(Gaza) La mort d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Djihad islamique en grève de la faim dans une prison israélienne a entraîné mardi une flambée de violence entre Israël et la bande de Gaza, visée par des frappes de l’armée israélienne en riposte à des tirs de roquettes.

En réponse à ces salves de roquettes, tirées au fil de la journée depuis l’enclave palestinienne, l’armée israélienne a annoncé tard mardi soir qu’elle menait des raids aériens sur Gaza. Ces frappes ont visé divers sites, dont un du mouvement islamiste Hamas, selon des sources de sécurité et des témoins palestiniens. Les Brigades Ezzedine al-Qassam ont affirmé avoir répondu par des tirs de missiles sol-air.

Ces échanges de tirs font suite à la mort de Khader Adnane, 45 ans, originaire de Cisjordanie occupée, emprisonné à de nombreuses reprises par Israël et qui avait fait plusieurs grèves de la faim, devenant un symbole pour les Palestiniens.

Tôt mardi, l’administration pénitentiaire israélienne a annoncé la mort d’un prisonnier affilié au Djihad islamique, « retrouvé inconscient dans sa cellule » puis hospitalisé.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Khader Adnane, 45 ans, originaire de Cisjordanie occupée, emprisonné à de nombreuses reprises par Israël et qui avait fait plusieurs grèves de la faim

« Khader Adnane a choisi la grève de la faim en dernier recours, un moyen non violent de protester contre l’oppression dont lui et son peuple font l’objet », a réagi l’organisation Physicians for human rights Israel, qui avait appelé à son hospitalisation « immédiate » après lui avoir rendu visite.

Lors d’une conférence de presse à leur domicile d’Arraba, dans le nord de la Cisjordanie occupée, son épouse Randa Moussa a déclaré que sa mort, après quasiment trois mois de grève de la faim, était une « fierté ».

Vendredi, elle avait dit à l’AFP que ses conditions de détention étaient « très difficiles » et qu’Israël avait refusé de le transférer vers un hôpital civil.

Mardi, Mme Moussa a ajouté ne pas vouloir « qu’une goutte de sang soit versée ». « Nous ne voulons pas que quelqu’un réponde au martyre de cheikh [Adnane], nous ne voulons pas que quelqu’un tire des roquettes et qu’on frappe Gaza par la suite ».

« Première riposte »

Mais, dès l’aube, trois roquettes et un obus de mortier ont été tirés de Gaza vers Israël, tombant dans des terrains vagues ou près de la barrière frontalière, selon l’armée israélienne.

Des échanges de tirs – de chars israéliens d’un côté et des roquettes de l’autre – ont ensuite eu lieu dans l’après-midi.

Vingt-deux roquettes ont été tirées, dont 16 sont tombées dans des terrains vagues et quatre ont été interceptées par le système de défense, a rapporté l’armée. Deux sont tombées dans la ville israélienne de Sdérot et trois personnes y ont été blessées par des éclats d’obus, selon des secouristes.

PHOTO MOHAMMED SALEM, REUTERS

De la fumée s’élève de la bande de Gaza après des tirs israéliens.

Ces tirs ont été revendiqués, dans un communiqué conjoint, par les groupes armés de Gaza, qui les ont présentés comme « une première riposte » à la mort de Khader Adnane.

Après l’annonce du décès, le Djihad islamique, une organisation considérée comme « terroriste » par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, avait affirmé qu’Israël « paiera[it] le prix de ce crime ».

En août 2022, trois jours d’affrontements entre Israël et le Djihad islamique avaient causé la mort de 49 Palestiniens, incluant 12 membres du Djihad islamique selon le mouvement, et au moins 19 enfants d’après l’ONU. Environ 200 roquettes avaient été tirées par le Djihad islamique de Gaza vers Israël, faisant trois blessés.

Mardi matin, des commerçants palestiniens ont par ailleurs fermé leurs boutiques en Cisjordanie occupée, répondant à un appel à la grève générale.

Dans le nord de ce territoire, un Israélien a été blessé par des éclats de verre et deux véhicules ont été endommagés par des coups de feu, selon l’armée israélienne, à la recherche de suspects.

« Assassiné »

Khader Adnane avait entamé sa grève de la faim dès le début de son incarcération le 5 février, a indiqué l’administration pénitentiaire, affirmant qu’il « refusait de subir des examens médicaux et de recevoir des soins ».

Il avait été inculpé en raison de son implication au sein du Djihad islamique et pour des discours en soutien à une organisation hostile, a déclaré un responsable israélien sous couvert d’anonymat. La cour d’appel militaire avait rejeté sa demande de libération, d’après cette source.

Si d’autres détenus en grève de la faim ont succombé des suites d’une alimentation forcée, il est le premier à décéder directement d’une telle action, a indiqué le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Fares.

Le premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a accusé Israël d’avoir « assassiné » Adnane en rejetant ses appels à le libérer, et en le gardant dans sa cellule malgré la gravité de son état de santé « .