John Gomery et sa femme, Pierrette Rayle, ont acheté leur propriété de Havelock le jour même où ils l’ont visitée. Pourtant, la journée ne laissait présager rien de bon. « C’était un samedi de novembre, il pleuvait, il faisait froid. Et on partait en voyage le lundi ! Disons que ce n’était pas le meilleur moment pour visiter une propriété de campagne », se souvient Mme Rayle, qui en rit aujourd’hui.
« On est sortis de la voiture, on est entrés dans la forêt et… la magie a opéré. On est immédiatement tombés sous le charme de cette vieille forêt majestueuse. » Le couple est retourné à l’auto avec l’intention de préparer une offre d’achat. « Et c’est là que le courtier nous a demandé si on voulait visiter la maison. On a réalisé qu’on l’avait oubliée ! »
L’anecdote de famille a probablement été racontée mille fois, mais elle illustre bien la fascination indéniable pour ces arbres centenaires. Et la volonté du couple de protéger ce joyau naturel. « La forêt, c’est comme une immense cathédrale. Les arbres sont magnifiques. Il nous semblait essentiel de sauver ces géants aux pieds d’argile. »
La forêt occupe presque la totalité du terrain de 140 acres. Pour comprendre la grandeur du lotissement, il faut imaginer marcher d’un pas ferme au moins 25 minutes pour le parcourir d’est en ouest. Beaucoup plus si on s’aventure sur le périmètre pour en faire le tour. Outre les arbres, il y a 30 acres de terres agricoles, un étang, une érablière, des potagers, des jardins cultivés, des bâtiments de ferme et une douzaine de belles vaches qui se promènent, bienheureuses, de la forêt au pacage.
John Gomery est bien celui que vous pensez. Le juge, qui s’est fait connaître lors de la Commission canadienne d’enquête sur le scandale des commandites qu’il présidait, a acheté la propriété de Havelock en 1991. Lui, sa femme, leurs enfants et huit petits-enfants ont passé de merveilleuses années dans ce coin du sud-ouest de la province à un jet de pierre de Covey Hill. Il nous a malheureusement quittés en mai, et Mme Rayle souhaite maintenant vendre l’immense terrain et ses bâtiments en un seul bloc. Dont la fameuse maison.
Rénos extrêmes
La fiche technique du courtier indique que l’âge de la maison est inconnu. C’est que la propriété a connu de nombreuses modifications, mais Mme Rayle croit que le bâtiment d’origine daterait du milieu du XIXe siècle. « Quand on l’a achetée [après l’avoir finalement visitée !], il y avait trois maisons rattachées l’une à l’autre, explique-t-elle. C’était une résidence de cultivateurs qui devait réunir plusieurs membres de la famille. » À l’étage, on comptait de nombreuses chambrettes, mais une seule salle de bains, alors qu’il n’y en avait aucune au rez-de-chaussée. La maison manquait de cohésion et n’était pas très pratique pour recevoir famille et amis.
Pendant cinq ans, le couple y a vécu sans faire de rénovations.
On étudiait nos comportements, nos besoins, nos habitudes. Puis, on a fait appel à une architecte, Andrea Wolff, d’Architem, qui nous a dessiné les plans qu’on a fait exécuter.
Pierrette Rayle, propriétaire
Le couple de juges, des gens occupés, a vécu parmi les rénovations durant les six années qui ont suivi. « Heureusement, on avait la même vision. »
Le bâtiment est maintenant méconnaissable même si des divisions sont restées, structure oblige. On est ici dans une véritable maison de ferme, décorée comme il se doit avec des matériaux nobles et, en prime, une grande galerie qui borde les murs extérieurs.
À l’intérieur, chaque pièce a sa vocation et est délimitée par des cloisons. On a ajouté des pièces, démoli d’autres et rajeuni l’ensemble sans dénaturer la propriété. Il y a un solarium adjacent à la bibliothèque et une superbe verrière à l’extrémité sud qui reçoit le soleil du matin au soir.
On a ajouté une salle d’eau pour les visiteurs et, à l’étage, une salle de bains adjacente à la chambre principale ainsi qu’une autre pour les invités qui y passent la nuit. On a éliminé un des trois escaliers, laissant davantage d’espace en haut comme en bas. La cuisine comporte tout le confort moderne et est assez vaste pour que plusieurs cuistots puissent travailler en harmonie.
Des fenêtres, on peut admirer la Covey Hill, une avancée des monts Adirondacks, cette longue chaîne de hautes collines qui longent la frontière entre l’État de New York et la province. Selon Mme Rayle, le panorama est encore plus saisissant en hiver. « Je fais du ski de fond dans les sentiers, la vue est extraordinaire. »
Nous visitions la propriété en pleine journée de canicule, et la piscine creusée nous faisait de l’œil. Mais c’est la verdure de la forêt, luxuriante et abondante, qui nous a séduits. Il devait y avoir une différence de 10 °C entre le terrain sous le soleil et celui des sentiers forestiers. « Raison de plus pour laisser cette forêt vivre en paix. C’est la terre qui nous reçoit. Ici, nous ne sommes que des invités », nous a répété Mme Rayle. Une leçon à retenir.
Consultez la fiche de la propriétéLa propriété en bref
Prix demandé : 2 250 000 $
Année de construction : inconnue. Rénovée de 1997 à 2003 Pièces : 20 pièces comprenant 5 chambres, 2 salles de bains, 1 salle d’eau, 1 foyer au bois et 1 poêle au bois ; bâtiments de ferme, poulailler et cabane à sucre, garage quadruple, piscine creusée
Superficie du terrain : 140 acres ou 6 147 909 pi2
Superficie habitable : 3500 pi2
Évaluation municipale : 771 700 $
Impôt foncier : 2397 $ (2016)
Taxe scolaire : 313 $ (2016)
Courtiers : Christina Miller, Profusion Immobilier, et Patrick Wiltshire, RE/MAX Platine