(Nations unies) Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a réclamé lundi la réouverture de points d’accès humanitaires aux frontières syriennes, fermés en 2020 sous la pression de la Russie, estimant que les puissances mondiales devraient avoir honte de leur inaction.

« Comment est-il possible que nous ne puissions pas trouver dans nos cœurs l’humanité commune pour réellement prendre des mesures significatives ? », s’est insurgé le secrétaire d’État américain, qui présidait une session mensuelle du Conseil de sécurité sur le volet humanitaire du dossier syrien. Ce dernier divise depuis dix ans les Occidentaux et la Russie, premier soutien de Damas.

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Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken présidait lundi matin une session mensuelle du Conseil de sécurité sur le volet humanitaire du dossier syrien. Ce dernier divise depuis dix ans les Occidentaux et la Russie, premier soutien de Damas.

« Regardez dans vos cœurs », a-t-il imploré les membres du Conseil de sécurité, en faisant appel à leur fibre familiale pour obtenir une amélioration de la situation humanitaire en Syrie, objet d’une réunion de donateurs à Bruxelles en ce début de semaine. « Nous devons trouver un moyen de faire quelque chose, d’agir pour aider les gens. C’est notre responsabilité. Et honte à nous si nous ne le faisons pas », a ajouté Antony Blinken.

Véto de la Russie et de la Chine

En juillet, la Russie et la Chine, utilisant leur droit de véto, avaient imposé au Conseil de sécurité de réduire à un seul le nombre de points d’entrée pour acheminer de l’aide humanitaire en Syrie ne nécessitant pas l’aval de Damas.

Ce point d’accès restant est situé à la frontière turque, à Bab al-Hawa, et il permet d’alimenter le nord-ouest de la Syrie et sa province d’Idlib toujours hors du contrôle du régime syrien. L’autorisation onusienne permettant son utilisation arrive à expiration en juillet.

Le secrétaire d’État américain a réclamé la réouverture des points d’accès fermés en 2020 de Bab al-Salam, également sur la frontière turque, et de Al-Yarubiyah sur la frontière irakienne. Selon lui, ces accès permettraient respectivement d’aider 4 millions et 1,3 million de Syriens.

« Donnons-nous plus de voies d’accès, plutôt que moins, pour fournir de la nourriture et des médicaments au peuple syrien », a plaidé Antony Blinken.

Lors de la visioconférence du Conseil de sécurité, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Vershinin, a vivement critiqué le fait que la Syrie n’ait pas été invitée à la conférence de donateurs de Bruxelles, y voyant une attaque de plus contre sa souveraineté.

Il y a une « politisation croissante de l’aide humanitaire », a-t-il dénoncé, en estimant que l’aide transfrontalière « viole les principes du droit international », et cela, a-t-il précisé, « parce que le gouvernement en place ne convient pas » aux Occidentaux.

« La souveraineté n’a jamais été conçue pour garantir le droit d’un gouvernement à affamer les gens, les priver de médicaments vitaux, à bombarder les hôpitaux ou à commettre toute autre violation des droits humains contre les citoyens », avait déclaré au préalable Antony Blinken.