(Jérusalem) Une travailleuse humanitaire espagnole, condamnée par Israël en novembre pour détournement de fonds au profit d’un groupe palestinien, a été libérée lundi, a indiqué une porte-parole de l’autorité pénitentiaire israélienne.

Juana Rashmawi, en détention depuis avril 2021, avait été condamnée à 13 mois de prison pour avoir levé des fonds pour l’ONG palestinienne pour laquelle elle travaillait, « Health Work Committees ».

Argent transféré à un autre organisme

Or, d’après la justice israélienne, ceux-ci avaient été transférés au Front de libération de la Palestine (FPLP), mouvement armé considéré comme « terroriste » par Israël.

Cette sentence a été prononcée dans le cadre d’un accord de peine dans laquelle Mme Rashmawi ne reconnait toutefois pas être impliquée dans le transfert au FPLP.  

Elle travaillait pour une organisation de santé, elle apportait de l’argent à l’organisation de santé et elle ne savait pas que cet argent était transféré au FPLP. Dans l’acte d’accusation la visant, il est dit très clairement qu’elle ne savait pas que l’argent était transféré au FPLP.

Avigdor Feldman, l’avocat de Juana Rashmawi

La décision de la libérer avait été prise le 1er février par la Commission de libération israélienne. La peine de la sexagénaire a donc été écourtée de quelques mois et elle est finalement « sortie » de prison lundi, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’autorité pénitentiaire israélienne.

La Commission avait justifié sa décision d’écourter la sentence notamment parce que « la détenue est une femme âgée et il s’agit de sa première incarcération […], il est raisonnable de penser qu’après sa libération, elle quittera Israël pour l’Espagne, où vit sa famille. »

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a indiqué dans un communiqué avoir parlé au téléphone avec Juana Rashmawi et lui avoir fait part de sa « satisfaction pour sa remise en liberté ».

Désignation « terroriste » dénoncée

Selon le communiqué, l’humanitaire a transmis à M. Albares sa « profonde reconnaissance » pour l’implication de son ministère et s’est dite « très heureuse » de la solidarité espagnole.

À la mi-octobre, peu avant la condamnation de Mme Rashmawi, le gouvernement israélien avait placé six ONG palestiniennes sur sa liste des « groupes terroristes » en raison de leurs liens supposés avec le FPLP.

Cette désignation avait été fustigée par plusieurs ONG, notamment Amnistie internationale. Les téléphones portables de six membres de ces ONG avaient été infiltrés par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO, d’après des groupes de défense des droits humains.