Ça y est, la neige a fondu, revoilà le gazon. Mais il a mauvaise mine et exigera beaucoup d'entretien. Sauf si vous décidez de vous libérer de la dictature de la pelouse... Voici comment.

Tondre. Arroser. Aérer. Ensemencer. Fertiliser. Tondre. Épandre herbicide et pesticide. Arroser. Tondre. Arroser. Recommencer.

C'est le prix à payer pour obtenir le gazon parfait - dru et ras comme un tapis, d'un beau vert jade, sans l'ombre d'un pissenlit. Mais de plus en plus de gens remettent en question cette drôle d'idée de dépenser autant de ressources pour faire pousser quelque chose de rigoureusement inutile. Sans parler de tout ce temps qu'on pourrait passer dans le hamac avec un bon bouquin.

Plusieurs solutions de rechange permettent de ranger à jamais la tondeuse et le coupe-bordure. Le hamac, toutefois, devra attendre un peu, mais ce sera pour le mieux.

En voici quelques-unes.

Le potager intégral

On se souvient peut-être de Josée Landry et Michel Beauchamp, ce couple de Drummondvillois qui avaient semé, en même temps qu'un immense potager devant leur maison, l'émoi dans leur quartier, au Québec et dans le monde. La municipalité, jugeant que la chose dérogeait aux règlements, les avait sommés de remettre de la pelouse sur leur terrain, comme tout le monde. Ils se sont battus. Ils ont gagné.

Depuis, leur jardin prospère et fait école. Ils ont écrit un guide sur le jardinage urbain accessible gratuitement en ligne. Ils ont même été pressentis par le célèbre architecte américain Fritz Haeg pour collaborer à son projet appelé Edible Estates («terrains comestibles»), une série de 15 jardins urbains aménagés un peu partout dans le monde, dans le but exprès de remplacer le gazon par quelque chose d'utile.

Pas mal pour deux novices qui n'avaient jamais cultivé qu'un ou deux plants de tomates! Cette année, Josée Landry entame avec enthousiasme sa quatrième saison de jardinage. «C'est sûr que ça demande un peu de travail - peut-être deux matinées par semaine -, mais ce n'est rien comparé aux avantages que nous en retirons», dit-elle.

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lepotagerurbain.blogspot.ca

fritzhaeg.com

Le pré fleuri

Il s'agit de semer, une fois la pelouse retirée et le sol bien préparé, un assortiment de plantes indigènes pour transformer son terrain en bucolique champ de fleurs sauvages. Échinacée, lupin, monarde, achillée, gaillarde, épilobe fleuriront tout l'été, année après année, en plus d'attirer libellules et papillons. Cela demande un certain investissement au départ (selon la qualité et le type de semences ainsi que la superficie à couvrir) et des soins dans les deux ou trois premières années, mais après, aucune tonte, zéro fertilisant - le rêve du jardinier paresseux!

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Quelques fournisseurs de semences indigènes: 

horticulture-indigo.com 

pepiniererustique.com

Le gazon sauvage

Autre méthode pour jardiniers encore plus paresseux: le gazon «sauvage», suggestion de la Pépinière rustique. On cesse de tondre, tout bonnement. Puis on introduit çà et là quelques plantes indigènes, qui auront vite fait de se reproduire et de se répandre. À lire aussi sur le blogue de l'entreprise, quelques bons conseils pour que, malgré tout, le terrain n'ait pas l'air à l'abandon.

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pepiniererustique.wordpress.com

Le couvre-sol

Ce sont des plantes basses ou rampantes qui peuvent supporter à des degrés divers, le piétinement, la sécheresse ou l'ombre. Le thym serpolet et le trèfle comptent parmi les plus populaires, mais il existe là encore des mélanges de semences sauvages (pâquerette, sédum, achillée mille-feuilles, fraisier sauvage, etc.) du plus bel effet. Le site jardinage.net propose une pléthore d'espèces qui peuvent convenir à cet usage (et regorge par ailleurs de conseils judicieux sur un tas d'autres sujets).

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Jardinage.net

La pelouse «mixte»

Le principal problème avec la pelouse traditionnelle, c'est que l'espèce qui la compose, le pâturin des prés (ou du Kentucky), exige beaucoup d'engrais et résiste mal aux parasites, notamment parce qu'il s'agit d'une monoculture. Solution: la biodiversité. On trouve sur le marché des mélanges à entretien minimum qui contiennent des plantes moins exigeantes que le pâturin, comme la fétuque durette, la fétuque gazonnante, l'ivraie, le trèfle blanc ou le lotier corniculé. Résultat: zéro pesticide, zéro engrais, peu d'arrosage, tonte minimale. Par ici le hamac!

PHOTO FOURNIE PAR JOSÉE LANDRY ET MICHEL BEAUCHAMP

Le jardin de Josée Landry et Michel Beauchamp, à Drummondville.