C'est fou ce qu'on voit quand on se balade à vélo. Prenez Barbara Méthot qui, trois fois chaque semaine pendant des années, a fait le tour du mont Saint-Hilaire. «Je m'arrêtais toujours devant le même terrain pour admirer le panorama», se souvient la quadragénaire. On la comprend de vouloir souffler un peu en admirant la vue. Au-delà des pommiers (on est dans le royaume des vergers) et des hameaux, l'oeil s'étend jusqu'aux gratte-ciel de Montréal.

Mais, à notre arrivée, on nageait en plein brouillard. La montagne? Quelle montagne? Quand la brume s'est dissipée, on a tout compris.

Mme Méthot, qui habitait avec sa famille à Mont-Saint-Hilaire près du terrain de golf, cherchait un nouveau projet. «Un jour, durant une randonnée, j'ai vu une affiche "À vendre" sur la maison ancestrale du fameux terrain. J'ai appelé Éric immédiatement!»

La famille, papa, maman et leurs trois filles, en était à sa septième maison. Le grand terrain de 130 000 pi2 les interpelait. Le couple a plongé.

Éric s'y connaissait en bâti. Vous reconnaîtrez probablement son nom de famille, Bonneville, comme dans les Industries Bonneville. L'entreprise familiale construit des maisons depuis plus de 50 ans. Éric est le coprésident de l'entreprise. Il gère la production, la créativité et les nouveaux modèles de maison. «On voulait utiliser les technologies qu'on avait mises au point en créant une maison moderne avec des structures à l'ancienne. On voulait qu'elle n'ait pas d'âge, qu'elle soit aussi belle dans 100 ans! Le terrain se prêtait très bien à notre projet.»

Zoné vert, le terrain en pente était déjà doté d'une écurie et d'un manège à chevaux, un droit acquis qui permettrait aux propriétaires de conserver la vocation des lieux. Et, puisqu'ils envisageaient d'y installer plusieurs bâtiments, Éric et Barbara n'ont pas hésité à acheter une autre parcelle de terrain pour agrandir la superficie. C'est ainsi qu'ils se sont retrouvés avec 646 607 pi2, un immense territoire à quelques kilomètres du village. Qu'ils ont appelé le Domaine Mont-Saint-Hilaire.

Et quel domaine!

Photo fournie par Éric Bonneville

La salle de bains est équilibrée, un côté est le miroir de l'autre. Invisibles sur la photo, la douche et le cabinet de toilette, ainsi que les deux penderies de type walk-in.

Photo fournie par Éric Bonneville

Il y a quelques aires délimitées par des tapis au sol. D'abord, un coin jasette dans l'immense tourelle, le salon où se trouvent le foyer et la télé, et la salle à manger, véritable coeur avec sa table de 12 pi.

La construction 

La maison ancestrale, érigée en 1870, avait besoin d'amour. C'est par là qu'ils ont commencé. Ils l'ont habitée pendant la durée des travaux qui se sont échelonnés de l'automne à l'été en 2005-2006.

Puis, ils ont construit un garage à trois étages pouvant loger deux voitures au rez-de-jardin et une au rez-de-chaussée. De l'extérieur, l'édifice a les apparences d'un coquet cottage campagnard. Pourtant, l'intérieur abrite un atelier d'ébénisterie qui satisferait n'importe quel professionnel. «On a tout fait nous-mêmes et on avait besoin de cet espace», expliquent Éric et Barbara. Le père de Barbara, expert en construction, a fourni une aide inestimable. Il s'est éteint il y a deux ans, ce qui a créé un grand vide dans la famille. «Il s'était énormément investi dans notre projet», dit sa fille.

La maison a été imaginée pendant six mois, jusque dans les moindres détails. Il a fallu des permissions de la municipalité de Mont-Saint-Hilaire, qui est très pointilleuse quand il s'agit de conserver l'authenticité patrimoniale et unique de la région. «Par exemple, on ne pouvait pas mettre de briques sur la devanture, mais on pouvait mettre des pierres.» 

La raison? «Ce sont des chevaux qui auraient transporté les briques et l'escarpement du terrain ne leur aurait pas permis de se rendre jusqu'ici.» Pas bête! Ils ont pu utiliser des pierres, parce que le sol en est jonché: des petites, des moyennes et des immenses! Le mur entourant la piscine est entièrement fait de ces grosses pierres trouvées dans le sol.

Le terrain a aussi connu un relooking. «Il y avait des pommiers qui avaient été négligés et qu'on a dû enlever. On en a replanté 15.» Lors de notre passage, les branches, à côté du terrain de tennis, croulaient sous les pommes. Miam.

Le terrain, comme la région, se prête aussi à la viticulture. Éric a d'ailleurs fait venir un spécialiste pour s'assurer que des aspirants vignerons y trouveraient leur compte. «Le soleil brille ici du matin jusqu'au soir. C'est très faisable.» Aussi, parce qu'il y a un droit acquis pour installer une écurie, on peut très bien garder des chevaux sur place. Le zonage municipal le permet.

Enfin, Éric, fana de l'aviation, a construit un entrepôt pour avion tout au bout du terrain. «L'endroit permet de voler et bénéficie d'un droit fédéral pour d'autres activités aériennes.»

Le domaine est en vente parce que la vie change. Il est maintenant trop grand pour les besoins de la famille. Les filles, Kassandra, Gabrielle et Hilary, viennent de terminer leurs études universitaires et quitteront bientôt le nid.

Où se retrouveront ces bâtisseurs? À suivre.

La propriété en bref

> Prix demandé: 4 700 000$

> Année de construction: 2005

> Pièces: 12, dont 5 chambres, 3 salles de bains, 1 salle d'eau,4 autres bâtiments, dont une maison, une grange et un garage. Foyers, piscine creusée, cuisine extérieure.

> Superficie utile: 7000 pi2 incluant le sous-sol fini (approximativement)

> Évaluation municipale: 1 497 000$

> Impôt foncier: 11 183$

> Taxe scolaire: 2902$

> Courtière: Chantal Girouard, Re/Max Extra. 450-464-1000

Photo fournie par Éric Bonneville

Conçue par les propriétaires jusque dans les moindres détails, elle se veut fidèle aux anciennes cuisines. L'artisan embauché par le couple lui a conféré les commodités des cuisines modernes.

Photo fournie par Éric Bonneville

Il y a deux terrasses pour se rafraîchir. Celle-ci est près de la piscine. L'autre est en prolongation de la maison. Invisible sur la photo: le grand terrain de tennis achevé récemment.