Aux grands maux, les petites maisons. Bien que fatale pour plusieurs, la pénurie du logement n’aura pas eu raison de Mariel, employée de la brasserie La Mouche, qui, après de multiples tentatives pour trouver un logement à Natashquan, se réjouit enfin de sa nouvelle propriété.

Ce n’est pas une mince tâche que de se trouver un logement en tant que travailleur(euse) dans la région, que ce soit sur une base annuelle ou saisonnière. Et encore moins, d’en trouver un à un prix abordable. Mariel Jomphe pourrait en témoigner longtemps.

Après un peu plus d’un an à fouiller sans relâche, ni grand succès pour trouver une maison à louer ou un terrain abordable à acheter, l’option de la minimaison est finalement apparue comme la meilleure alternative pour la brasseuse qui ne pouvait se résoudre à continuer de vivre en colocation.

Toute de cèdre vêtue, cette propriété de 128 pieds carrés bâtie par CAMM, une jeune entreprise de Matane qui se consacre entièrement à la construction d’Abris et de Micromaison, permet enfin à Mariel d’avoir son « chez soi » dans son village d’adoption.

Minimalisme

Si la minimaison regroupe tout le nécessaire pour vivre confortablement, elle représente tout de même un espace restreint qui nécessite une certaine adaptation, explique la jeune femme originaire de Havre-Saint-Pierre qui ajoute qu’en choisissant le chemin de la minimaison, on choisit aussi celui d’un mode de vie plus simple.

« Avoir des objets c’est beau, mais est-ce que j’en ai vraiment besoin ? Est-ce que je les utilise ? Est-ce que ça m’apporte quelque chose ? » Questionne-t-elle en vrac. La réponse, elle, tient en un mot : « minimalisme ».

« Vivre avec peu te fait plus apprécier ce que tu as. Avoir un plus petit espace de vie te force à avoir le strict minimum et tu y prends goût un peu. Tout ce que j’ai, je l’utilise, explique-t-elle. La minimaison c’est un peu dans ce sens-là, c’est petit, t’es proche de tes affaires, c’est juste des choses qui t’apportent du bien. Ça te force à faire le ménage plus souvent aussi et à ralentir ».

Qui dit « minimaison » ne dit pas nécessairement « mini espace », ajoute la propriétaire pour qui le modèle lui permet non seulement un contact privilégié avec la nature qui l’entoure, mais aussi de bâtir divers projets autour de son « cocon ».

Elle envisage ainsi ajouter à sa construction de base une annexe qui lui permettrait d’héberger un poêle à bois et un espace salon, en notant qu’elle devra faire attention puisque la réglementation de la municipalité exige qu’elle puisse continuer de pouvoir déplacer son habitation, étant donné son format.

Devenir propriétaire

Bâtir un projet et devenir propriétaire : deux envies qui habitaient Mariel depuis son arrivée au village, mais qui lui apparaissaient difficilement atteignables, en raison notamment du prix des matériaux élevés et de la difficulté de trouver un terrain abordable.

D’autant plus que la maison louée ne lui permettait pas d’assouvir le désir d’engagement et d’investissement de la jeune propriétaire de 22 ans. « Une maison louée ce n’est pas un projet, exprime-t-elle. J’avais envie d’une place où je pouvais emmener mes idées, mes projets de constructions, faire quelque chose que j’aime et où je me sens vraiment chez moi ».

Derrière cette volonté de vivre de façon plus écoresponsable se cache inévitablement la possibilité, non négligeable, d’accéder à la propriété à moindre coût. Et c’est le modèle de la minimaison qui lui aura permis d’accéder à son rêve.

Un modèle viable pour répondre à la crise du logement ?

Potentiel de logement, empreinte écologique réduite, coûts réduits : le modèle de la minimaison représente-t-il la promesse d’un modèle viable pour répondre à la pénurie de logements ?

Fanny Lachambre, coordonnatrice de la COPACTE, reconnait l’avantage du modèle de la minimaison en raison notamment de leurs bas prix et de leur faible empreinte écologique, en y ajoutant cependant une nuance.

« Quand on parle de redynamiser le tourisme, on parle aussi d’attirer des familles et donc la micromaison devient moins une solution à long terme. Elle va accueillir des travailleurs oui, mais si les personnes décident de s’établir et de fonder une famille, le manque d’espace peut devenir un problème », explique-t-elle en mentionnant que l’option demeure toutefois très intéressante, pour des périodes de « passation ».

Le nouveau maire de la municipalité de Natashquan, Henri Wapistan, estime lui aussi que l’initiative de Mariel pourrait s’articuler comme une réponse positive à la crise de logement qui pèse lourd sur la région et prévoit donc engager une réflexion en ce sens.