Mieux comprendre le groupe islamiste qui vient de relancer la guerre avec Israël

Nom

Hamas (acronyme de harakat al-muqâwama al-’islâmiya, qui signifie Mouvement de résistance islamique)

Âge 

36 ans (né en 1987)

Fonction 

Défenseur de la cause palestinienne, ennemi d’Israël

Signes distinctifs 

Radicalité, islamisme, violence, désespoir

Pourquoi on en parle

Il fallait être sur Mars, cette semaine, pour ne pas être au courant de l’attaque sanglante perpétrée par le Hamas en territoire israélien, le samedi 7 octobre. Cette milice palestinienne a causé la mort de plus de 1300 Israéliens, capturé 150 otages et relancé la guerre avec Israël, qui s’apprête à envahir la bande de Gaza pour éradiquer l’organisation, une opération qui s’annonce tragique pour les habitants de l’enclave.

Politique ou religieux ?

Le Hamas est un mouvement islamiste considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, dont les États-Unis et le Canada ainsi que l’Union européenne. Il est constitué d’une branche politique et d’une branche militaire (les brigades Izz al-Din al-Qassam). Bien que sa vision du monde soit nourrie par l’islamisme, il n’est pas lié à Al-Qaïda ou au groupe État islamique. Il s’agit avant tout d’un mouvement nationaliste propalestinien, dont l’ambition ultime est la disparition de l’État hébreu.

Le rôle de l’Iran

C’est connu : l’Iran est le plus gros soutien du Hamas, sur les plans tant militaire que financier. Tous deux contestent l’existence d’Israël, d’où leur alliance. Cela ne veut pas dire, pour autant, que l’Iran ait donné son feu vert à l’attaque du Hamas. « Certains ont lancé cette hypothèse, mais j’en doute fort, tranche Rex Brynen, spécialiste du Moyen-Orient, professeur de l’Université McGill. Le Hamas ne veut pas contrarier ses soutiens iraniens, mais il tient jalousement à sa prise de décisions. Je doute par ailleurs que l’Iran ait été averti de ces attaques dans le détail. Le Hamas n’aurait pas pris le risque de les prévenir, sachant qu’ils sont surveillés de près par les États-Unis. »

Radicalité

Installé dans la bande de Gaza, le Hamas est un mouvement radical. Pour lui, aucun compromis n’est possible quant à l’existence d’Israël. « Je n’ai jamais entendu un responsable du Hamas me parler d’un plan de paix, résume le journaliste français Alain Pirot, spécialiste des questions de défense et ancien correspondant à Jérusalem. C’est la grosse différence avec les membres du Fatah et de l’Autorité palestinienne [situés en Cisjordanie] qui ont toujours été engagés dans des processus de paix, prêts à des compromis, mais marginalisés par la communauté internationale qui ne les a jamais aidés. »

Combler le vide

Cette volonté de compromis explique l’essor du Hamas à partir des années 2005, ajoute Benjamin Toubol, doctorant en sciences politiques à l’Université Laval. « Il y a eu une frustration et un sentiment de trahison d’une certaine partie de la population palestinienne qui n’a pas aimé voir le Fatah considérer Israël comme un interlocuteur. À coups de propagande, le Hamas en a profité pour se présenter comme la seule solution de rechange valable de la cause palestinienne. Ce qui ne veut pas dire que le Hamas représente toute la population de Gaza et certainement pas dans le reste de la Cisjordanie. » Le Hamas a remporté des élections législatives palestiniennes en 2006 et s’est emparé par la force de la bande de Gaza l’année suivante, en évinçant le Fatah de l’enclave.

Qui sont ses chefs ?

Ismaïl Haniyeh, 60 ans, est le leader politique. Ancien premier ministre de l’Autorité palestinienne, après la victoire surprise de son mouvement aux législatives en 2006, il vit aujourd’hui en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie.

Mohammed Deïf, 58 ans, est chef des brigades Izz al-Din al-Qassam, branche militaire du Hamas. Cible d’Israël depuis de nombreuses années, il a échappé à au moins six tentatives d’assassinat connues. Depuis près de 30 ans, il est mêlé aux coups les plus durs portés contre Israël. « Il a été un des premiers à imposer la méthode du kamikaze », souligne Benjamin Toubol. On le surnomme le « chat aux neuf vies ».

Yahya Sinouar, 61 ans, est à la tête de la bande de Gaza depuis 2017. Issu de la branche militaire du mouvement, il figure parmi les partisans d’une ligne dure. Il a passé 23 années derrière les barreaux en Israël avant d’être libéré en 2011. Comme Deïf, il a été inscrit sur la liste américaine des « terroristes internationaux ».

Combien sont-ils ?

C’est la question à 1 million. Certaines études parlent de 20 000, d’autres de 40 000. « Moi, je pense qu’on est plutôt sur l’idée de 15 000 combattants très bien formés », estime Alain Pirot.

Le prix à payer

L’attaque du Hamas contre Israël paraît impensable considérant qu’au bout du compte, c’est la population de Gaza qui écopera. Mais pour l’organisation, cette opération est d’une grande cohérence. « Ils estiment que ça fait partie du prix à payer pour effacer Israël de la carte, conclut Alain Pirot. Pour eux, un monde sans État d’Israël fait partie d’une réalité possible et ce n’est qu’une question de temps. Il faut juste être patient. Quand j’ai rencontré Mahmoud Zahar [cofondateur du Hamas], il m’a dit : les Occidentaux, vous êtes toujours pressés. Nous, on a le temps. On a des enfants… qui feront des enfants… et qui suivront notre logique… »