Un coup de foudre, ça arrive même pour une maison. Cupidon a frappé de plein fouet Jean-Louis et Dominique Mourain dès leur première visite à cette maison au pied du mont Saint-Bruno. «Oh oui, un véritable coup de coeur», affirme le couple à l'unisson.

Le couple rêvait d'une maison au milieu de la nature. Une nature domptée, ciselée, mais avec un pan sauvage. Ça tombait bien, le grand terrain de 6 acres proposait tout cela. «Il y avait un verger de pommiers et de poiriers, un potager, des arbres matures en avant comme en arrière et une forêt immense tout autour.» Comme dans leurs rêves. La vente s'est conclue rapidement.

La future maison des Mourain n'était pas mal non plus. En fait, elle était - et est toujours - charmante et... très grande.

La propriété aurait été bâtie en 1930 pour Lady Meredith sur un terrain adjacent au très discret (et très sélect) club privé de golf Mount Bruno Country Club. Il n'y a pas de voisins autour, à part une seule maison bien assise le long du chemin qui mène à la propriété des Mourain. Une immense forêt et les 400 acres du terrain de golf forment les alentours. Pourtant, on est à moins de 30 minutes du centre-ville de Montréal.

À première vue, la maison rappelle un livre de contes anglais. On imagine facilement une Beatrix Potter jaser avec ses lapins tellement on se sent transporté dans un autre monde. Les jolis carreaux des fenêtres, la parfaite symétrie des façades avant et arrière, les délicats éléments architecturaux, tout y est. Le terrain avant, finement manucuré, est entrecoupé de charmants passages en pierres ciselées.

Le couple a pris possession de la propriété en 2002. Auparavant, la maison appartenait à une collègue de Mme Mourain qui y avait vécu pendant quelques années avec ses quatre enfants. Les Mourain sont des inconditionnels de la Rive-Sud. Arrivés de France au Canada en 1969, ils ont immédiatement adopté la région et particulièrement la ville de Saint-Bruno. Malgré cela, ils ignoraient tout de cette propriété cachée.

Sous les arbres

Le bois très dense menant à la propriété laisse croire qu'on s'est peut-être trompé de route tant on se sent loin de la banlieue. On a croisé deux chevreuils et quelques renards sur le chemin du retour. Pourtant, les bungalows et les grandes propriétés ne sont pas très loin. Selon les Mourain, à part leur terrain et celui de leur voisin, aucune autre concession de lot n'a été accordée depuis la construction du terrain de golf en 1918. «Pour nous, c'était ce qu'il y avait de plus séduisant, cette tranquillité dans la nature.»

La maison a connu quelques transformations au fil des ans. La cuisine, par exemple, a été repensée après l'arrivée des Mourain. Moderne en raison de ses électros haut de gamme et de ses grandes surfaces de travail, elle a un look qui traverse le temps. «On l'a intégrée au style de la maison et on a même conservé certains éléments d'origine.» M. Mourain nous guide vers le panneau à clochettes relié aux chambres, qui signifiait aux domestiques lequel des pensionnaires avait besoin de leurs services.

«Comme dans Downton Abbey?

- Exactement!»

La véranda a aussi été rajeunie par l'ajout de fenêtres isolantes, qui transforment cette jolie galerie fermée trois saisons en une pièce supplémentaire inondée de clarté. D'ailleurs, il y a tellement de pièces en enfilade dans cette maison qu'on peut s'installer un peu partout pour lire ou pour contempler la nature sans jamais se rencontrer.

Chaque pièce à l'arrière de la maison profite de fenêtres à manivelles qui s'ouvrent sur le terrain. Nous avons visité la maison à la fin de l'automne et il restait encore quelques feuilles accrochées aux branches. Nous l'avons revue sous la neige et avons vu des photos prises en été. Peu importe la saison, nous serions restés confortablement assis sur l'une des chaises longues en rotin, celles-là mêmes qu'utilisait la première propriétaire.

Et comme si ce n'était pas assez, il y a cette seconde maison fraîchement rénovée, à quelques mètres de la résidence principale. Avec ses trois chambres et son sous-sol, elle peut très bien accueillir la visite. «C'était la maison des domestiques autrefois, nous l'avons complètement rénovée.»

Mais voilà. Le temps rattrape tout le monde et c'est le moment de passer à autre chose. Où aller quand la nature doit demeurer au coeur de sa vie? On reste à Saint-Bruno, bien sûr, sur un terrain boisé.

Photo fournie par Sotheby's International Realty Québec

La porte principale menant au vestibule rappelle l'âge architectural de la maison.

La propriété en bref

Prix demandé: 2 495 000 $

Année de construction: 1930

Pièces: 20 pièces comprenant 4 chambres, 4 salles de bains, 2 salles d'eau. 2 foyers au bois. Garage double détaché. Piscine creusée. Résidence secondaire (3 chambres) sur le terrain.

Évaluation municipale: 2 272 800 $

Impôt foncier: 14 572 $

Taxe scolaire: 4009 $

Courtier: Serge Bélanger, Sotheby's International Realty Québec

Photo fournie par Sotheby's International Realty Québec

Complètement refaite ces dernières années en raison de sa désuétude, la cuisine a conservé certains éléments d'origine comme le carrelage en terracotta et le petit panneau à clochettes (en haut à droite) qui servait autrefois à appeler les domestiques de la maisonnée.