Devant les rigueurs des éléments, tous les bâtiments ne sont pas égaux. Nous avons suivi de près la construction d'une maison la mieux adaptée possible aux caprices du climat. Visite de chantier.

Pour atteindre les résultats d'isolation et d'étanchéité souhaités en construction résidentielle, les bons matériaux doivent être placés aux bons endroits. Parce qu'une maison, ça respire... mais pas n'importe comment!

Le chantier dont nous a ouvert les portes l'entrepreneur Éric Robert, à Beloeil, avance à grands pas. Avant que les portes, les fenêtres et les revêtements intérieurs et extérieurs ne soient installés, allons y jeter un coup d'oeil pour voir comment on s'y prend pour satisfaire aux normes d'aujourd'hui en matière d'isolation et d'étanchéité.

Isolation

De nos jours, on construit les murs extérieurs avec des pièces de bois 2 X 6, plutôt qu'avec des 2 X 4. Cela donne des cavités de 5,5 po (14 cm) de profondeur entre les colombages, qu'on remplit d'isolant en matelas pour atteindre une résistance thermique de R20 à R22.

Le Code de construction intègre désormais la première mouture de la norme Novoclimat, dont l'une des grandes innovations consiste en l'obligation d'ajouter de l'isolant d'au moins R4 vis-à-vis les éléments d'ossature de bois. On place donc un isolant rigide sur toute la face extérieure ou intérieure des murs, alors qu'autrefois, on se contentait d'isoler les cavités.

Éric Robert préfère appliquer cet isolant sur la face extérieure. «De cette manière, nous pouvons installer les fils électriques et les boîtes des prises et des interrupteurs sur les murs intérieurs sans jamais découper le pare-vapeur et l'isolant.» L'époque des prises et interrupteurs qui laissent entrer de l'air froid est révolue!

Double barrière

Les matériaux isolants contiennent des milliers de pochettes d'air qui retardent la transmission de la chaleur, comme la laine d'un tricot. Les vêtements de la maison comprennent aussi un imperméable très élaboré, composé de deux barrières qui protègent des intempéries tout en laissant s'échapper les surplus d'humidité.

Les revêtements extérieurs servent à bloquer les assauts du vent et de la pluie. Peu importe leur composition (briques, lattes de bois, vinyle, aluminium), on doit s'attendre à ce que lors de tempêtes violentes, l'eau des précipitations les traverse. Au Québec, de nombreuses maisons ont été construites sans tenir compte de cette réalité. Emprisonnée, l'humidité crée de graves problèmes de moisissures.

Derrière le revêtement extérieur se trouve un mince jeu d'air entrecoupé de lattes de bois disposées à la verticale. L'eau peut donc glisser vers le bas. Elle doit pouvoir s'évacuer par de petites ouvertures au bas du parement, qui sont absentes sur beaucoup de maisons.

Une deuxième barrière contre les intempéries se trouve tout juste derrière les lattes de bois: la toile pare-intempérie (souvent appelée «house wrap» ou «Tyvek»). Sa composition particulière bloque le vent et la pluie, mais permet aussi à l'humidité qui proviendrait de l'intérieur de s'échapper.

Des entrepreneurs et des autoconstructeurs commettent parfois des erreurs qui peuvent emprisonner l'humidité qui se retrouve dans les murs. L'assemblage des matériaux autour des portes et fenêtres est primordial pour éviter ce problème. La semaine prochaine, Éric Robert nous dévoile toutes les précautions qu'il y met.

À propos de l'entrepreneur

Éric Robert, 39 ans, a d'abord été entrepreneur en charpente, puis constructeur de maisons de prestige. Construction Éric Robert érige aujourd'hui des maisons d'environ 500 000 $, à Beloeil. L'entreprise est récipiendaire d'un prix Domus 2017 et détentrice d'une cote AA de la Garantie de construction résidentielle.

L'isolation et l'étanchéité en trois étapes

Double isolation

Les murs fabriqués en usine sont livrés avec de la laine de fibre de verre déjà placée entre les 2 X 6 de la structure. Cet isolant en matelas fait 14 cm d'épaisseur, pour une résistance thermique d'au moins R20. Il est complété par un isolant rigide R4 sur la face extérieure des murs.

Barrière étanche

Une pellicule de plastique couvre toutes les faces intérieures des murs. Ce pare-vapeur empêche l'air chaud et humide de fuir vers l'extérieur. On prévient ainsi des pertes d'énergie et la formation de condensation et de moisissures à l'intérieur des murs.

Scellés

Aux jonctions avec les planchers et les plafonds, un trait de scellant acoustique est tiré pour y coller la pellicule pare-vapeur qui recouvre le mur. Ces jonctions deviennent ainsi tout à fait étanches.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Une pellicule de plastique couvre toutes les faces intérieures des murs. Ce pare-vapeur empêche l'air chaud et humide de fuir vers l'extérieur. On prévient ainsi des pertes d'énergie et la formation de condensation et de moisissures à l'intérieur des murs.