(Téhéran) La démocratie occidentale est « fragile et vulnérable », a jugé jeudi le président iranien Hassan Rohani, mettant en garde « le monde entier » contre la montée du « populisme » après l’assaut du Capitole à Washington mercredi.

« Ce que nous avons observé aux États-Unis hier soir et aujourd’hui a montré, tout d’abord, à quel point la démocratie occidentale était vulnérable et fragile », a déclaré M. Rohani dans une allocution transmise par la télévision d’État.

Nous avons constaté que dans (les pays occidentaux), malheureusement, le terrain est prêt pour le populisme, malgré les progrès de l’industrie et de la science.

Le président Hassan Rohani

« Un populiste est arrivé (au pouvoir) et il a provoqué un désastre dans son pays pendant ces quatre années […]. J’espère que le monde entier et les prochains dirigeants à la Maison-Blanche en retiendront la leçon », a-t-il ajouté, en faisant allusion au président américain sortant, Donald Trump.  

Le président iranien a tenu ces propos au lendemain d’une journée de chaos et de violences à Washington, notamment l’invasion du bâtiment du Congrès par des partisans de M. Trump qui refusent de reconnaître la victoire de son opposant démocrate, Joe Biden, à l’élection présidentielle du 3 novembre.

Accusé par ses adversaires ultraconservateurs de chercher des « compromis » avec l’Occident, M. Rohani, un modéré sur l’échiquier politique iranien, a envoyé un nouveau signe d’ouverture vis-à-vis de la future administration américaine.

Ouverture envers Joe Biden

Les responsables américains qui « prendront le pouvoir dans deux semaines compenseront (les dégâts causés par le gouvernement Trump) et feront retrouver à leur pays une position digne de la nation américaine, car la nation américaine est une grande nation », a-t-il espéré.

« Qu’ils reviennent à la raison, à la légalité et à leurs obligations, c’est pour leur propre bénéfice et pour le bien du monde », a ajouté M. Rohani.  

Bien que la République islamique qualifie les États-Unis de « Grand Satan », ce n’est pas la première fois qu’un président iranien parle de la « nation américaine » comme d’une « grande nation ».

La République islamique et les États-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 et ont frôlé par deux fois la guerre depuis juin 2019 sur fond de tensions dans le Golfe et autour de l’accord international sur le nucléaire iranien (conclu à Vienne en 2015), qui menace de voler en éclats depuis que M. Trump l’a dénoncé en 2018, avant de réimposer et d’étendre de lourdes sanctions économiques contre Téhéran.

« Un président voyou qui a cherché à se venger contre son PROPRE peuple a fait bien pire contre notre peuple — et d’autres — ces quatre dernières années », a écrit sur Twitter le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif.

« Ce qui est inquiétant, c’est que le même homme a le pouvoir NON CONTRÔLÉ de commencer un guerre nucléaire ; motif d’inquiétude pour la sécurité de la communauté internationale tout entière », ajoute M. Zarif.

M. Biden a dit vouloir réintégrer son pays à l’accord de Vienne après sa prise de fonctions prévue pour le 20 janvier.