Alors qu'aux États-Unis, le marché immobilier continue de fléchir et qu'au Canada, le nombre de transactions est en chute libre, le Québec s'affirme comme «le village gaulois de l'immobilier résidentiel», observe Yanick Desnoyers, économiste à la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ).

«Nous continuons de bien faire tandis qu'ailleurs en Amérique du Nord, ça va plutôt mal, précise le nouveau directeur du service de l'analyse du marché de la FCIQ. Les États-Unis viennent de connaître trois trimestres négatifs. Au Canada, ce n'est guère mieux.»

Chiffres à l'appui, il signale qu'en 2018, les ventes de propriétés ont dégringolé de 37 % en Colombie-Britannique, de 22 % en Alberta et de 18 % en Ontario.

«Rien à voir avec la réalité du Québec, relève Yanick Desnoyers. Chez nous, l'an dernier, les ventes ont augmenté de 5 %. Il s'agissait de la quatrième hausse consécutive!»

En chiffres

- 86 55: nombre de transactions au Québec en 2018

- 250 000 $: prix médian (unifamiliale)

- 237 000 $: prix médian (copropriété)

Source: FCIQ

Un marché plus «serré»

Tout indique cependant que l'activité immobilière sera moins intense en 2019, selon les principaux indicateurs de marché. «On peut parler d'une croissance modérée, souligne Joanie Fontaine, économiste à la firme JLR, une société d'Équifax. Il faut comprendre que dans l'île de Montréal, il y a beaucoup moins de propriétés à vendre. Les stocks sont très bas. Cela va forcément se répercuter sur le nombre de transactions.»

Tout comme Yanick Desnoyers, qui s'attend à un marché de la revente «plus serré», Mme Fontaine prévoit une hausse modeste de 1 % du nombre de transactions au cours de l'année. «Nous allons continuer de nous démarquer favorablement par rapport aux marchés [déprimés] de Vancouver et de Toronto, précise-t-elle. Nous évoluons dans un marché sain. Les prix n'augmentent pas trop rapidement et c'est très bien ainsi.»

Il n'en demeure pas moins que dans plusieurs quartiers de Montréal, les prix ont été poussés vers le haut avec la présence, dans le marché, d'acheteurs «agressifs» qui ont déposé des offres d'achat multiples pour la même propriété, au cours de la même journée.

Cette surenchère a fait passer le prix médian d'un «plex», dans la région métropolitaine de Montréal, à 525 000 $ au dernier trimestre de 2018, ce qui constitue une hausse de 22 % en cinq ans.

Une statistique révélatrice: l'an dernier, dans 65 % des transactions réalisées par l'entremise du réseau Centris de la FCIQ, les vendeurs ont conclu une transaction avec une hausse de prix moyenne de 10 %.

Trois tendances

> L'année du condo

Les condos connaissent de nouveau une très forte demande. L'an dernier, il fallait compter 111 jours, en moyenne, pour vendre sa copropriété. C'est 13 jours de moins qu'en 2017. Ce qui fait dire à Yanick Desnoyers, économiste à la FCIQ: «On peut parler de l'année de la revanche des vendeurs de condos!» Cette «revanche» survient après des années plutôt calmes, relève Joanie Fontaine. «On avait alors assisté à la folie des nouvelles constructions, dit-elle. Il y avait beaucoup d'offres. Ça se stabilise.»

> Plus c'est cher, plus ça se vend!

Signe que le marché est sur une bonne lancée, on a observé en 2018 une hausse importante du nombre de transactions dans les propriétés qui se vendent plus cher. «On peut dire que le marché a été dominé par les acheteurs plus expérimentés», souligne Yanick Desnoyers. Les ventes de maisons de plus de 300 000 $ ont grimpé de 10 %, celles de plus de 400 000 $, de 13 %, et celles de plus de 500 000 $, de 16 %.

> L'engouement pour la villégiature

L'engouement des acheteurs pour des propriétés de villégiature ne se dément pas, particulièrement dans la région de Mont-Tremblant. C'est dans ce marché touristique que le prix de la copropriété a connu la plus forte hausse (+ 12 %), avec un prix médian de 255 000 $ l'an dernier. Pour l'unifamiliale, la hausse du prix médian a été de 11 %, à 271 250 $.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Tout indique cependant que l'activité immobilière sera moins intense en 2019, selon les principaux indicateurs de marché.