(Genève) Une délégation d’une dizaine de talibans est Genève à cette semaine à l’invitation d’une ONG, pour tenter d’améliorer le respect des droits humains et l’accès de l’aide humanitaire en Afghanistan, a-t-on appris de sources officielle et humanitaires.

Une porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE) a précisé que cette visite « ne constitue pas une légitimation ni une reconnaissance » du régime qui a pris le pouvoir en août 2021 et n’est pour l’instant reconnu par aucun pays.

Selon l’agence de presse suisse ATS Keystone, la délégation afghane est menée par le mufti Latifullah Hakimi, un haut responsable du ministère de la Défense et qui dirige la Commission chargée d’identifier les abus au sein du mouvement.  

« Une rencontre avec une délégation du DFAE, composée de représentants de la DDC (la direction du développement et de la coopération, NDLR), de la Division Paix et Droits de l’Homme et de la Division politique Asie et Pacifique est prévue cette semaine », a indiqué la porte-parole du ministère à l’AFP.  

Des discussions avec les représentants d’autres États européens sont également prévues.

L’invitation a été lancée par l’Appel de Genève, une ONG qui cherche à renforcer l’application du droit international humanitaire (DIH) par les groupes armés non étatiques et qui est active depuis de nombreuses années en Afghanistan.

« L’Appel de Genève accueille une conférence à l’accès restreint du 7 au 11 février à Genève qui a pour but d’améliorer la liberté de livraison de l’aide humanitaire en Afghanistan », a indiqué l’ONG dans un communiqué à l’AFP.

Cet évènement à huis clos a pour but « de renforcer la mise en œuvre et le respect des normes humanitaires en Afghanistan », précise l’Appel de Genève, ajoutant qu’il s’agissait de discuter de problèmes concrets concernant le respect des normes humanitaires « au niveau national et des districts », mais aussi de faciliter le passage de l’aide humanitaire, d’assurer le respect de l’aide médicale ou encore du problème des mines antipersonnel, qui continuent à faire de nombreuses victimes dans le pays.

« Les membres de la délégation auront des discussions autour de l’accès humanitaire aux populations dans le besoin, la protection des acteurs humanitaires et le respect des droits de l’Homme. La protection des enfants durant les conflits et la gestion des terrains contaminés par les mines sont aussi à l’agenda des colloques », a précisé le ministère suisse des Affaires étrangères.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a confirmé qu’une rencontre était prévue avec la délégation afghane.

« Ce dialogue est essentiel afin de remplir notre mission humanitaire strictement neutre et impartiale. Nous poursuivrons ce dialogue avec la délégation de haut niveau de l’IEA (Émirat islamique d’Afghanistan Ndlr) à Genève cette semaine et espérons des discussions constructives », a indiqué à l’AFP un porte-parole du CICR.

Depuis la prise de pouvoir des talibans, après le départ des forces américaines qui tenaient le gouvernement à bout de bras, une terrible crise économique et financière menace de famine plus de la moitié de la population du pays.  

L’ONU plaide depuis des mois pour un allègement des sanctions infligées à Kaboul depuis août 2021 pour éviter l’effondrement du pays.  

Près de 9,5 milliards de dollars de la banque centrale afghane sont gelés depuis août par Washington.

La communauté internationale est particulièrement choquée par le sort réservé aux filles et aux femmes, annulant les progrès faits pendant vingt ans après que les talibans ont été chassés par les Américains fin 2001.