(Montréal) L’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a publié jeudi une étude qui révèle que les hommes veufs sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate à un stade avancé que les hommes mariés ou en couple.

Ces résultats d’analyse sont le fruit de trois ans de recherche qu’ont menés la professeure Marie-Élise Parent et la doctorante Charlotte Salmon. Cette dernière étudie les effets de l’isolement social sur le risque de cancer de la prostate.

« Des études ont déjà démontré que les personnes qui sont isolées ou pas mariées avaient une survie de cancer plus faible, explique la doctorante. Mais on ne savait pas s’ils étaient plus susceptibles de développer un cancer. »

Elle s’est donc penchée sur la question en s’attardant au cancer de la prostate, une maladie courante – la forme de cancer la plus répandue chez les hommes au Canada selon la Société canadienne du cancer – mais peu étudiée.

« Il y avait un besoin d’aller plus en profondeur », estime Mme Salmon.

Les hommes veufs sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate à un stade avancé, parce que sans l’encouragement d’un ou d’une partenaire de vie pour aller consulter, ils sont moins portés à le faire.

De telles conclusions peuvent servir à orienter les politiques de santé publique, affirme Mme Salmon, qui indique que « ces hommes pourraient bénéficier d’un suivi médical plus serré et du soutien de leur entourage ».

La doctorante explique que le taux de rémission du cancer de la prostate après cinq ans est de plus de 90 % s’il est diagnostiqué tôt, ce qui peut faire toute une différence.

Plus le cancer est détecté tard, plus il a de chance de se propager à d’autres parties du corps, ce qui fait chuter le taux de survie en dessous de la barre du 30 %.

La prochaine étape pour l’étudiante au doctorat sera d’évaluer si d’autres facteurs liés à l’isolement social accroissent les risques de cancer.

En d’autres mots, est-ce que le noyau familial et les liens sociaux forts en dehors du couple peuvent prévenir la maladie ?

D’autres facteurs de risque comme le mode de vie – l’alimentation, l’activité physique – ou l’état psychologique pourraient être en jeu et font l’objet d’études plus poussées dans le domaine scientifique.

Les recherches de Mme Salmon ont été menées dans le cadre de son doctorat à l’INRS, sous la direction de la professeure Marie-Élise Parent et de la professeure Amélie Quesnel-Vallée de l’Université McGill.

Les résultats ont été mis en évidence grâce à l’analyse de 12 études provenant du consortium international PRACTICAL en comparant 14 000 hommes nouvellement diagnostiqués d’un cancer de la prostate et 12 000 hommes sains.

L’étude a été publiée dans la revue European Journal of Epidemiology.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.