Jessica Boulanger encourageait l’achat local bien avant la pandémie. Quand a germé le projet fou de construire deux chalets locatifs à Mandeville, dans Lanaudière, l’idée de ne soutenir que des entreprises de la région, ou à tout le moins du Québec, s’est naturellement frayé un chemin.

Son partenaire dans la vie et en affaires, Tomy Bélanger, connaît bien les environs. Il a passé les étés de sa jeunesse aux abords du lac Deligny, à Mandeville. Il a construit son propre chalet non loin de celui de sa grand-mère et il a acheté un vaste terrain, donnant sur les lacs Deligny et Noir. Il a aussi acquis le chalet de sa grand-mère. Lorsque le couple s’est mis à le louer, il a reçu plusieurs commentaires élogieux sur la région. « On a réalisé qu’on avait un bijou entre les mains », révèle l’entrepreneur.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Jessica Boulanger et Tomy Bélanger ont misé sur l’achat local, lors de la construction des deux premiers chalets de Locations Authentik, dans Lanaudière.

Ayant trouvé refuge au chalet, en mars 2020, avec son conjoint et les trois enfants de leur famille recomposée, Jessica Boulanger a mis à profit le précieux temps à sa disposition pour préparer et lancer, avec son conjoint, la construction des deux premiers chalets de l’enseigne Locations Authentik.

La femme d’affaires de 31 ans a fait des listes. « Tous les produits choisis ne sont pas nécessairement fabriqués ici, parce que ce n’est pas toujours possible, précise-t-elle. Il ne se fait plus par exemple d’électroménagers. Mais on voulait encourager des commerces locaux. C’est pourquoi, dans le cas des électroménagers, on a opté pour Corbeil Électroménagers, qui a entre autres une succursale à Joliette. »

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Le chalet Symbiose, au plafond en pin, est vitré sur trois côtés.

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Le chalet Symbiose se trouve en pleine nature, avec une vue sur le lac Deligny. Son plafond est en pin.

Dans certains cas, elle a établi des partenariats avec des entreprises en échange d’une certaine visibilité. Dans d’autres, elle a obtenu des rabais similaires à ceux accordés à de fidèles clients ou à des designers d’intérieur.

« Jessica a visé large, en faisant construire deux chalets aux designs très différents, explique Tomy Bélanger. Elle cherchait à savoir qui pouvait l’aider autant dans la construction que dans la déco. Le but n’était pas nécessairement d’obtenir des rabais, mais de créer une communauté et de partager mutuellement les informations sur les réseaux sociaux. »

Le chalet au lac Deligny, dénommé Le Symbiose, a été conçu de concert avec l’architecte Daniel Barrette. Des plans ont par ailleurs été achetés auprès de Dessins Drummond pour réaliser le chalet au lac Noir, appelé Le Nordik. Le concept s’est défini en cours de route. Chacun se distingue et a ses caractéristiques particulières.

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Le Nordik donne sur le lac Noir. Il comporte un foyer à trois faces, visible d’un peu partout au rez-de-chaussée.

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Les deux chalets comportent un filet suspendu au-dessus de la cuisine (confectionné évidemment au Québec), qui permet de relaxer et d'admirer la vue.

« J’avais deux styles en tête et je ne savais pas lequel choisir, indique Mme Boulanger. L’un est plus scandinave et l’autre, de type farmhouse. Je voulais offrir deux options. »

Afin de préserver la quiétude des voisins autour des lacs, les chalets presque entièrement vitrés avec vue sur l’eau sont haut de gamme, et peuvent accueillir huit personnes. Destinés à des familles à la recherche d’un bel endroit où se retrouver et faire du sport, ils sont loués entre 350 $ et 480 $ la nuit, selon la période de l’année.

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D’un style complètement différent, le Symbiose est entouré d’arbres et surplombe le lac Deligny, à Mandeville.

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Le quai pour se rendre au lac Deligny mesure une cinquantaine de pieds (une quinzaine de mètres de long).

Accueil positif

Les consommateurs s’intéressent de plus en plus à la provenance des produits, constate Jonathan Lefrançois, copropriétaire de la Quincaillerie Piette, affiliée à Rona et située à Saint-Gabriel-de-Brandon. « Les délais pour obtenir des produits importés de Chine étant énormes et les frais de transport, exorbitants, les manufacturiers québécois peuvent mieux se défendre et tirer leur épingle du jeu », se réjouit le commerçant, qui tient à préciser que les fournisseurs sont demeurés les mêmes depuis l’acquisition de l’enseigne Rona par l’entreprise américaine Lowe’s.

Selon lui, la démarche de Jessica Boulanger demeure singulière. « Elle a fait ses devoirs, précise-t-il. Elle avait des questions précises sur la fabrication des produits. C’était un beau défi, que j’ai eu du plaisir à relever. »

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Le filet suspendu accentue l’impression de se trouver en vacances.

Matelas Bonheur est l’une des firmes interpellées par la nature du projet. « La compagnie a été fondée par mon père il y a plus de 30 ans et est 100 % québécoise », précise Valérie Bachand, cheffe de marque pour la division Jump, adaptée à la vente en ligne avec ses matelas de mousse à prix accessibles offerts dans une boîte.

« Quand je vais dans un chalet, j’aime bien dormir, précise-t-elle. Pour moi, cela avait du sens que Jessica mette des matelas Jump dans ses chalets. Cela nous donne de la visibilité par l’entremise des réseaux sociaux et les gens ont la chance de les essayer. S’ils les aiment, ils auront un rabais. Et à notre tour, nous avons encouragé une entreprise québécoise en lui offrant un prix en gros. »

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Les deux chalets, conçus pour accueillir deux familles, comportent trois chambres. L’une d’entre elles fera le bonheur de quatre enfants, avec ses lits simples superposés. Les deux autres chambres renferment chacune un grand lit.

Groupe Amiel, qui a acheté Corbeil Électroménagers et dont le siège social se trouve à Laval, a aussi prêté une oreille attentive. Locations Authentik s’inscrit en effet dans les principes de responsabilité sociétale que l’entreprise s’est engagée à respecter et qui s’appuient sur quatre piliers, explique Charles Loic Danan, chef de la direction du marketing de l’entreprise.

« Le projet est design et il est axé sur la détente et le plaisir de se retrouver autour de la table en famille, explique-t-il. Dans le cadre de notre engagement communautaire, nous nous trouvons à encourager une entreprise locale. Par ailleurs, en ce temps de COVID, qui a été difficile, nous voulions apporter du réconfort à la communauté. Nous avons donc établi un partenariat de visibilité, en faisant tirer deux nuitées sur les médias sociaux. »

Dans des marchés hautement compétitifs, tous gagnent à se faire connaître.

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