(Washington) Les États-Unis ont annoncé vendredi que le retrait des rebelles houthis du Yémen de leur liste noire des « organisations terroristes » entrerait en vigueur mardi, malgré une escalade des combats et des attaques qui place l’administration de Joe Biden sur la défensive.

Ce classement avait été décidé il y a un mois dans les derniers jours de l’administration de Donald Trump, provoquant immédiatement un tollé des organisations humanitaires internationales.

« Nous avons entendu les mises en garde des Nations unies, des groupes humanitaires et des membres des deux partis politiques représentés au Congrès, parmi d’autres, selon lesquelles ce classement aurait pu avoir un impact dévastateur sur l’accès des Yéménites aux biens de première nécessité comme la nourriture ou le carburant », a déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué.

Dès l’arrivée à la Maison-Blanche du président Biden, le 20 janvier, les États-Unis avaient annoncé un réexamen urgent de cette décision qu’ils avaient gelée. Et il y a une semaine, le département d’État avait formellement notifié au Congrès américain son intention d’annuler l’inscription sur ses deux listes noires pour terrorisme.

Des organisations humanitaires avaient en effet prévenu qu’elles n’avaient pas d’autres choix que de traiter avec les houthis, qui gouvernent de facto une grande partie du Yémen dont la capitale Sanaa. Or leur désignation comme terroristes exposait quiconque engagerait des transactions avec les rebelles au risque d’être poursuivi en justice par les États-Unis.

Menace d’autres sanctions

« En mettant l’accent sur la nécessité d’améliorer la situation humanitaire au Yémen, nous espérons que les camps yéménites mettront eux l’accent sur le dialogue », a poursuivi Antony Blinken.

Il a confirmé que les principaux chefs des houthis demeuraient eux sur la liste noire à titre personnel et a menacé d’imposer des sanctions aux « responsables des attaques au bateau piégé contre des navires de transport commercial en mer Rouge et des attaques au drone et aux missiles contre l’Arabie saoudite ».

L’administration Biden est en effet dans un certain embarras.

Outre l’annulation de la décision sur les houthis, un de ses premiers actes au Moyen-Orient a été de cesser son soutien, notamment en armes, à la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite qui combat auprès du gouvernement yéménite les rebelles soutenus par l’Iran.

Cette nouvelle politique s’est accompagnée d’une implication renouvelée en faveur d’une résolution politique de la guerre au Yémen. Antony Blinken a nommé la semaine dernière un émissaire, Tim Lenderking, qui s’est immédiatement rendu en Arabie saoudite.

Or les appels américains à la fin d’un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, provoquant selon l’ONU la pire crise humanitaire au monde, sont restés pour l’instant sans effet.

Au contraire, les combats entre forces gouvernementales et rebelles, après avoir baissé en intensité ces derniers mois, ont connu une escalade provoquée par une reprise de l’offensive des houthis. Ces derniers ont aussi lancé mercredi des drones contre un aéroport international saoudien, s’attirant une vive condamnation des États-Unis.

Washington tente donc de hausser le ton pour assurer que le retrait de la liste noire n’est pas synonyme de faiblesse.

« Les États-Unis demeurent lucides au sujet des actes néfastes et des agressions » des rebelles, a prévenu Antony Blinken, promettant d’aider Riyad et les autres pays du Golfe à « se défendre » mais sans dire comment.