(Téhéran) Le président iranien Ebrahim Raïssi a ordonné jeudi l’ouverture d’une enquête sur les violences survenues la semaine dernière dans la ville de Zahedan dans le sud-est du pays, qui ont fait une vingtaine de morts, dont des officiers selon un bilan officiel.

« Après les récents évènements de Zahedan, capitale de la province du Sistan-Baloutchistan, le ministre de l’Intérieur Ahmad Vahidi s’est rendu sur place jeudi sur ordre du président, pour une enquête approfondie sur les origines et les causes » des violences du 30 septembre, a indiqué le site de la présidence dans un communiqué.

Selon un dernier bilan rapporté par les médias iraniens, ce jour-là une vingtaine de personnes ont été tuées dont six membres des forces de l’ordre, y compris le chef provincial des Renseignements des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran.

Initialement, les autorités avaient parlé d’affrontements entre forces de l’ordre et des « terroristes » à Zahedan, précisant que trois commissariats avaient été attaqués. Et d’après l’agence iranienne Tasnim, le groupe rebelle sunnite Jaish al-Adl, actif dans la région, a revendiqué une attaque contre un commissariat.

Mais un influent leader de la minorité musulmane sunnite au Sistan-Baloutchistan, le religieux Molavi Abdol Hamid, avait alerté la semaine dernière sur des tensions à Zahedan après une « affaire de viol d’une adolescente par un policier ».

Mercredi sur son site, M. Abdol Hamid a rejeté « toute implication de Jaish al-Adl ou de tout autre groupe » dans les violences à Zahedan.

Selon lui, vendredi soir, « un groupe de militaires, à pied et à bord de véhicules, a ouvert le feu sur des gens regroupés autour d’une mosquée, tuant et blessant plusieurs jeunes ».  

« L’un des jeunes, qui possédait une arme, a riposté pour défendre la mosquée en tirant sur les voitures sans savoir qui étaient les occupants », a-t-il ajouté.

Le religieux a appelé le gouvernement à ouvrir « une enquête impartiale et équitable », après avoir dénoncé « des tirs contre des civils non armés ».

Frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan, la province du Sistan-Balouchistan est une région déshéritée et théâtre fréquent d’attentats ou d’accrochages entre forces de l’ordre et groupes armés.

Les violences à Zahedan sont survenues au moment où l’Iran est le théâtre de manifestations depuis le décès le 16 septembre d’une jeune Kurde iranienne de 22 ans après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, contraintes de se couvrir les cheveux en public.