(Tel-Aviv) Israël a prévenu lundi que sa guerre contre le Hamas serait longue, mais qu’il la remporterait, à l’occasion de la deuxième visite en moins d’une semaine du secrétaire d’État américain Antony Blinken venu réaffirmer le soutien de Washington après l’attaque meurtrière du mouvement palestinien.  

Alors que se dessine le scénario d’une offensive terrestre israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas qui contrôle la bande de Gaza, frontalière du sud d’Israël, Antony Blinken est retourné lundi en Israël après une tournée dans plusieurs pays arabes.

Le secrétaire d’État a vécu de près le conflit lorsque les sirènes d’alerte aux roquettes ont retenti au moment où il rencontrait le cabinet de sécurité du premier ministre Benyamin Nétanyahou au ministère de la Défense à Tel-Aviv.

MM. Nétanyahou et Blinken ainsi que leurs collaborateurs ont été emmenés dans un bunker pour leur sécurité pendant cinq minutes avant de recevoir le feu vert pour en sortir, selon le département d’État.

Les journalistes, qui ont été conduits dans une cage d’escalier, ont entendu le bruit sourd du système antimissile Iron Dome (Dôme de fer) interceptant une roquette.

En riposte à l’attaque sans précédent du Hamas lancée contre Israël le 7 octobre, qui a coûté la vie à plus de 1400 personnes, l’armée israélienne a bombardé sans relâche la bande de Gaza, où environ 2750 personnes ont été tuées, en majorité des civils.

PHOTO FATIMA SHBAIR, ASSOCIATED PRESS

Des Palestiniens fouillent les décombres à Khan Younis, dans la bande de Gaza.

« Je vous le dis, ce sera une guerre longue, le prix en sera très élevé, mais nous allons la gagner, pour Israël, pour le peuple juif et pour les valeurs auxquelles croient nos deux peuples », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, à M. Blinken lors de leurs entretiens à Tel-Aviv.

Le secrétaire d’État a répondu que son pays soutenait « profondément le droit, voire l’obligation, d’Israël de se défendre ». « Vous avez et aurez toujours le soutien des États-Unis. »

M. Blinken a rencontré également le président Isaac Herzog. Il devait également voir le principal chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, qui a reproché à M. Nétanyahou de ne pas avoir pu empêcher l’attaque.

« Vraie catastrophe »

Les États-Unis n’ont pas appelé à un cessez-le-feu et M. Blinken a tenté de rallier les pays arabes visités contre le Hamas.

Selon des responsables américains, M. Blinken a entendu une large opposition au Hamas de la part des dirigeants lors de sa tournée, mais aussi des inquiétudes concernant le sort des Palestiniens.

« […] Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour répondre aux besoins de la population de Gaza », a déclaré le secrétaire d’État dimanche au Caire. « Les civils ne devraient pas avoir à souffrir des atrocités du Hamas », a-t-il assuré.  

Sous la pression américaine, Israël a repris dimanche l’approvisionnement en eau du sud de la bande de Gaza, après avoir imposé un siège total du microterritoire palestinien en coupant tout approvisionnement en nourriture, en eau et en électricité.

Mais les conditions des Palestiniens dans la bande de Gaza, dont un million selon l’ONU ont dû fuir leurs maisons en une semaine, sont très dures et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti lundi que si l’aide n’y entrait pas « une vraie catastrophe » aurait lieu dans 24 heures.

Le nouveau déplacement de M. Blinken survient alors que le président américain Joe Biden envisagerait de répondre à une invitation à se rendre en Israël pour démontrer, une fois de plus, le soutien américain.  

« Une erreur »

Washington a également nommé un coordinateur chargé de diriger l’aide humanitaire à Gaza, David Satterfield, attendu lundi en Israël.  

Les États-Unis ont alerté contre des mesures plus extrêmes telles qu’une expulsion massive des Palestiniens, une perspective redoutée par le président palestinien, Mahmoud Abbas, rival du Hamas.  

Lors d’une interview dimanche sur CBS News, M. Biden a mis en garde contre les dangers d’une tentative d’Israël de réoccuper Gaza. « Je pense que ce serait une erreur », a-t-il affirmé.

Israël s’est retiré unilatéralement de Gaza en 2005, mais y a imposé peu après un blocus aérien, terrestre et maritime, qui s’est intensifié lorsque le territoire est passé en 2007 sous le contrôle du Hamas, considéré comme un groupe « terroriste » par l’Union européenne, Israël et les États-Unis.

M. Blinken a eu des entretiens dans quatre des cinq États arabes entretenant des relations diplomatiques avec Israël, la Jordanie, l’Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn.

Il s’est également rendu en Arabie saoudite, qui a suspendu, en raison de la guerre, ses discussions sur une possible normalisation avec Israël, et au Qatar, autre partenaire des États-Unis qui entretient des relations avec le Hamas.