Rester ou déménager ? Pour certains, la question ne se pose pas. La Presse est allée à la rencontre de gens qui habitent la même maison depuis des années et nous racontent pourquoi ils sont bien chez eux.

Francine St-Denis et Yvan Cardinal

Ville : Pincourt

Habitent leur maison depuis : 39 ans

Type de propriété : Unifamiliale-bungalow

Le couple occupait un quadruplex à LaSalle. Francine St-Denis, enceinte d’un deuxième enfant, et son conjoint Yvan Cardinal cherchaient une maison unifamiliale qui répondrait mieux à leurs besoins. C’était à une époque où les taux d’intérêt pouvaient atteindre 18 ou 19 %. À cette époque, déjà, habiter Montréal coûtait plus cher qu’ailleurs. « Après Pierrefonds, Dollard-des-Ormeaux, la courtière nous a parlé de Pincourt en nous disant qu’une fois traversé le pont de Sainte-Anne-de-Bellevue, les prix baissaient », se souvient Mme St-Denis. « On connaissait le nom, Pincourt, parce que lorsqu’on allait camper à Saint-Lazare, on passait par là. C’était tout. Personne dans notre entourage n’y habitait », poursuit-elle.

Dans cette petite municipalité en banlieue de Montréal entourée d’eau, le couple n’a visité qu’une seule maison : une maison modèle d’un entrepreneur qui pilotait un projet d’ensemble résidentiel dans le secteur. D’un côté de la rue, on avait choisi de laisser une rangée d’arbres à l’avant et à l’arrière des maisons, ce qui a séduit les acheteurs. « En arrivant, il y avait déjà de beaux arbres matures, alors que de l’autre côté de la rue, on avait tout rasé. La différence était flagrante, c’était noir et blanc », illustre Yvan Cardinal.

Leur choix s’est arrêté sur une maison de style canadien avec une grande galerie à l’avant, trois chambres à coucher et une belle cour à l’arrière. « On aimait l’environnement, l’école était tout près, on ne se sentait pas trop éloignés de ce que l’on connaissait plus près de Montréal », énumèrent-ils ensemble. « Tout y était, même la déco. Il ne restait plus qu’à déménager et à accrocher les cadres aux murs », se rappelle Francine St-Denis. « On a quand même failli perdre la vente, poursuit son conjoint. On avait demandé de garder les rideaux, mais l’entrepreneur ne voulait pas. Il a fallu négocier ! » C’est donc en octobre 1980 que la petite famille emménage à Pincourt. Et c’est dans cette maison que les trois enfants du couple ont grandi.

S’impliquer pour le bien de la communauté

La première chose dont nous parle Mme St-Denis lorsqu’elle décrit son amour pour la maison, le quartier et la ville, c’est son engagement personnel et l’importance qu’elle accorde à l’esprit de communauté. Préparation au baptême, conseil d’établissement scolaire, commission scolaire, le Relais pour la vie, le Cercle des Fermières, elle s’implique dans sa communauté depuis le jour 1.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Francine St-Denis et Yvan Cardinal habitent leur maison de Pincourt depuis 39 ans.

Yvan Cardinal, lui aussi, s’est rapidement trouvé à prendre part aux décisions de sa ville d’adoption. Conseiller municipal, puis maire, il a toujours souhaité être au cœur des projets de sa communauté. « Le poste de maire n’était pas prévu du tout, mais j’étais prêt à m’impliquer davantage. À ma retraite, en juin 2009, quelques mois avant les élections, on m’a approché pour que je me présente à la mairie », explique-t-il bien humblement.

Vendre Pincourt

Facile pour le couple de dire du bien de leur ville de banlieue d’à peine 15 000 habitants. Les points positifs ne manquent pas : « Comme c’était le cas en 1980, c’est facile de s’intégrer à la communauté. Ce n’est pas une ville-dortoir. Ici, les gens s’impliquent et participent. Il y a des activités pour les familles, mais aussi pour les adultes. Il y a la nature et le bord de l’eau accessibles aux citoyens avec la nouvelle piste multifonctionnelle. On travaille beaucoup sur la qualité de vie », assure le maire Cardinal. La ville, qui fête son 60e anniversaire cette année, a aussi le statut de ville bilingue et la prestation des services et l’enseignement se font dans les deux langues. Francine St-Denis et Yvan Cardinal apprécient également le côté multiculturel de Pincourt : « Il se parle 40 ou 45 langues différentes à l’école secondaire du Chêne-Bleu », estime M. Cardinal.

À les écouter, on a l’impression qu’ils décrivent un petit village lové dans les montagnes des Laurentides ; pourtant, on est bel et bien en banlieue de Montréal, tout près de l’autoroute Transcanadienne. Pour eux, impossible d’envisager de déménager pour le moment, même après 40 ans. « J’aime dire que c’est une banlieue qui vieillit bien », termine Mme St-Denis.