Quand ils ont magasiné leur première maison à Québec, Sabine et Olivier Cotard avaient un critère très important: que toutes les chambres soient à l'étage. «Il était hors de question que mes enfants dorment au sous-sol», raconte la jeune mère de famille en rigolant.

Quand ils ont magasiné leur première maison à Québec, Sabine et Olivier Cotard avaient un critère très important: que toutes les chambres soient à l'étage. «Il était hors de question que mes enfants dorment au sous-sol», raconte la jeune mère de famille en rigolant.

Comme plusieurs immigrants, ce couple de Français a été très surpris de constater qu'ici, les sous-sol sont aménagés et que les gens profitent de cet espace pour installer des chambres ou une salle familiale. «Les sous-sols, on ne s'y fait vraiment pas», ajoute Sabine. Mais ses deux filles, elles, par exemple, ont vite apprivoisé cette aire de jeu et sont de «vraies Québécoises» à cet égard.

Le Marocain d'origine Mohamed El-Khayat a, lui aussi, rapidement trouvé des avantages au sous-sol aménagé. «C'est très pratique en été lorsque c'est la canicule !» souligne-t-il. Ce qui l'a surtout surpris en arrivant au Québec en 1987, ce sont les portes vitrées des maisons. Au Maroc, ainsi que dans plusieurs pays méditérannéens, les portes sont mieux protégées et sont souvent recouvertes de métal ou d'un grillage. Et que dire du béton, peu utilisé ici dans la construction des maisons. «Je trouvais que ça ressemblait à des maisons de dessins animés ! remarque-t-il. Et je n'avais jamais vu de murs de gyproc. Tu donnes un coup dans le mur et ça traverse.»

La construction des maisons québécoises a également étonné Marcelo Ortiz, un Équatorien qui vit au Québec depuis 25 ans. «J'ai été frappé par les mises en garde qu'on nous fait souvent pour réagir rapidement en cas de feu. En Équateur, ce sont les tremblements de terre qui nous inquiètent surtout», souligne le musicien. L'utilisation du bois et du gyproc dans les résidences permet aux entrepreneurs québécois de bâtir très rapidement. «Ici, tu peux avoir une maison construite en six mois, c'est incroyable !» dit M. Ortiz.

Maisons nord-américaines

Est-ce que ces particularités sont propres aux demeures québécoises ? Pas tout à fait, indique Yves Laframboise, ethno-historien et auteur de plusieurs ouvrages sur les maisons du Québec. Nos habitations ont de nombreuses caractéristiques nord-américaines, comme l'aménagement du sous-sol et l'utilisation prépondérante du bois. «C'est lié en bonne partie à l'apparition du bungalow après la Deuxième Guerre mondiale», souligne-t-il, ajoutant que les entrepreneurs utilisent souvent les ressources disponibles localement. Et au Québec, le bois est très accessible.

En France, dans certaines régions, c'est la roche calcaire qui est utilisée, tandis qu'au Maroc on a beaucoup recours à la chaux et que dans plusieurs pays sud-américains, le béton est omniprésent. M. Laframboise constate cependant que les maisons du Québec sont de moins en moins différentes que celles du reste du monde. Avec la mondialisation, on retrouve le même plancher flottant partout, souligne-t-il. «Il y a moins de différences car les matériaux et les gens voyagent.»

Histoires de piscine

Mais il existe bel et bien des «spécificités québécoises», comme la prolifération des piscines sur les terrains. «Ce qui m'a surtout surprise c'est que les piscines sont en dehors de la terre, et rondes en plus !» affirme Martha De Montenero, une Mexicaine qui a suivi le chemin de l'amour jusqu'au Québec il y a 10 ans. Au Mexique, seulement les plus nantis ont des piscines sur leur terrain et elles sont creusées et de forme rectangulaire.

Sabine Cotard a, pour sa part, bien du mal à comprendre pourquoi les Québécois installent des piscines sur de petits terrains. «Il n'y a rien d'autre dans le jardin. Il n'y a même pas de place pour que les enfants jouent», remarque-t-elle, ajoutant avoir fait enlever la piscine qui se trouvait sur le terrain lorsqu'ils ont acheté leur maison à Cap-Rouge. «On y a fait installer à la place des balançoires et des jeux pour les enfants.»

Une autre différence marquée réside dans la division intérieure des maisons. La désignation des logements (2 1/2, 3 1/2, etc.) laisse notamment plusieurs nouveaux arrivants pantois. «Au début je me demandais c'était quoi la demie !» rigole Martha De Montenero. Sabine Cotard a trouvé étonnant le fait que la toilette soit dans la même pièce que la salle de bains. «Ça m'a vraiment choquée ! En France ce sont des pièces distinctes, c'est plus pratique.»

Importance de la cuisine

Trân Triêu Quân, du Viêtnam, fondateur de Norbati Consultants Trân & Associés inc., a constaté de son côté que la cuisine occupait une place importante dans les maisons québécoises. Elle est grande et généralement ouverte sur la salle à manger ou le salon. «Chez nous, c'est une pièce fermée à l'arrière de la maison ou même à l'étage d'en dessous», explique-t-il. Enfin, le grand corridor qu'on retrouve dans plusieurs maisons ou appartements continue de surprendre. «Beaucoup de maisons sont comme ça, raconte Marcelo Ortiz, qui a pris le temps de visiter plusieurs résidences avant d'en choisir une très éclairée. C'est très sombre et désagréable. Tu te sens dans un tunnel», lance-t-il.

En dépit de ces particularités, les immigrants qui ont choisi de vivre ici embrassent ces petites différences avec joie et les oublient rapidement. «L'accès à la propriété est plus facile au Québec. C'est une grande richesse», croit Mohamed El-Khayat.