(Jérusalem) Trois soldats israéliens ont été tués samedi par un « policier égyptien » infiltré en Israël qui a ensuite été abattu, selon l’armée israélienne, lors d’un rare incident après lequel les autorités israéliennes et égyptiennes ont réaffirmé leur coopération.

Selon la version de l’armée égyptienne, un « membre des forces de sécurité [égyptiennes] pourchassant des trafiquants de drogue » a traversé un point de contrôle entre les deux pays. Il s’en est suivi un « échange de tirs ayant fait trois morts du côté israélien » en plus de la mort de l’Égyptien.

Samedi matin, les corps de deux soldats israéliens, tués par balles, avaient été découverts à un poste de garde, près de la base militaire de Harif, à une centaine de kilomètres au sud de la bande de Gaza, près de la frontière avec l’Égypte, a indiqué un porte-parole militaire israélien, qui affirme que l’assaillant s’est apparemment « infiltré » depuis l’Égypte.  

Une traque a alors été lancée à la recherche du tueur présumé, et « à midi », il a été localisé en territoire israélien, a indiqué l’armée dans un communiqué.

Des échanges de tirs ont suivi et l’assaillant, identifié comme étant un policier égyptien, a été tué ainsi qu’un troisième soldat israélien, Ohad Dahan, âgé de 20 ans, précise le texte.  

Un des deux soldats tués dans la première attaque était une femme, Lia Ben Nun, 19 ans, a indiqué l’armée. L’unité chargée de patrouiller la frontière israélo-égyptienne est une unité mixte. L’autre soldat tué a été identifié comme Ori Izhak Iluz, âgé de 20 ans.

« Zones d’ombre »

Un porte-parole militaire a indiqué que des « zones d’ombre » subsistaient sur les deux incidents et sur les motivations de l’assaillant présumé.  

L’armée israélienne cherche notamment à comprendre comment l’Égyptien est parvenu à franchir la barrière de plusieurs mètres de haut qui longe cette frontière.  

Dans la soirée, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a qualifié dans un communiqué « l’incident » de « grave et très inhabituel », promettant une enquête « complète ».

Son chef d’état-major Herzi Halevi et son ministre de la Défense Yoav Gallant ont cependant mis l’accent sur l’importance de la coopération et des relations avec l’Égypte, liée à l’État hébreu par un traité de paix.

L’armée mène « une enquête approfondie […] en collaboration avec les forces armées égyptiennes », a indiqué Herzi Halevi dans un communiqué.

M. Gallant a notamment mis en avant la collaboration avec l’Égypte dans un communiqué publié après une conversation téléphonique avec son homologue égyptien Mohamed Zaki lors de laquelle il a souligné « l’importance des liens entre les deux pays », selon un porte-parole de l’armée.

Mohamed Zaki a aussi noté « la coordination commune pour prendre les mesures nécessaires afin d’éviter la répétition d’incidents de ce genre dans le futur », selon un porte-parole de l’armée.

L’Égypte a été le premier pays arabe à signer un traité de paix avec Israël en 1979, après la signature des accords de Camp David en 1978. De nombreux Égyptiens ne soutiennent toutefois pas cette normalisation.

La frontière entre les deux pays est généralement calme. Elle est cependant le théâtre de tentatives régulières de trafic de drogue, qui ont donné lieu ces dernières années à des échanges de tirs entre contrebandiers et soldats israéliens stationnés le long de la frontière.

En 2012, le groupuscule djihadiste Ansar Jerusalem avait revendiqué une attaque à la frontière égypto-israélienne qui avait coûté la vie à un soldat israélien.

Quelques heures avant l’attaque de samedi, des soldats israéliens avaient déjoué une tentative de trafic de drogue à la frontière, saisissant des produits de contrebande d’une valeur estimée à 1,5 million de shekels (537 000 dollars canadiens), selon le porte-parole militaire.

Il a cependant précisé qu’aucun lien n’avait pour le moment été établi entre cette prise et l’attaque.