse soirée, hier au Quicken Loans Arena. Au final, il s'est permis 38 points contre son ancienne équipe, et il a mené le Heat de Miami à une victoire facile de 118-90 sur les Cavaliers, devant une salle comble de 20 562 personnes.

«On savait que ça allait être un environnent hostile ici, alors on s'est assurés de rester concentrés sur le match, a expliqué un James soulagé. Je n'ai rien de mal à dire sur ces fans, j'ai passé sept belles années ici. Je comprends leur frustration. Mais je suis avec le Heat maintenant.»

LeBron a reconnu qu'il avait peu dormi la veille. «Je suis fatigué... Ce n'est rien de personnel entre ces fans et moi, et ce ne le sera jamais non plus. Je le répète, j'ai passé sept belles années ici. Je comprends la frustration des fans, mais je suis passé à autre chose.»

On s'attendait à de la casse, à beaucoup de casse pour ce premier match de LeBron à Cleveland dans un maillot ennemi. Et alors?

Et alors rien. Ou presque.

Bien sûr, le «traître» (c'est comme ça qu'on l'appelle par ici) a été hué. Souvent. Il a été hué lors de la présentation des joueurs, avant le match et pendant, dès qu'il touchait au ballon. La seconde qu'on voyait son visage sur l'écran géant, c'était un gros «bouuuuuuuuuuuu!» qui résonnait dans nos oreilles.

Mais rien de déplacé. Rien de vulgaire. Le pire, c'est quand la foule s'est mise à crier un vilain mot de sept lettres qui commence par A et qui finit par «hole». Le pire, c'était pas mal ça. Devant les caméras du réseau TNT, en plus.

«Encore une fois, je sais que ce n'est rien de personnel. Au bout du compte, ce n'est qu'un match de basketball. Les fans sont venus ici pour appuyer leur équipe, c'est ce qu'ils ont fait.»

En effet. Dans la rue, il y avait quelques personnes qui vendaient des choses spécialement pour l'occasion. Comme cette poupée vaudou à l'image de vous savez qui, qu'on pouvait se procurer pour 6$. Il y avait aussi ces T-shirts «Queen James» qui semblaient fort populaires.

Mais de la casse? Non, hormis ces quelques escarmouches dans la foule vers la fin, et ce fan du Heat qui a été arrosé de bière.

Confiant, LeBron s'est même permis son petit rituel de la poudre en l'air avant le début du match. Le coquin. Les fans ont hué, bien sûr. Et l'écran géant nous a montré LeBron en train de sourire.

Manifestement, les huées ne l'ont pas trop dérangé.

***

Ce n'était pas un match comme les autres. Que non. Trois heures avant le début, des camions de télé avec d'énormes antennes étaient déjà garés aux alentours du Quicken Loans Arena, dans le but d'attraper le roi James au passage.

C'est drôle. Hier, à Cleveland, tout le monde cherchait LeBron. Les fans, mais surtout les nombreux membres des médias.

Eh bien, vous voulez la meilleure? Je l'ai trouvé, moi, LeBron. Pas de blague. Imaginez-vous qu'il restait au même hôtel que moi, et au même étage en plus. Je le sais, je l'ai croisé dans l'ascenseur hier après-midi, trois heures avant le début du match. Il avait d'énormes écouteurs sur les oreilles, et il avait l'air très sérieux aussi. Puisqu'il joue maintenant à Miami, j'aurais aimé lui jaser un peu des Panthers et de l'héritage de Jacques Martin, mais je me suis retenu.

N'empêche que c'est lui qui a eu le dernier mot. Les fans de Cleveland n'ont peut-être pas encore oublié ce départ, cette «trahison». Mais LeBron James, lui, semble très bien s'arranger sans Cleveland. Ses 38 points d'hier soir en sont sans doute la meilleure preuve.