On se rend au temple de la consommation en 10 minutes à pied, cinq à vélo, deux en auto, et pourtant, on est en pleine campagne où on doit protéger le potager des chevreuils ou des lapins!

Quand Charles Baudry a découvert ce terrain en 1994, l'autoroute n'existait pas, le centre commercial non plus. Il cherchait des champignons, il a trouvé une maison. Ç'a été le coup de foudre pour ce Français d'origine installé ici depuis 1965. Il n'a pas eu besoin de vendre l'idée à sa femme Annie qui, comme lui, sentait l'appel des vieilles pierres et du patrimoine. Ils ont donc acheté cette maison d'une société gouvernementale québécoise qui la louait. Classée patrimoniale au milieu des années 1970, la maison, d'abord appelée Banlier, puis Deschamps, date de 1811 et a alors un urgent besoin de rénovation. Le couple se sent d'attaque pour remettre le bâtiment en état: il embauche un architecte qui fait des plans, mais c'est l'ébéniste André Bolduc, amoureux des vieilles demeures, qui va mener le chantier. On fait disparaître des interventions malheureuses des années précédentes, comme des planchers recouverts de linoléum à carreaux noirs et blancs et des murs rose pâle... Les parquets sont refaits comme à l'époque: de larges lattes de pin noueux; c'est la première chose qui est réalisée afin que le bois prenne une patine occasionnée par les coups et contrecoups de la rénovation! Toutes les fenêtres sont remplacées et des lanterneaux sont posés sur le toit, lui aussi complètement remis à neuf. La cuisine, les cadres de porte et les plafonds sont travaillés dans l'esprit de la maison.

Photo fournie par Royal LePage Tendance

Contrairement à bien des maisons ancestrales, celle-ci a des plafonds d'une hauteur normale. Les poutres au plafond ont été ajoutées lors de la rénovation majeure effectuée à l'arrivée des nouveaux occupants. Le poêle à bois sert de chauffage d'appoint.

Photo fournie par Royal LePage Tendance

Une cuisinière à gaz, un bloc de boucher, des couteaux du chef; les indices pointent vers la vérité: le propriétaire est un ancien cuisinier professionnel à la retraite. La cuisine de bois a été faite par un artisan. En regardant la fenêtre, on constate l'épaisseur des murs

Après avoir habité Ville Mont-Royal et élevé deux garçons, Annie et Charles étaient prêts, il y a près de 20 ans, à relever ce défi. Ils ont aménagé cette maison pour eux deux seulement, mais avec des chambres pour Camille et Anaïs, leurs petites-filles; ces pièces ont d'ailleurs un écriteau avec leurs prénoms. Et grand-maman Annie a planté deux érables en leur honneur. Les fillettes ont d'ailleurs eu un pincement au coeur lorsqu'elles ont vu la pancarte «À vendre» sur le terrain... Quand on demande où ils veulent aller demeurer, Annie et Charles ne savent pas trop quoi répondre: probablement encore sur la Rive-Sud, dans moins grand à entretenir. Néanmoins avec un petit coin pour «gratouiller», comme le dit Annie, elle qui a aménagé de jolies plates-bandes au fil des ans.

Ce qui est étonnant ici, c'est de se retrouver sur une rue qui finit en cul-de-sac, au milieu de champs et de bois, dans un endroit où personne ne va (et dont on ne soupçonne même pas l'existence). Le courtier reçoit des appels de promoteurs qui voudraient sévir dans le coin, mais le secteur est zoné agricole et la Ville de Brossard n'a aucun plan dans ses cartons pour aménager ces terres, qui sont pourtant à un jet de pierre de commerces en tous genres et d'un quartier où bourgeonnent des maisons-châteaux. Si près, si loin.

La propriété en bref

> Prix demandé: 675 000$

> Année de construction: 1811

> Pièces: 14, dont 3 chambres, 1 salle de bains et une salle d'eau

> Comprend: tous les lustres, poêle au bois, rideaux, cuisinière à gaz, réfrigérateur, lave-vaisselle, aspirateur central, laveuse et sécheuse, système d'alarme

> Évaluation municipale: 460 700$

> Impôt foncier: 3218$

> Taxe scolaire: 1030$

> Courtier: Annabelle Levêque, Royal LePage Tendance, 514 608-3321

Photo fournie par Royal LePage Tendance

Baignoire sur pattes, lavabo sur piédestal et robinetterie de style ancien: on a rénové la salle de bains pour en améliorer le confort tout en respectant l'esprit de la maison. Un puits de lumière procure un bon éclairage à cette pièce sans fenêtre.

Photo fournie par Royal LePage Tendance

Au premier étage, la chambre principale bénéficie de la clarté d'une fenêtre et d'un puits de lumière. On accède à la mezzanine par une échelle de meunier située dans le couloir; à l'extrémité, une petite pièce servant de bureau remplace ce qui était le grenier.