(Nations unies) Des diplomates israéliens et palestiniens ont eu une violente passe d’armes jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU : Israël a fustigé une réunion « absurde » censée condamner la visite d’un ministre sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, les Palestiniens dénonçant le franchissement d’une « ligne rouge ».

Figure de l’extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, est venu mardi matin un court quart d’heure sur ce lieu saint au cœur du conflit israélo-palestinien, soulevant une vague de condamnations internationales, y compris des États-Unis, l’allié historique de l’État hébreu.

À la demande de la Chine et des Émirats arabes unis, lesquels ont pourtant normalisé leurs relations avec Israël, les 15 membres du Conseil de sécurité rejoints par l’État hébreu, la Jordanie et des représentants palestiniens, ont débattu publiquement et vivement deux heures durant au siège de l’ONU à New York.

« Je suis vraiment, vraiment choqué », a lancé d’entrée l’ambassadeur israélien Gilad Erdan, devant les portes du Conseil.  

« Et pourquoi ? Parce qu’il n’y a absolument aucune raison que cette session d’urgence se tienne aujourd’hui. Aucune. Tenir une session du Conseil de sécurité sur un non-évènement est vraiment absurde », a fustigé devant la presse le diplomate, avant de répéter sa diatribe sur cette réunion « pathétique » dans l’enceinte du Conseil.

« Statu quo »

M. Erdan a nié que la visite de son ministre Ben Gvir ait été une « incursion sur [l’esplanade de la mosquée] Al-Aqsa » ou une entorse au « statu quo » historique concernant les lieux saints de Jérusalem.

« Chaque juif a le droit de visiter le Mont du Temple », a-t-il martelé, en référence à la manière dont le site est désigné dans le judaïsme. « Prétendre qu’une visite brève et totalement légitime doive déclencher une session d’urgence du Conseil de sécurité est pathétique », a dénoncé le diplomate.

L’ambassadeur palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, s’en est pris à l’adversaire israélien ainsi qu’au nouveau gouvernement « colonial et raciste », et a critiqué les Nations unies où sont votées depuis des décennies nombre de résolutions sur le conflit israélo-palestinien.

« Quelle ligne rouge Israël doit-il franchir pour que le Conseil de sécurité dise enfin “Ça suffit” et agisse en conséquence. Quand allez-vous agir ? », s’est insurgé M. Mansour dans un long discours.

Mercredi soir, entouré d’homologues de pays arabes et musulmans, le diplomate palestinien avait réclamé que la communauté internationale « décide de défendre et de protéger le statu quo historique à Jérusalem et [concernant ses] sites musulmans et chrétiens ».

Troisième lieu saint de l’islam et site le plus sacré du judaïsme sous le nom de « Mont du Temple », l’esplanade des Mosquées est située dans la Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur palestinien occupé et annexé par Israël.

En vertu d’un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre sur le site à des heures précises, mais ne peuvent pas y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une « provocation » par les Palestiniens et plusieurs pays du Moyen-Orient.

Mardi, la Maison-Blanche avait mis en garde son allié israélien contre tout acte unilatéral « inacceptable ».

Un représentant des États-Unis à l’ONU, Robert Wood, a « exhorté Israéliens et Palestiniens à prendre les mesures nécessaires pour rétablir le calme, empêcher davantage de pertes en vies humaines et préserver la possibilité d’une solution à deux États », au point mort depuis des années.

Interrogé par l’AFP à la sortie du Conseil de sécurité, l’ambassadeur palestinien s’est félicité d’une « unanimité pour défendre le statu quo », sans compter toutefois sur une action concrète de l’ONU qu’il réclame contre Israël.