Comment faire la différence entre les organisations, nombreuses, actuellement impliquées de près ou de loin dans l’actuel conflit avec Israël ? Quelques pistes.

Hamas

À l’origine des attaques surprises perpétrées contre Israël le 7 octobre, le Hamas est un mouvement de résistance islamiste-nationaliste issu des Frères musulmans et comptant de 20 000 à 25 000 membres. Opposé aux accords d’Oslo en 1993 et prônant la destruction d’Israël, le groupe est inscrit dans la liste des entités terroristes de nombreux pays, dont le Canada. Le Hamas compte une branche armée (les Brigades Izz al-Din al-Qassam) et une branche politique. L’organisation, en conflit avec l’Autorité palestinienne, est au pouvoir dans la bande de Gaza, qu’elle administre seule, à la suite d’élections législatives survenues en juin 2007. Contrairement au Hezbollah, le Hamas n’a pas soutenu le gouvernement de Bachar al-Assad au moment où s’est amorcée la guerre civile en Syrie (2011), mais il a rétabli les ponts avec le régime syrien à l’automne 2022. À noter que dans une entrevue accordée au Globe and Mail il y a quelques jours, le leader du Hamas à Ramallah en Cisjordanie, le cheikh Hassan Yousef, a affirmé avoir été lui-même surpris par l’attaque des Brigades al-Qassam. Peu après, il a été arrêté par les autorités israéliennes.

PHOTO JAMAL AWAD, ARCHIVES REUTERS

Deux hommes déploient le drapeau des Brigades Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas, à Jérusalem, le 14 avril 2023.

Fatah

Cofondé par Yasser Arafat en 1959 et principal parti politique au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Fatah est en conflit avec le Hamas. Il administre la Cisjordanie et est écarté de Gaza. Violente à ses débuts, l’organisation politique et militaire a pris un tournant plus posé dans les années 1980 alors qu’Arafat accepte d’ouvrir le dialogue avec Israël. Ce qui mènera aux accords historiques d’Oslo en 1993 et à la fin de la première intifada. En 1988, à la suite de divisions de plus en plus importantes dans les mouvements de résistance nationalistes palestiniens, le Fatah annonce son renoncement au terrorisme. Il reconnaît l’existence d’Israël et adopte la solution des deux États pour la région. Cela a conduit, en 2003, à l’obtention pour la Palestine d’un statut d’État observateur non membre à l’ONU. Aujourd’hui, le Fatah est dirigé par Mahmoud Abbas, qui est aussi président de l’Autorité palestinienne. Mais son influence se dégrade dans la région, estiment des observateurs, notamment Xavier Guignard, chercheur de Noria Research, un centre de recherche indépendant. Dans une récente entrevue avec le journal Le Monde, M. Guignard indiquait que la récente attaque du Hamas contre Israël a « planté un énième clou dans le cercueil de l’Autorité palestinienne ».

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Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dirige le Fatah.

Hezbollah

Si le Hamas a amorcé le récent cycle d’attaques contre Israël, le Hezbollah (Parti de Dieu) menace d’ouvrir un second front, plus au nord, à la frontière avec le Liban. Organisation terroriste et politique chiite installée à Beyrouth, le Hezbollah est très proche des Gardiens de la révolution islamique iraniens qui financent en bonne partie ses activités. Le Hezbollah était au cœur du conflit israélo-libanais de 2006 et d’aucuns craignent que toute la région à la frontière Liban-Israël s’embrase de nouveau dans les jours à venir. Pourquoi ? Parce qu’après les premières attaques du Hamas, le 7 octobre, contre Israël, des affrontements ont eu lieu entre membres du Hezbollah et soldats israéliens. Israël a depuis évacué une partie de ses habitants dans les communautés proches de la frontière libanaise. Selon une analyse du Council on Foreign Relations, le groupe perdrait cependant de l’influence au Liban, où il trouve ses meilleurs appuis et fournit des services à la population. En Syrie, le Hezbollah combat la guerre civile aux côtés du régime de Bachar al-Assad.

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Le drapeau du Hezbollah vole dans une manifestation en appui au peuple palestinien, près de Beyrouth, au Liban.

Le Djihad islamique

Groupe rival du Hamas, à qui il reproche son engagement politique, le Djihad islamique, ou Djihad islamique palestinien, est une organisation militante sunnite beaucoup plus petite et plus radicale que le Hamas. N’ayant aucune branche politique, il refuse toute forme de dialogue avec Israël, dont il souhaite la destruction. On le soupçonne d’ailleurs d’avoir miné par tous les moyens possibles les accords d’Oslo de 1993. Selon le département d’État américain, l’Iran est le principal pourvoyeur de fonds de ce groupe alors que la Syrie lui donne accès à son territoire. On estime que le groupe compte quelque 1000 membres, dont une branche armée nommée Brigades al-Qods. Dans le conflit actuel, le Djihad islamique a été pointé du doigt par Israël comme possible responsable de l’explosion meurtrière survenue dans un hôpital de Gaza, que les Palestiniens attribuent quant à eux à Israël.

Sources : The Guardian, Council on Foreign Relations, US State Department, The Washington Post, France Info, britannica.com, The Globe and Mail, Le Figaro