(Moscou) Le gouvernement afghan et une délégation des talibans se sont retrouvés à Moscou jeudi, en présence d’émissaires étrangers, pour des négociations devant notamment porter sur la formation d’une « administration » de transition avant un éventuel retrait américain.

Cette rencontre intervient à l’heure où les efforts se multiplient pour aboutir à un accord de paix avant le 1er mai lorsque les États-Unis doivent théoriquement retirer tous leurs militaires d’Afghanistan. Mais cette date a été remise en cause mercredi par le président Joe Biden.

Gouvernement de transition

Washington a proposé aux belligérants afghans la formation d’un gouvernement de transition incluant les talibans. Cette idée, soutenue par Moscou, a pour l’instant reçu un accueil peu enthousiaste de la part du pouvoir à Kaboul.

A Moscou, le co-fondateur du mouvement taliban, Mullah Abdul Ghani Baradar, a appelé à laisser les Afghans « décider de leur propre sort ». « Le monde devrait prendre en compte les valeurs islamiques, l’indépendance et les intérêts nationaux du peuple afghan », a indiqué sur Twitter un porte-parole, résumant un discours à huis clos.

Le chef du conseil de réconciliation du gouvernement afghan, Abdullah Abdullah, a déclaré de son côté que Kaboul souhaitait accélérer les négociations et que « les deux parties entament leurs pourparlers et discussions dans une atmosphère différente » que celle de Doha, au Qatar.

Gulbuddin Hekmatyar, autre membre de la délégation du gouvernement afghan, a estimé que la rencontre de jeudi à Moscou avait permis de sortir de l’« impasse » les négociations avec les talibans.

Après avoir reçu les différentes délégations, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé Washington et les talibans à « rester attachés aux dispositions de l’accord » conclu par l’administration de l’ex-président Donald Trump en février 2020 au Qatar.

Cet accord prévoit le retrait des soldats américains d’ici au 1er mai 2021 en échange de garanties sécuritaires et d’un engagement des talibans à discuter avec Kaboul.

« Difficile » de partir le 1er mai, dit Biden

Mais le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, a estimé mercredi qu’il serait « difficile » de tenir ce délai et les talibans l’ont aussitôt mis en garde contre tout retard.

Les discussions à Moscou, qui se tiennent en présence d’émissaires pakistanais, chinois et américain, sont organisées parallèlement à celles qui ont commencé en septembre à Doha, au Qatar, et à celles que la Turquie veut accueillir en avril à Istanbul.

M. Lavrov a dit « regretter que les efforts déployés pour lancer le processus politique à Doha n’aient pas encore donné de résultats » et espérer que les discussions à Moscou « contribueront à créer les conditions nécessaires » à des progrès.

Il a souligné que « dans les conditions d’une situation militaro-politique qui se dégrade, de nouveaux retards sont inacceptables » pour les négociations à Doha.

Les violences se sont intensifiées ces derniers mois dans tout l’Afghanistan, malgré les pourparlers. Dans ce contexte, le départ des États-Unis inquiète le gouvernement en place à Kaboul, dont l’autorité est contestée ou mise à mal sur plus de la moitié du territoire.